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L’agence de négociation syrienne entre débuts difficiles et succès lents
L’agence de négociation syrienne, fondée à Riyad en novembre 2017, continue de connaître de nombreuses transformations dans sa structure organisationnelle, la composition de ses regroupements, ses priorités et ses lois électorales.
Cette agence représente une version améliorée de l’agence haute des négociations, également créée à Riyad, en décembre 2015, pour mener les négociations politiques de Genève avec le gouvernement syrien. À l’époque, le poste de coordinateur général était occupé par l’ancien Premier ministre syrien, Ryad Hijab.
Transitions politiques
Deux jours avant la création de l’agence de négociation, l’agence haute des négociations a connu le 20 novembre 2017 une série de démissions, dont celle de son coordinateur général Ryad Hijab et du porte-parole officiel Ryad Nassan Agha. Cela a entraîné un changement notable dans ses traits généraux, en termes de nom, de regroupements et de personnalités, tout en restant fixe sur ses principes, ce que certains membres de l’agence ont interprété comme « le début d’un renversement bienveillant, destiné à alléger les fardeaux et restrictions politiques ».
Des membres démissionnaires avaient précédemment justifié leur départ en raison de désaccords sur les tentatives d’affaiblir l’agence et de diluer ses constantes. Le communiqué émis par le coordinateur général de l’agence haute à l’époque considérait que « la plateforme de Moscou, intégrée à l’agence, est un groupe fabriqué par la Russie, l’État occupé et allié du régime d’Assad, pour infiltrer l’opposition et fragmenter ses rangs ».
Les luttes d’influence
Description de la plateforme de Moscou, qui regroupe des personnalités et des entités politiques favorables à la vision russe de la solution syrienne, résultant de deux séries de pourparlers organisés à Moscou en 2015. Ces pourparlers ont rassemblé des représentants du gouvernement syrien et des personnalités choisies par Moscou parmi ce que l’on appelle « l’opposition intérieure », alors que l’opposition nationale avait refusé de participer à toute discussion en dehors du cadre des Nations Unies.
Le président précédent de l’agence de négociation syrienne, Nasr al-Hariri, a affirmé que « l’agence veillait à la présence de tous les acteurs, a résisté à toutes les pressions et n’a jamais changé sa politique vis-à-vis des principes fondamentaux de la révolution ». Il a également rejeté les accusations formulées à son encontre, affirmant que « dire que l’entité politique de l’agence de négociation à sa création n’a aucun lien avec l’agence supérieure des négociations est tout simplement inexact ».
Évolution des membres et de la structure
À ses débuts, l’agence de négociation syrienne était composée de 36 membres : 8 du coalition nationale des forces de la révolution et de l’opposition, 4 de la plateforme de Moscou, 4 de la plateforme du Caire, 8 indépendants, 7 des factions militaires et 5 de l’agence de coordination nationale. Après le mandat de Hariri, Anas al-Abda, ancien président de la coalition, a été élu suivi de Badr Jamous, ancien secrétaire général de la coalition, qui est toujours à la tête de l’agence.
La plateforme du Caire est une coalition politique issue d’une réunion entre l’opposition syrienne sous les auspices du Conseil égyptien pour les affaires étrangères en 2014. Bien qu’il n’existe pas de structure clairement définie pour cette plateforme, elle intègre plusieurs courants tels que le courant « Wheat » dirigé par Haitham Manaa et le courant « Future Syria » dirigé par Ahmad Jarba.
Les défis des négociations
Depuis le début des négociations de Genève, des désaccords persistent entre l’opposition et le régime concernant la carte menant à la solution politique et l’application des résolutions internationales. Le régime a insisté pour commencer par le volet relatif à la lutte contre le terrorisme, suivi des autres questions, alors que l’agence de négociation insistait pour établir d’abord un organe de gouvernement de transition avec des pouvoirs exécutifs complets.
Cette situation reflète des tensions continues au sein des discussions, notamment autour des fourchettes de négociations élaborées par Stéphane de Mistura en 2017, qui incluent des problématiques de gouvernance, d’élections et de lutte contre le terrorisme.
La dynamique de la scène internationale
Malgré le succès de la Russie à exercer un « influence » sur l’agence de négociation, elle n’a pas réussi à faire disparaître la mention de « l’absence d’Assad » de la référence politique de l’agence. Cela a conduit à l’organisation d’une conférence à Sotchi, que l’agence a rejeté, considérant qu’elle constituait une tentative de contourner le processus politique et de réhabiliter Assad.
De plus, des pressions extérieures ont été exercées sur l’agence pour supprimer cette mention, sans succès. Les résultats montrent que le régime syrien a constamment utilisé ces manœuvres pour diluer les discussions et renforcer son emprise sur le terrain.
La recherche de soutien externe
Le président actuel de l’agence, Badr Jamous, a récemment annoncé que l’une de ses priorités était de rechercher un soutien financier international pour le renforcement du secteur éducatif, de la santé et de la lutte contre la pauvreté. Ce changement de priorités suscite des inquiétudes sur le manque de clarté de la mission de l’agence et la nécessité d’une restructuration pour représenter tous les Syriens.
Les critiques se concentrent sur le manque d’une stratégie cohérente au sein de l’agence de négociation, et certains experts soulignent qu’elle ne répond pas efficacement aux enjeux politiques actuels.