Table of Contents
Menace du poisson tilapia sur l’écosystème en Irak
Le système écologique en Irak fait face à une nouvelle menace due à la propagation rapide du poisson tilapia. Ce poisson envahissant représente un risque sérieux pour la biodiversité des espèces locales. Sa capacité à se reproduire rapidement et à s’adapter à diverses conditions environnementales entraîne un déséquilibre écologique dans de nombreux cours d’eau et plans d’eau.
Scientifiquement, le tilapia, également connu sous le nom de poisson du Nil, appartient à la famille des Cichlidae. Il est caractérisé par sa capacité à s’adapter à une large gamme de conditions environnementales, résistant à une densité d’eau accrue et survivant dans des concentrations faibles d’oxygène dissous.
Originaire d’Afrique, le tilapia vit dans des eaux douces et légèrement salées des zones tropicales et subtropicales. Il s’est ensuite répandu dans d’autres régions, notamment le sud de l’Asie et l’Inde, où il a été introduit pour la première fois dans des élevages artificiels au Kenya au début du XXe siècle.
Le poisson tilapia est considéré comme un poisson invasif et non souhaité dans l’environnement irakien.
Risque pour la santé publique
Walid Mohammed Rzouqi, directeur général de la Direction des ressources animales au ministère de l’Agriculture, met en garde contre le danger que représente le tilapia pour la santé humaine lorsqu’il est consommé. Ce type de poisson vit parfois dans des eaux non potables utilisées pour l’irrigation des terres agricoles, pouvant contenir des substances chimiques et des pesticides qui contaminent ces poissons et leur écorce, affectant ainsi la santé humaine. Cela contraste avec les poissons locaux qui vivent dans des eaux douces et pures.
Selon Rzouqi, le tilapia est un poisson envahissant et non désiré dans l’écosystème irakien. Bien qu’il ressemble au tilapia égyptien, il diffère par sa taille et sa valeur économique, son prix sur le marché irakien étant très bas, ne dépassant pas un dollar le kilogramme, comparé aux poissons locaux dont le prix varie entre 5 et 8 dollars le kilogramme. De plus, il ne peut pas être élevé dans des bassins comme les poissons locaux.
Rzouqi souligne l’absence de plans concrets pour éliminer le tilapia, notant que la solution réside dans la protection des poissons locaux importants tels que les carpes, en plus des autres espèces irakiennes comme le bni, le katran et le chaboot, tout en fournissant la nourriture nécessaire pour augmenter leur population.
Bien qu’il n’existe pas de statistiques précises sur le nombre de tilapias dans les eaux irakiennes, leur présence est très abondante et impacte l’équilibre écologique en raison de leur capacité d’adaptation et de leur reproduction rapide.
Une menace pour les ressources halieutiques
Iyad Al-Talabi, président de l’Association irakienne des producteurs de poissons, affirme que le tilapia qui prolifère dans les eaux irakiennes constitue une menace importante pour les ressources halieutiques locales. Il souligne que ce poisson est un intrus dans l’environnement irakien et que personne n’a pu déterminer la source de sa propagation, concentrée principalement dans les provinces de Bassora, de Dhi Qar et de Maysan, où il se reproduit à un rythme alarmant, dépassant largement la consommation locale.
Ce taux de reproduction élevé menace les espèces de poissons autochtones et cause un déséquilibre écologique dans les plans d’eau en raison de sa consommation des ressources alimentaires, sans compter qu’il se nourrit parfois des œufs ou des jeunes poissons locaux.
Al-Talabi note que le tilapia en Irak est de petite taille, pesant généralement moins de 250 grammes, comparé à son homologue égyptien qui peut atteindre deux kilogrammes. La demande des consommateurs irakiens pour ce poisson est faible, ce qui souligne la nécessité de prendre des mesures urgentes pour limiter sa propagation, en insistant sur l’importance de plans et d’études spécialisées.
Il propose d’explorer l’utilisation du tilapia dans la production d’aliments et de farine de poisson, tout en annonçant la tenue d’une conférence élargie dans les prochains jours pour discuter de ce problème et trouver des solutions appropriées.
Al-Talabi avertit que la poursuite de la propagation du tilapia entraînera d’importantes pertes économiques dans le secteur des ressources halieutiques, appelant le gouvernement et le secteur privé à collaborer pour éliminer ce poisson nuisible et protéger les ressources halieutiques irakiennes.
Séducteur de poissons
Wissam Al-Jubouri, un pêcheur expérimenté, partage son expérience avec le tilapia, affirmant que ce poisson est un cauchemar pour les pêcheurs. Ce n’est pas simplement un poisson, mais un « envahisseur féroce qui menace la biodiversité de nos eaux ».
Il décrit le tilapia comme un « sanguinaire des poissons », car il ne se contente pas de se reproduire rapidement, mais se nourrit également des jeunes poissons et des œufs, ce qui entraîne une diminution significative des populations des autres espèces. « Cela affecte bien sûr notre travail et menace notre moyen de subsistance », ajoute-t-il.
Cependant, le problème ne s’arrête pas là. Wissam souligne que le tilapia est très résistant aux maladies et à la pollution, ce qui lui permet de survivre dans des environnements aquatiques difficiles. En outre, il a un appétit vorace et des dents puissantes, lui permettant de consommer tout ce qu’il rencontre, allant jusqu’à racler les algues des rochers et à attraper des poissons petits ou écraser des coquillages.
Il précise qu’il existe trois espèces principales de tilapia dans nos eaux : le tilapia bleu, le tilapia nilotique et le tilapia rouge, toutes largement répandues dans la Shatt al-Arab, les marais et d’autres plans d’eau, ce qui augmente le risque qu’elles constituent pour l’environnement aquatique.
Wissam conclut en mettant en garde contre le danger de la propagation du tilapia, notant qu’une forte population de ce poisson entraîne une pollution des eaux en raison de leurs excréments et de leur consommation d’oxygène dissous, menaçant la vie aquatique dans son ensemble.