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Ce vendredi marque le 50e anniversaire de la Loi Veil autorisant l’IVG. Réforme sociétale majeure, elle a été assouplie à plusieurs reprises depuis sa promulgation. Cependant, des difficultés d’accès à l’avortement subsistent en France, selon des associations et chercheurs.
Un tournant historique pour les droits des femmes
Il y a cinquante ans, le 17 janvier 1975, la loi Veil était promulguée. Initialement, elle suspend la pénalisation de l’avortement pour cinq ans. La loi portée par la ministre de la Santé de l’époque, Simone Veil, a permis * »aux femmes d’enfin pouvoir avorter »* de manière sécurisée, ce qui était * »déterminant pour aller vers leur émancipation »,* estime Suzy Rojtman, du collectif Avortement en Europe. Stéphanie Hennette-Vauchez, professeure de droit à l’université Paris Nanterre, souligne qu’il s’agit d’une * »rupture historique capitale dans un régime répressif profondément ancré »* dans la société d’alors.
Des avancées législatives
Bien que le texte de 1975 ait été pérennisé en 1979, il reste * »très précautionneux »*, permettant l’IVG uniquement dans un délai de dix semaines de grossesse. Depuis, les règles encadrant l’IVG ont été assouplies. Parmi les améliorations notables, le délai légal a été porté à 12 puis à 14 semaines de grossesse. L’avortement est aujourd’hui intégralement pris en charge par l’assurance maladie, et la période de réflexion a été supprimée. L’autorisation parentale pour les mineures a également été abrogée, bien qu’elles doivent être accompagnées d’un adulte.
Les défis persistants
Malgré ces avancées, * »le droit à l’avortement reste fragile »*, avertit Sarah Durocher, présidente du Planning familial. Les opposants conservateurs organisent des attaques régulières. Bien que l’inscription dans la Constitution de la « liberté garantie à la femme » de recourir à l’IVG ait été un progrès, l’association craint une régression des conditions d’accès. Elle demande un allongement du délai légal et la suppression de la clause de conscience permettant aux médecins de refuser de pratiquer l’IVG.
Statistiques sur l’IVG en France
Le nombre d’avortements a longtemps oscillé autour de 220.000 par an. En 2023, 243.623 IVG ont été enregistrées, soit 8.600 de plus que l’année précédente, selon l’étude de la Direction statistique des ministères sociaux (Drees). Les femmes de 25 à 29 ans représentent le groupe le plus concerné. La méthode médicamenteuse est désormais majoritaire, représentant 80 % des interventions.
Difficultés d’accès à l’IVG
Les femmes rencontrent des difficultés pour obtenir des informations sur l’IVG, ce qui peut entraîner des retards de prise en charge. Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil de l’Ordre des sages-femmes, propose de créer un répertoire des professionnels pratiquant l’IVG, une mesure qui pourrait aider les femmes à gagner du temps. De plus, obtenir un rendez-vous rapidement reste un défi. Le Dr Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, souligne la nécessité d’augmenter les budgets pour les activités de planification familiale, afin d’améliorer l’accès à l’IVG dans un contexte hospitalier tendu.