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Analyse du gouvernement Barnier : ordre, austérité et identité
Publié le 24 septembre 2024 à 12h00
Temps de lecture : 3 min.
Dans une chronique intitulée « La bataille culturelle », Béligh Nabli souligne que la devise tacite du nouvel exécutif semble témoigner d’un rejet politique inavoué de la promesse républicaine.
Une cohésion politique discutable
Sans une assise démocratique solide, le gouvernement Barnier affiche une identité politique distincte, oscillant entre les droites libérales, conservatrices et autoritaires. Alors que le président Macron appelait à la formation d’une « large coalition » pour justifier l’exclusion d’un gouvernement de gauche, il se retrouve aujourd’hui à soutenir une alliance fragile entre macronistes et Les Républicains (LR). Cette coalition est formée des principaux perdants des dernières législatives, dont le manque de légitimité pourrait compromettre le « front républicain » et accentuer la méfiance des citoyens envers leurs dirigeants.
Un risque pour la démocratie
Ce double risque n’a pas pesé dans la balance face à l’attrait du pouvoir et aux ambitions personnelles. Sans mandat clair pour la mise en œuvre d’une feuille de route programmatique, cette coalition dépendra largement du bon vouloir du Rassemblement national. Une formule qui illustre la dérive néoréactionnaire de notre République avec une devise : « ordre, austérité, identité ».
Un ordre sécuritaire omniprésent
Lors de sa prise de fonction, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a insisté sur ses « trois priorités » : « rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre ». Cette obsession met en lumière une mission principale du ministère, souvent au détriment de la protection des libertés publiques.
En outre, le gouvernement Barnier adopte un principe inspiré par des discours d’extrême droite, basé sur une philosophie hobbesienne fondée sur la peur : « la sécurité est la première des libertés ». Ce discours contribue à créer une tension au sein de notre État de droit, illustrée par les attaques régulières contre les organisations militantes pour les droits de l’Homme.
Les dérives de la rhétorique sécuritaire
Ce nouvel exécutif voit également le jour dans un contexte où les forces de l’ordre sont glorifiées, tandis que les figures qualifiées de « islamo-gauchistes », « wokistes » ou « écoterroristes » sont vilipendées. L’utilisation répétée de telles formules vise à discréditer des citoyens progressistes, les présentant comme des ennemis de la République.
Un ordre identitaire : l’immigration en ligne de mire
Cette dynamique alimente une union idéologique des droites, notamment autour des discours de l’extrême droite. Malgré l’adoption récente d’une nouvelle loi sur l’immigration, Michel Barnier s’est exprimé sur la nécessité de « traiter la question de l’immigration avec beaucoup plus de rigueur », annonçant des mesures plus dures tout en promettant une certaine humanité.
Des slogans inquiétants sur l’immigration
Il a ainsi renié tout « tabou ou totem », y compris l’éventuelle suppression de l’aide médicale d’État, adoptant un discours teinté de xénophobie qui déshumanise les immigrés en les érigeant en menace pour l’identité française.
Un ordre austéritaire pour l’avenir économique
Face à un bilan économique médiocre des années Le Maire-Macron, la question demeure : Michel Barnier osera-t-il imposer les plus riches et supprimer les privilèges fiscaux ? Au vu des déclarations indécises sur une « meilleure justice fiscale », l’avenir semble incertain.
À travers le projet de budget 2025, Barnier vise des économies significatives, s’orientant vers une logique d’austérité qui risque d’affaiblir encore davantage les services publics et les plus vulnérables, tout en compromettant les véritables transitions écologiques nécessaires.
Avec sa devise « ordre, austérité, identité », le gouvernement Barnier cristallise une rhétorique traduisant un rejet implicite de la promesse républicaine.