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Les lettres d’Adelheid Duvanel : vie et oeuvre entrelacées

by Sara
France

Les lettres d’Adelheid Duvanel, récemment publiées par le Limmat-Verlag, offrent un aperçu inédit de la manière dont les expériences personnelles de l’autrice influencent ses récits littéraires sombres et poignants. À travers sa correspondance, Duvanel explore la profondeur de ses luttes, mêlant vie personnelle et création artistique.

Une vie entre ombre et lumière

Dans une lettre adressée à sa camarade Maya Beutler, Duvanel écrit : « Un artiste ne doit pas perdre le lien avec le monde souterrain ; on ne doit pas l’en chasser. Il doit rester dans l’effroi ; là, il y a aussi du plaisir et de la joie. » Ces mots illustrent bien la dualité de son existence, où le cauchemar et l’humour absurde coexistent.

Le contexte de création

La ville de Bâle, avec son ambiance urbaine, ses scènes de drogue et ses institutions psychiatriques, constitue le terreau fertile de ses personnages. Duvanel confie dans un entretien : « Toutes mes histoires sont totalement vraies. […] Elles sont toutes liées à ma vie. » Cette intimité entre son vécu et ses récits est palpable dans ses écrits.

Les crises de la vie

La correspondance commence en 1978, une période marquée par des crises personnelles. Née en 1936, Duvanel a déjà traversé des épreuves difficiles, notamment une adolescence marquée par des séjours en psychiatrie et un mariage tumultueux avec le peintre Joe Duvanel, qui était entaché de problèmes financiers et de trahisons. Leur fille, née en 1964, a également été au cœur de tensions familiales dès son jeune âge.

La reconnaissance littéraire et les luttes familiales

En 1979, Duvanel commence à recevoir une reconnaissance littéraire avec sa publication chez le Luchterhand-Verlag, et ce, alors que sa fille, alors âgée de 14 ans, est écartée de la maison à cause de sa dépendance. Ce moment de succès littéraire est assombri par un effondrement familial, Duvanel se retrouvant dans une spirale descendante qui l’amène à passer trois années en psychiatrie. Leur relation devient de plus en plus complexe jusqu’à la tragédie du suicide de Joe Duvanel en 1986.

Une correspondance révélatrice

Les lettres échangées avec Beutler et son éditeur Klaus Siblewski sont des témoignages poignants des événements tragiques qui jalonnent sa vie. La relation avec sa fille, devenue plus qu’une simple descendante, exerce une pression immense, marquée par des épreuves médicales et des luttes contre la dépendance. Les deux Adelheid partagent une vie tumultueuse, chaque lettre témoignant d’une quête désespérée de survie.

La lutte contre la solitude

Duvanel exprime dans ses lettres un sentiment de solitude accablant et une lutte incessante pour trouver un sens à sa vie. Elle confie : « Mon Dieu, je dois payer pour l’attention ! » révélant ainsi le désespoir face à ses traitements psychiatriques. Malgré cela, l’humour et l’ironie transparaissent dans son écriture, offrant une lumière inattendue dans l’obscurité de son existence.

Un héritage littéraire

Malgré les difficultés, Duvanel continue d’écrire, considérant l’écriture comme un acte vital. « Je cherchais des moyens d’expression, j’écrivais et dessinais. On ne peut pas vivre dans une si grande solitude ! » Sa correspondance révèle une femme consciente de ses talents, affirmant avec détermination son identité d’écrivaine, même au cœur de la tourmente.

La transformation de son œuvre

Les lettres d’Adelheid Duvanel sont le reflet d’une transformation spectaculaire de son écriture. Passant d’une narration brute à des récits empreints d’absurde et de comique, son expérience du désespoir devient une voix poétique audacieuse dans la littérature suisse. Ces correspondances révèlent comment l’art peut émerger des cendres de la souffrance.

Les lettres d’Adelheid Duvanel, éditées par Angelica Baum sous le titre Nah bei Dir. Lettres 1978–1996, sont disponibles au prix de 49,90 euros.

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