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Les principes de défense d’Israël face aux menaces multijoueurs
Depuis plus de six ans, précisément en février 2018, un centre de recherche israélien a publié un document intitulé « Comment l’armée israélienne se prépare-t-elle à une guerre sur plusieurs fronts ? ». Ce document indiquait que les estimations des agences de renseignement israéliennes ne prévoyaient pas de risque d’attaque dans un avenir proche.
Comme nous le savons aujourd’hui, le 7 octobre 2023 est devenu synonyme d’un échec du renseignement, dont les conséquences ont été révélées ce jour-là.
Évaluation des menaces et recommandations stratégiques
Ce qui est frappant dans cette étude est la mention selon laquelle un événement explosif et imprévu sur un front pourrait entraîner une série d’événements difficiles sur plusieurs fronts de combat. Elle recommande de continuer à améliorer l’efficacité des combats sur des théâtres multiples et simultanés, ce qui est crucial pour la survie d’Israël.
Plus de deux ans auparavant, en août 2015, l’ancien chef d’état-major israélien, Gadi Eizenkot, avait publié un document intitulé « Stratégie de l’armée israélienne », qui était une version non secrète d’un projet plus vaste visant à établir un plan quinquennal, décrivant l’environnement stratégique et opérationnel d’Israël, ainsi que les principes fondamentaux guidant ses actions militaires.
Une vision consolidée des menaces
Ce document a souligné la préparation de l’armée israélienne à une série de guerres simultanées sur plusieurs fronts. Eizenkot a réitéré cette vision en janvier 2018, lors d’un discours au centre multidisciplinaire de Herzliya, en identifiant ce qu’il a appelé les cinq fronts qui représentent une menace pour la sécurité d’Israël, notant qu’Iran est une puissance omniprésente liée à ces fronts.
Le même message a été formulé par le Premier ministre actuel, Benjamin Netanyahu, en septembre dernier, lors d’un discours devant l’ONU, où il a déclaré que ses forces luttaient sur sept fronts différents, y compris Gaza, la Cisjordanie, ainsi que l’Iran et ses alliés au Liban, au Yémen, en Irak et en Syrie.
La doctrine de la peur
« Le monde a de nombreuses images d’Israël, mais Israël n’a qu’une seule image de lui-même : l’image d’un peuple en voie d’extinction. » – Philosophe juif Shimon Ravidovitch
Ce sentiment est au cœur de la compréhension du paradoxe entre l’appel à renforcer l’efficacité de la lutte sur plusieurs fronts et la confiance ou « laisser-aller » du renseignement qui a précédé le déluge d’Al-Aqsa. L’appel d’Eizenkot à préparer l’armée israélienne pour une confrontation potentielle sur des théâtres simultanés découle de la perception d’Israël d’un danger s’étendant de son cercle immédiat (les voisins directs) à un cercle plus éloigné, représenté par l’Iran et ses alliés.
Un changement de dynamique
Cette perception de menace a non seulement façonné la stratégie actuelle de l’occupation, mais a également été à l’origine de l’élaboration de sa doctrine militaire depuis la création de l’État, Israël ayant toujours considéré ses combats comme un conflit existentiel permanent. Cela a conduit Ben Gourion à formuler un principe défensif en 1953 reposant sur trois piliers fondamentaux : la dissuasion, l’alerte précoce et la puissance offensive.
Les piliers de la défense israélienne
- Dissuasion : Elle vise à décourager toute action militaire contre Israël, nécessitant un avantage qualitatif et une image de puissance invincible qui pousse les ennemis à abandonner l’idée d’une action militaire.
- Alerte précoce : Cela signifie la nécessité d’un dépassement en matière de renseignement pour offrir une image proactive de la situation des ennemis et de leur capacité à mener des frappes précises.
- Puissance offensive : Selon Ben Gourion, cela signifie porter le combat sur le territoire ennemi, en initiant ou en menant des frappes préventives. Ainsi, la stratégie défensive est mise en œuvre par l’attaque pour accroître l’effet de dissuasion.
Un rôle américain dans la dissuasion
Daniel Sobelman, professeur adjoint en relations internationales à l’Université hébraïque de Jérusalem, souligne que les États-Unis ont joué le rôle de dissuasion à la place d’Israël dans ce conflit, s’engageant dans des efforts militaires et diplomatiques pour empêcher le Hezbollah ou l’Iran d’exploiter la faiblesse israélienne, alors qu’Israël peinait à reprendre le contrôle des villes et villages occupés par le mouvement de résistance islamique, Hamas.
Les défis militaires actuels
Les militaires israéliens estiment que la dissuasion demeure un élément crucial pour l’existence de l’État. Un élément déterminant du renseignement peut empêcher les adversaires d’initier des attaques provocatrices. Cependant, le dilemme actuel pour Tel Aviv réside dans sa nécessité de diriger ses forces vers plusieurs théâtres.
Le document d’Eizenkot redéfinit le concept de dissuasion en fonction de ce qu’il appelle « la diversité des menaces », qui se compose de fronts multiples. La vision de ce document suggère que l’armée israélienne devra mener une série prolongée de conflits armés avec des acteurs non étatiques.
La nécessité d’une préparation militaire
Outre les pertes militaires en Gaza, la performance globale des forces israéliennes depuis octobre 2023 soulève des doutes quant à leur capacité à traiter de manière autonome face aux menaces imposées par la « chaîne de feu » iranienne. Le porte-parole de l’armée a récemment annoncé que « purger Gaza de Hamas pourrait prendre encore deux ans », ce qui incite à penser qu’Israël a laissé un travail inachevé à Gaza avant de se concentrer sur le nord.