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Passation des pouvoirs au ministère de la Justice : Éric Dupond-Moretti quitte son poste
Publié le 23 septembre 2024, mis à jour le 24 septembre 2024
Lors de la cérémonie de passation des pouvoirs qui s’est tenue place Vendôme, le petit monde de la justice a observé avec attention ce que le ministre sortant, Éric Dupond-Moretti, laissait derrière lui et ce que son successeur, Didier Migaud, devra entreprendre. Éric Dupond-Moretti a évoqué un sentiment de « trahison », faisant allusion aux inquiétudes concernant les promesses budgétaires et humaines qui avaient été faites ces dernières années.
Un changement de style marqué
Le contraste entre la personnalité d’Éric Dupond-Moretti et celle de Didier Migaud ne peut être ignoré. Alors que l’ancien garde des Sceaux se caractérise par une approche audacieuse et parfois controversée, le nouveau ministre semble privilégier une démarche plus mesurée. Les enjeux, pourtant, vont bien au-delà de ce simple changement de style. Dans la cour du ministère, les observateurs cherchaient à comprendre le véritable bilan de Dupond-Moretti ainsi que les défis qui attendent Migaud.
La longévité d’un ministre controversé
En analysant le bilan d’Éric Dupond-Moretti après quatre ans à la Chancellerie, sa longévité politique surprend. Confronté à une magistrature difficile et souvent critique, il a réussi à naviguer entre les remaniements gouvernementaux sans jamais quitter son poste. Remis en question durant son mandat, il a finalement été relaxé par la Cour de Justice de la République fin novembre 2023, un événement qui a permis de confirmer sa position au sein du gouvernement actuel.
Des budgets historiques pour la Justice
Un des éléments marquants de son passage au ministère est sans aucun doute l’augmentation des budgets alloués à la Justice. Éric Dupond-Moretti a largement fait savoir, dans un document envoyé aux magistrats et personnels judiciaires, que le budget de la Justice avait connu une hausse de 33 % entre 2020 et 2024, atteignant 10,1 milliards d’euros en 2024. Cette croissance a permis le recrutement de 3 000 contractuels depuis 2021 et d’autres renforts dans l’institution judiciaire.
L’héritage législatif de Dupond-Moretti
Au-delà des chiffres, Éric Dupond-Moretti a également voulu marquer son empreinte par le biais des textes législatifs. Il a soutenu et fait adopter 37 lois variées, englobant des sujets tels que la filiation, les violences conjugales, ou encore l’interruption volontaire de grossesse, témoignant ainsi de son engagement à faire avancer la Justice.
Les défis à venir pour Didier Migaud
Pour Didier Migaud, la tâche s’annonce complexe. En tant que nouveau ministre de la Justice, il a reconnu qu’il pourrait rester moins longtemps en fonction que son prédécesseur, mais il a aussi affirmé son engagement à travailler sur des améliorations budgétaires et organisationnelles. Son rôle sera crucial pour garantir que la Justice conserve ses moyens nécessaires à l’exercice de ses fonctions, en particulier face aux enjeux de surpopulation carcérale et aux préoccupations sécuritaires.
Un positionnement délicat en matière politique
En tant que « caution de gauche » du gouvernement, Didier Migaud devra également naviguer dans un paysage politique parfois hostile, en maintenant la Justice comme une priorité au milieu de discours axés sur la sécurité. Sa capacité à défendre les valeurs de la Justice tout en répondant aux attentes de son équipe gouvernementale sera essentielle.
Didier Migaud devra également composer avec des conseillers expérimentés, s’attachant à renforcer la confiance envers le système judiciaire et à lutter contre la défiance envers les institutions publiques, un défi partagé avec son prédécesseur.
Les semaines et mois à venir détermineront si Didier Migaud pourra vraiment réaliser des avancées significatives au sein du ministère de la Justice, héritant d’un contexte à la fois riche en promesses et chargé de défis.