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Comment les écoles libanaises relèvent-elles les défis scolaires
À Beyrouth, dans une petite bibliothèque, Nadia, une citoyenne libanaise, parcourt les rayons de livres scolaires d’occasion. Elle recherche des documents adaptés au niveau scolaire de ses trois enfants. En hésitant devant un vieux livre de mathématiques, elle se demande : « Puis-je l’acheter ? ». Son visage reflète une profonde inquiétude alors qu’elle questionne doucement le propriétaire de la librairie : « Avez-vous des livres moins chers ? Les frais scolaires ont doublé cette année, et je ne peux pas me permettre d’acheter des livres neufs. »
La recherche d’alternatives parmi les livres d’occasion
Dans cette petite librairie, chaque étagère raconte l’histoire d’une famille luttant pour assurer un avenir éducatif à ses enfants. Le propriétaire, qui exerce ce métier depuis 50 ans, confie à Al Jazeera que « je n’ai jamais vu autant de parents venir acheter ou même emprunter des livres d’occasion », notant que le coût des livres neufs pour un élève dépasse désormais les 100 dollars.
Nadia n’est pas la seule dans cette situation, car les librairies du Liban sont envahies par des parents à la recherche de solutions économiques. L’escalade des frais scolaires, notamment dans les établissements privés, a aggravé la souffrance des familles libanaises, déjà éprouvées par des crises économiques successives.
Un cadre de frais scolaires chaotique
La présidente de l’Union des comités des parents, Lama Tawil, a révélé à Al Jazeera que certaines écoles privées au Liban ont commencé à imposer des contributions supplémentaires en dollars. Ces frais portent des noms tels que « fonds » ou « contributions hors budget scolaire ». Cela se produit malgré le rejet par le gouvernement d’un projet de loi concernant ces contributions, suite aux objections des syndicats scolaires.
Tawil précise que cette année, les frais scolaires ont augmenté de 50 à 120 %. Le minimum dans les établissements intermédiaires atteint près de 2000 dollars, sans compter les écoles les plus chères. Elle affirme que ces hausses sont illégales, car les frais devraient être fixés en fonction d’un budget collaboratif et transparent, et non par le biais de décisions unilatérales des administrations scolaires.
Les défis du financement scolaire
Un grand nombre de parents sont contraints de choisir des écoles publiques, qui affrontent également de nombreux défis. Le ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, a fixé les frais d’inscription des élèves dans les écoles publiques à 4,5 millions de livres libanaises (environ 50 dollars), un montant difficile à obtenir pour de nombreuses familles. De plus, des ouvrages publiés par le « Centre pédagogique » manquent sur le marché.
Hussein Jawad, président de l’Association des enseignants d’écoles de base, soutient cette décision. Il mentionne que le principal obstacle pour les écoles publiques est le manque de financement, le gouvernement libanais ayant abandonné son soutien aux écoles publiques. Selon la loi sur l’éducation gratuite, l’État était censé financer un montant que les écoles ne reçoivent plus, aggravant la situation.
Une réalité préoccupante pour l’éducation
Face à la pénurie de financement, le ministre Halabi a décidé de faire appel à la contribution des parents. Jawad note que cette contribution était de 90 000 livres (environ 1 dollar) en 2014, alors qu’aujourd’hui, le montant requis est de 4,5 millions de livres. Les écoles publiques sont prises dans un cycle vicieux, où 70 % d’entre elles souffrent d’un manque crucial de financement, rendant indispensable cette contribution afin d’assurer même les besoins fondamentaux.
D’autre part, le président des enseignants des écoles privées, Nemeh Mahfoud, a exprimé que le ministre de l’Éducation a le droit d’imposer une contribution en raison du manque de financement gouvernemental. Bien que certains s’opposent à ces frais, des interrogations demeurent sur la possibilité de gérer des écoles publiques sans soutien financier, alors que la disponibilité des livres arrivés au point de pôles d’enseignement est menacée, ainsi que la capacité à payer les salaires des enseignants.