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Dans son analyse poignante de l’Allemagne d’après-guerre, l’écrivain italien Carlo Levi a exprimé des réflexions profondes lors de son voyage en 1958, offrant un regard intime sur un pays en pleine mutation.
Une exploration des contrastes
Carlo Levi, au cours de son séjour en Allemagne, a envisagé divers titres pour son livre, parmi lesquels « Faust et Hitler ». Ce choix révélait une dualité marquante, entre le génie créateur et la destruction absolue. En choisissant finalement le titre « La double nuit », Levi évoque des vers de Goethe, liant la mythologie grecque aux ténèbres de l’histoire allemande. Dans son récit, il écrit : « Les éclats de lumière jaillissent à travers la double nuit des tilleuls, la vérité est perdue dans un suicide diabolique. »
Un témoin des souffrances humaines
Levi, issu d’une famille juive aisée et antifasciste, a été exilé à la suite des politiques de Mussolini. Son premier voyage en Allemagne fut motivé par des raisons professionnelles, et il visita plusieurs villes, dont Munich, Stuttgart, et Berlin. Dans son livre, il dépeint Berlin comme une « sœur souffrante de l’enfermement intérieur », soulignant la division du pays en deux mondes politiques.
Un « vrai roman » de l’après-guerre
Le rapport de Levi sur son voyage, publié en 1959 en Italie, a été traduit plus récemment en allemand. Son œuvre, décrite comme un « vrai roman », allie observation fine et empathie, offrant un portrait nuancé de l’Allemagne d’après-guerre. Les paysages contrastés, où la richesse innocente côtoie l’extrême pauvreté, illustrent les luttes intérieures du pays.
Un regard sans jugement
Levi n’a pas cherché à blâmer ou à juger, mais plutôt à partager ses impressions. Son écriture, bien que chaleureuse, véhicule parfois une impression de froideur, révélant une société marquée par la répression et l’oubli. Il observe que « l’Allemagne ne se cache pas des autres : elle se cache d’elle-même », soulignant le déni persistant face à son passé traumatique.
Ambivalence omniprésente
Levi exprime des doutes quant à la confiance qu’il accorde à l’Allemagne et à son peuple, soulignant une « fragmentation envoûtante ». Il convient que l’absence d’unité interne a conduit l’Allemagne à devenir un acteur d’une crise globale. La dualité de ses observations fait écho aux luttes internes de la société allemande, tout en émettant des avertissements concernant les résurgences de l’idéologie nazie.
À travers son étude, Levi laisse entrevoir un avenir où, paradoxalement, même au cœur de l’inhumanité, une nouvelle humanité pourrait émerger, mais il reste prudent face aux relents du passé.