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La Dualité Narratif de Gaza: Analyse de John White
L’auteur de cette roman, John White, est un écrivain et commentateur politique écossais, engagé en faveur des causes de liberté, de justice et de paix. Il a écrit deux romans sur Gaza : « Gaza Weeps » (2022) et « Gaza: This Bleeding Land », publié récemment, ainsi qu’une œuvre sur la corruption des parlementaires en Irlande du Nord, intitulée « The Reckoning Time », sortie cette année. White écrit régulièrement sur diverses questions.
Son slogan préféré est une citation de l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano : « L’histoire ne dit jamais adieu, elle dit : je vous revois plus tard ! ». Suite à l’assassinat du leader palestinien Yahya Sinwar, il a rédigé deux articles sur ses impressions, l’un intitulé : « Sinwar n’était pas un terroriste, mais un combattant pour la liberté », et un autre : « Le sionisme est le nazisme de notre époque ».
Une Réflexion sur le Conflit à Gaza
La roman met en lumière que l’horreur actuelle à Gaza n’est que le dernier chapitre d’une longue histoire de souffrances. L’invasion israélienne actuelle est désignée sous le nom d’opération « Swords of Iron », rappelant l’opération précédente de 2008-2009, appelée « Cast Lead ». Alors que « Cast Lead » évoquait une certaine létalité, « Swords of Iron » semble être conçue pour donner une impression de vengeance brutale.
Le bombardement et les frappes israéliennes sont devenus une réalité pour les Palestiniens depuis plusieurs générations. Cette étroite bande de terre qu’est Gaza a subi des frappes continues ces dernières années. Bien que de magnifiques poèmes et articles aient été écrits sur cette horreur, peu de romans en Occident ont tenté d’apporter une compréhension au conflit interminable.
John White a le courage de relever ce défi dans son roman « Gaza: This Bleeding Land », où il utilise ses connaissances en tant que commentateur politique pour éclairer les complexités du dilemme israélo-palestinien.
Le Double Récit entre Omar et Gabriel
Les médias à travers le monde occidental, ainsi que dans de nombreuses régions du monde arabe tournées vers l’Occident, offrent une vue superficielle de ce conflit. En Occident, le récit tourne majoritairement autour d’Israël (le bon) et du Hamas et du Hezbollah (les méchants).
Si cela était aussi simple, l’idée que les Juifs et les chrétiens sont bons, tandis que les musulmans sont mauvais, serait le récit dominant dans les commentaires politiques en Occident depuis un certain temps. John White remet tout cela en question et creuse plus profondément dans le sens historique et politique.
Il utilise une narration double tout au long du texte. La première narration provient du jeune Omar, qui vit à Gaza avec ses parents et frères, et grandit pour devenir un activiste de la résistance palestinienne. White choisit ses mots avec soin, qualifiant la résistance de « palestinienne », un terme plus inclusif que « Hamas ». L’usage de ce dernier serait simplement réducteur, comme le montre la perception des événements en Occident.
La seconde narration provient de Gabriel, élevé dans une famille juive à Brooklyn, New York. Inspiré par des échos de « West Side Story », Gabriel s’implique dans des actes de violence de gangs armés et finit dans un centre de détention pour mineurs. Son identité juive lui est relativement indifférente jusqu’à ce qu’un enseignant du centre lui parle de l’histoire juive. Il découvre que son père, juif non pratiquant, nourrissait une profonde hostilité envers le sionisme.
Il s’avère également que le père d’Omar n’était pas religieux. Ces nuances montrent qu’il n’existe jamais un seul récit approprié concernant l’identité religieuse et ethnique. L’humanité est plus complexe, réagissant à son histoire de manière variée. Plus tard, nous apprenons que la mère d’Omar est née dans une famille chrétienne à Bethléem, mais a déménagé à Ramallah par la suite.
Les Répercussions du Conflit
Ces détails rappellent à tous que les chrétiens palestiniens sont aussi parmi les victimes de l’agression israélienne. Leurs églises, tout comme les mosquées, ont été réduites à des décombres sous le poids des frappes israéliennes. Ces détails contredisent également l’orientation des « évangélistes » chrétiens aux États-Unis, qui soutiennent inconditionnellement Israël sans manifester de solidarité pour leurs frères chrétiens palestiniens.
John White nous rappelle les contradictions des forces qui ont façonné ce conflit complexe. Du espoir d’une fin du monde, comme certains le voient, à la destruction d’une terre, qui ne brûle pas seulement dans les flammes mais est également noyée dans les amertumes de l’histoire et de l’antagonisme.
Un Conflit Empreint d’Histoire et de Politique
White rappelle au lecteur que les membres de l’administration Bush, tout comme de nombreux autres aux États-Unis, croient en une bataille de la fin du monde, ou « Armageddon », lorsque le feu engloutira le monde, et que Jésus élèvera les élus pour qu’ils prennent leur place aux côtés de Dieu dans un événement décrit comme une « rupture » dans le cours de l’histoire.
John White utilise ainsi ses vastes connaissances politiques et historiques non seulement pour éduquer le lecteur, mais aussi pour révéler les nombreuses contradictions et fallacies inhérentes à ce conflit persistant. À mesure que les récits d’Omar et Gabriel prennent de l’ampleur, White intervient pour offrir une compréhension bien plus large de la façon dont les forces historiques et politiques s’entrelacent dans le conflit israélo-gazaoui actuel.
La Violence et la Résistance
La narration révèle un certain degré d’agression et de violence, tant réel que métaphorique. Les deux familles souffrent de crises de colère, et les deux personnages principaux, Omar et Gabriel, émergent d’un contexte de violence. Cette violence provient en grande partie d’un système économique international qui crée des inégalités, désignant des gagnants et des perdants, et offrant des boucs émissaires en permanence.
Gabriel devient sioniste après avoir découvert son héritage et son identité juive, se rendant en Israël avec sa femme Rachel. Il s’intègre dans une communauté de colons et souhaite rejoindre les forces d’occupation israéliennes. Élevé dans un contexte de violence en Amérique, il apportera cette violence à sa « nouvelle terre ». Il rejoint la brigade d’élite « Golani ».
White nous informe également des récits de résistance de gauche parmi les Juifs, qui ont aussi leur propre histoire socialiste et communiste. Cependant, c’est le sionisme qui a été décisif dans l’initiation de l’opération « Protective Edge » en 2014, une opération militaire à laquelle Gabriel participera, tandis qu’Omar y résistera.
Le rythme des deux narrations s’intensifie vers la fin du texte, suggérant le conflit imminent entre Omar et Gabriel. Bien que le texte ne l’affirme pas explicitement, il insinue qu’Omar sera tué et que Gabriel « triomphera ». Les interventions d’Omar deviennent plus rares à la fin, se réduisant essentiellement à une série de prières, où il finira par être martyr.
Cette conclusion ne pouvait pas être différente, car nous avons été témoins de cette répétition incessante. White souligne que c’est à ce niveau alarmant que nous sommes arrivés politiquement, et que l’absence de tout discours politique rationnel en Occident en est largement responsable.