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Ukraine suspend le transport de gaz russe : un tournant historique
Avec le lever du jour du 1er janvier 2025, l’Ukraine a annoncé l’arrêt définitif des opérations de transit de gaz russe vers la Moldavie et les pays européens à travers son territoire, une première depuis 1967.
Ce changement a été qualifié d’historique par le ministre de l’Énergie, Hermane Halouchenko, qui l’a associé à des considérations de sécurité nationale, surtout dans le contexte de la guerre russe contre l’Ukraine, qui approche de sa troisième année.
Un système de transit gigantesque
Avec cette décision, l’Ukraine met fin à l’une des deux plus vastes infrastructures de transport de gaz en Europe (après la Russie) et parmi les plus grandes au monde, qui a été un canal principal pour l’exportation de gaz russe pendant des décennies.
Les réseaux de transport en Ukraine représentaient 95% des voies d’exportation et de transit établies par l’Union soviétique, s’étendant sur près de 37 000 kilomètres et comprenant :
- Deux pipelines principaux
- Plus de 120 stations de compression
- 13 grands réservoirs souterrains
Cette infrastructure a maintenu sa position de leader dans le domaine du transport et de la distribution de gaz en Europe.
Les pays affectés
Par le biais du gazoduc « Oujhorod », nommé d’après la province frontalière au sud-ouest de l’Ukraine, le gaz russe se dirigeait principalement vers la Moldavie, ainsi que vers la Slovaquie, la Hongrie et l’Autriche, avant d’atteindre d’autres pays de l’Union européenne.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, les réseaux de transport ukrainiens satisfaisaient 65% des besoins en gaz russe de la Slovaquie et de l’Autriche, ainsi que 80-85% des besoins de la Hongrie.
Ces pays, qui étaient jadis des bénéficiaires du transit de gaz, sont aujourd’hui les plus impactés par cette suspension, surtout face à la rareté des alternatives et à la flambée des prix, qui ont grimpé jusqu’à 450% depuis le début du conflit.
Une stratégie ukrainienne
Un aspect notable de cette nouvelle crise est que l’Ukraine, pour la première fois, refuse de prolonger l’accord de transit avec la Russie, contrairement aux précédentes crises.
Pour expliquer ce changement, l’économiste Ihor Burakovski, directeur de l’Institut de recherche et de consultation économique à Kiev, a déclaré : « La guerre a imposé de nouvelles réalités. Le projet de gazoduc Nord Stream 2 n’existe plus, et le flux turc ne satisfait pas tous les besoins d’exportation russes. »
« L’Ukraine n’a rien à perdre »
Burakovski note qu’« il n’y a rien à perdre pour l’Ukraine. Les opérations de transit de gaz étaient devenues une faveur accordée à la Russie, qui a agressé notre nation, et les revenus générés étaient injustes et humiliants pour l’Ukraine ».
Il cite un exemple de dernier accord stipulant le transit de 225 milliards de mètres cubes sur cinq ans pour 7,2 milliards de dollars, alors que la Russie n’a transporté que 55 milliards en 2020.
À la recherche de nouvelles alternatives
L’Ukraine semble désormais insensible aux réactions des pays voisins affectés, avec des experts qui prédisent qu’aucune pression ne sera exercée sur Kiev pour signer un nouvel accord avec la Russie.
Alexander Bali, analyste politique, soutient que « la plupart des pays européens comprennent l’importance de s’éloigner de la Russie ». Même l’Autriche, bien que touchée, adopte une attitude silencieuse, reconnaissant la nécessité de rechercher des alternatives.
En conclusion, l’Ukraine, qui importait auparavant environ 60 milliards de mètres cubes de gaz russe par an avant 2014, a déjà amorcé une recherche d’alternatives depuis novembre 2015, et a réussi, quel que soit le coût.