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Inauguration du plus grand mosque d’Albanie à Tirana
La capitale albanaise, Tirana, célèbre l’inauguration de sa grande mosquée, le نمازجاه (Mosquée de la prière), marquant un tournant après plus de deux décennies de restrictions religieuses imposées par un régime communiste qui avait adopté une politique d’« athéisme d’État ». Cette politique avait contraint une population majoritairement musulmane, représentant plus de la moitié des 2,4 millions d’habitants, à vivre sans lieux de culte adéquats.
Un passé marqué par l’oppression religieuse
L’Albanie, sous l’influence italienne dans les années 1920, puis comme état communiste de 1944 à 1991, a vu la pratique religieuse prohibée par la constitution. Les communistes albanais percevaient la religion comme une menace à la cohésion nationale. Dans ce contexte, l’islam, considéré comme « étranger », a été vilipendé, et les religieux, notamment les imams, étaient souvent traités de manière péjorative.
Le régime communiste a également confisqué les bâtiments religieux, transformant des centaines de mosquées en salles de sport, cinémas, et autres espaces non religieux, tentant ainsi d’effacer les liens entre ces lieux et la communauté.
Une renaissance religieuse
Après la chute du communisme en 1991, les musulmans albanais ont continué à faire face à des discriminations. Alors que des cathédrales chrétiennes ont été construites, il a fallu attendre 2016 pour qu’un véritable mosque central soit érigé, obligeant les fidèles à prier dans les rues. En 1992, l’ancien président Sali Berisha a posé la première pierre d’un projet de mosquée près de la place نمازجاه, mais sa construction a été retardée par des objections politiques.
Le mosque نمازجاه : un symbole d’unité
Le maire de Tirana de l’époque, Edi Rama, a relancé le projet en 2010, alors que la ville ne comptait que huit mosquées, contre 28 en 1967. Le 10 octobre 2024, la mosquée a été officiellement inaugurée lors d’une cérémonie en présence du président turc Recep Tayyip Erdoğan et du Premier ministre albanais Edi Rama. La mosquée نمازجاه est désormais conçue pour remplacer le mosque Adham Bey comme principal lieu de culte de la capitale.
Avec une architecture inspirée de l’ottoman classique, la mosquée possède quatre minarets de 50 mètres de haut et une coupole centrale de 30 mètres. Elle peut accueillir jusqu’à 10 000 personnes, incluant 8 000 à l’intérieur et 2 000 à l’extérieur.
Un lieu de rassemblement pour la communauté
L’imam Gazmend Tika souligne la nécessité de cette mosquée pour les milliers de musulmans qui priaient dans les rues. Selon lui, cet édifice est un symbole d’harmonie entre les différentes confessions religieuses d’Albanie, ajoutant que toutes les autres communautés religieuses avaient leurs lieux de culte appropriés.
À proximité, une cathédrale catholique et une cathédrale orthodoxe témoignent également de la coexistence pacifique des religions en Albanie, où les musulmans représentent un peu plus de 50 % de la population.
Un modèle de coexistence religieuse
Les visiteurs de différentes confessions viennent également admirer la mosquée. Abdullah Kili, un musulman albanais, parle de la mosquée comme d’un ajout harmonieux à la trinité religieuse de la région, en soulignant les traditions de coexistence pacifique.
Le mosque نمازجاه est géré par une fondation qui inclut une représentation de la présidence des affaires religieuses turques. Il offre non seulement de grands espaces pour le culte, mais également des salles de conférences, des expositions et une bibliothèque, ouverte à tous, et pas seulement aux musulmans.
Un attrait touristique croissant
Le mosque, avec son architecture ottomane imbriquée d’éléments albanais, attire déjà de nombreux touristes occidentaux. Mark J. Melema, un touriste néerlandais, témoigne de son étonnement face à la transformation d’un pays autrefois fermé en une nation ouverte, tandis qu’Is P. Lim, un visiteur malaisien, exprime son admiration pour l’esprit de tolérance religieuse qu’incarne la mosquée.
La mosquée نمازجاه, inaugurée le 10 octobre 2024, est ainsi attendue pour booster le tourisme et favoriser la liberté de pratique religieuse dans la capitale albanaise.