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Eugène Rwamucyo, âgé de 65 ans, a été condamné par la cour d’assises de Paris, mercredi 30 octobre, à vingt-sept ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l’humanité. Ce jugement a été rendu dans le cadre de la compétence universelle, un principe qui permet à la France de juger des crimes graves indépendamment du lieu de leur commission. Cependant, le médecin rwandais a été acquitté des accusations directes de génocide et de crimes contre l’humanité.
Réactions des parties impliquées
Me Philippe Meilhac, l’avocat de Rwamucyo, a annoncé que la défense ferait appel dès le lendemain, exprimant l’espoir que les conditions du nouvel appel seraient meilleures que celles du procès initial, qu’il juge indignes d’un procès historique. Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), s’est déclaré satisfait du verdict, soulignant qu’une vérité judiciaire a été prononcée.
Rôle pendant le génocide
Le procès a mis en lumière le rôle d’Eugène Rwamucyo en tant que médecin hygiéniste, responsable de l’ensevelissement des corps dans les fosses communes de Butare, au Rwanda. Rwamucyo a reconnu avoir organisé ces opérations pour prévenir une crise sanitaire. Son avocat a soutenu que, face à l’ampleur de la catastrophe, il avait agi dans l’intérêt public. Toutefois, l’accusé a nié avoir ordonné l’achèvement de survivants, ce que plusieurs témoins ont contredit.
Accusations et défense
Face aux cavités où les cadavres étaient enterrés, Rwamucyo était armé d’un fusil, mais il a affirmé ne jamais s’en être servi. L’avocate générale, Julie Pétré, a suggéré que sa simple présence sur les lieux des massacres pouvait être interprétée comme une autorisation morale pour les tueurs. La cour a reconnu que, bien qu’il n’ait pas directement ordonné des exécutions, sa participation à l’enfouissement des corps relevait d’un acte génocidaire.
Liens avec des personnalités controversées
Le procès a également révélé les relations d’Eugène Rwamucyo avec des figures clés de la politique génocidaire. Jean Kambanda, ancien premier ministre du gouvernement intérimaire, a témoigné en faveur de Rwamucyo, le qualifiant d’homme courageux. Rwamucyo a également mentionné Ferdinand Nahimana, fondateur de la Radio-télévision libre des Mille Collines, condamné pour incitation à la haine.
Des conséquences juridiques
Rwamucyo, qui a exercé sa profession de médecin en Belgique puis dans un hôpital à Maubeuge, est le huitième Rwandais jugé en France pour son rôle dans le génocide des Tutsi, qui a causé entre 800 000 et un million de morts en 1994. Son procès précède celui de Philippe Hategekimana, prévu pour le 4 novembre, condamné récemment à la réclusion à perpétuité pour encourager le meurtre de Tutsi.