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Pour la première fois depuis la chute du régime de Bashar al-Assad, des ministres européens des affaires étrangères se sont rendus en Syrie. Ce rapprochement diplomatique est accompagné de l’espoir que les nouvelles autorités ne suivront pas une voie autoritaire.
Une visite prometteuse
Avec un message apparemment porteur d’espoir, la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock et son homologue français Jean-Noël Barrot se sont rendus en Syrie. « Un nouveau départ politique entre l’Europe et la Syrie […] est possible », ont-ils déclaré vendredi.
À présent sous la direction d’Ahmed al-Sharaa, le pays entre dans une ère post-Assad, où les pays occidentaux cherchent à influencer l’avenir de la Syrie.
Les défis d’une gouvernance stable
La situation est complexe, car le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui est actuellement aux commandes, figure toujours sur la liste des organisations terroristes des États-Unis et des Nations Unies. Néanmoins, les dirigeants européens doivent composer avec la réalité de la position d’HTS, dont le leader, Al-Sharaa, est considéré comme le dirigeant officieux du pays, malgré le fait que la transition soit officiellement dirigée par Mohammed Al-Bashir, également issu de HTS.
Un désir de modération
Baerbock a reconnu l’arrière-plan idéologique de HTS et ses actions passées. « Nous percevons également un souhait de modération et de consensus avec d’autres parties importantes », a-t-elle ajouté, faisant notamment référence aux Kurdes, qui disposent d’un État semi-autonome dans le nord-est de la Syrie, mais sont sous pression de la part de rebelles pro-turcs.
Les exigences européennes
La « main tendue », comme l’a désignée Baerbock, est accompagnée de conditions claires pour les autorités syriennes. « Un nouveau départ ne peut avoir lieu que si tous les Syriens, indépendamment de leur origine ethnique ou religieuse, sont pris en compte dans le processus politique », a-t-elle souligné.
Les lourdes sanctions héritées de l’époque Assad pèsent encore sur la Syrie et constituent un outil que l’Occident peut utiliser pour forcer un changement. Actuellement, l’exportation de pétrole vers l’Europe est impossible, alors que cette industrie était une source de revenus essentielle pour l’économie syrienne avant la guerre.
Retour des réfugiés syriens
L’Union européenne a tout intérêt à une transition pacifique et à un avenir stable pour la Syrie. Dans plusieurs pays, dont les Pays-Bas, la question du retour de plus d’un million de réfugiés syriens est devenue une priorité politique depuis la chute d’Assad.
La semaine dernière, le gouvernement allemand a annoncé qu’il allait augmenter les moyens financiers pour les réfugiés syriens souhaitant rentrer chez eux. Cependant, ceux-ci hésitent à retourner dans un pays ravagé par la violence et où ils craignent de subir des persécutions.
L’influence des États du Golfe
Ce ne sont pas seulement les pays occidentaux qui cherchent à renforcer leurs liens avec le nouveau régime. Les États arabes du Golfe s’intéressent également à la Syrie. Al-Sharaa a récemment déclaré que le Qatar avait exprimé son intention d’investir dans l’infrastructure énergétique dévastée de la Syrie. Contrairement à d’autres États du Golfe, le Qatar entretient des relations amicales avec HTS depuis des années.
Bien que la genèse d’HTS remonte au jihadiste Al-Nusra, des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont longtemps été sceptiques, malgré leur opposition à Assad. Cependant, la chute d’Assad offre à ces pays l’occasion d’accroître leur influence, surtout maintenant qu’Iran a perdu son principal allié au Moyen-Orient.