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L’impact du gel des exports pétroliers sur l’économie du Yémen
Le Yémen fait face, depuis deux ans, à une crise financière sans précédent due à l’arrêt des exportations de pétrole, conséquence du conflit persistant entre le gouvernement reconnu internationalement et les Houthis.
Cette interruption des exportations a commencé en octobre 2022, après des attaques des Houthis sur les ports de Nashimah et Qena dans la province de Shabwa, ainsi que sur le port de Dhabah dans la province de Hadramout, à l’est du pays.
Les Houthis ont déclaré, à plusieurs reprises, avoir mené des « frappes d’avertissement » dans ces ports pour empêcher ce qu’ils appellent le « pillage » du pétrole brut.
Cette action vise à faire pression sur le gouvernement pour qu’il paie les salaires des employés dans les zones sous leur contrôle, salaires qui n’ont pas été versés depuis 2016, suite au transfert de la banque centrale de la capitale Sanaa à la ville d’Aden.
6 milliards de dollars de pertes
Bien que le Yémen soit un petit producteur de pétrole, ses recettes représentent environ 70% du budget, ce qui rend l’arrêt des exportations pétrolières très préjudiciable pour l’économie nationale.
Les conséquences catastrophiques sur l’économie
Selon l’analyste économique Wahid Al-Fodai, l’arrêt des exportations a exercé une pression énorme sur la monnaie locale, le rial, car le secteur pétrolier représentait avant l’arrêt plus de 70% des revenus du gouvernement.
Cette proportion est cruciale car elle constitue une source de devises étrangères qui soutient les réserves internationales et influence favorablement la balance des paiements, directement liée au taux de change du rial.
Le manque de revenus pétroliers a créé un grand fossé dans le financement du gouvernement, entraînant une pénurie de liquidités et une dépendance accrue à l’impression monétaire pour couvrir les dépenses.
Ces facteurs ont eu un impact négatif sur la valeur du rial, qui a connu une forte dévaluation, avec une inflation en augmentation significative.
Des manifestations ont récemment eu lieu dans plusieurs villes, appelant à des mesures urgentes pour stopper la chute du rial, qui a entraîné une forte augmentation des prix.
Solutions et recommandations
Le Dr Mohammed Qahtan, professeur d’économie à l’Université de Taiz, a souligné que les revenus des exportations de pétrole et de gaz couvraient auparavant environ 70% des dépenses publiques et environ 90% des exportations.
Il a noté que l’arrêt de ces exportations a gravement affecté le revenu de l’État, qui a du mal à respecter ses obligations de paiement des salaires des employés. Sans les aides saoudiennes et l’assistance internationale, le gouvernement aurait du mal à couvrir les salaires mensuels.
Qahtan a également suggéré que la reprise des exportations aurait un impact significatif sur la reprise économique, permettant au gouvernement de faire face à la dévaluation de la monnaie.
Il a recommandé que si le gouvernement ne peut pas exporter de pétrole, il doit adopter des politiques d’austérité et réduire les salaires des fonctionnaires et les dépenses diplomatiques.
Pour améliorer la situation, il a proposé de relancer les raffineries de pétrole à Aden, Marib et Hadramout, d’arrêter les importations de produits pétroliers, de lutter contre la spéculation sur la monnaie et de lever les obstacles à l’investissement dans le pays.
Un appel à l’action urgente
Face à cette crise financière sans précédent, il est crucial de rétablir les exportations de pétrole pour restaurer les entrées de devises étrangères. Le journaliste économique Wafiq Saleh a averti que l’absence de ces exportations entraîne une pénurie de dollars, ce qui coûte au pays environ 6 milliards de dollars.
Il a souligné que la situation nécessite de toute urgence des efforts pour relancer les exportations afin de stabiliser le rial et rétablir l’équilibre économique.
La relance des institutions économiques essentielles, comme la raffinerie d’Aden, pourrait générer des revenus significatifs et permettre de payer les salaires des employés.