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Ajout de la matière de religion dans les écoles égyptiennes
Le ministère de l’Éducation égyptien a annoncé l’ajout de la matière de religion aux notes des élèves dans toutes les classes à partir de l’année scolaire prochaine, dans le cadre d’une initiative visant à promouvoir les valeurs religieuses et morales.
Selon le ministre de l’Éducation, Mohamed Abdel-Latif, ce projet a été coordonné avec les institutions d’Al-Azhar et de l’Église, représentant respectivement les religions islamique et chrétienne.
Des responsables au ministère de l’Éducation ont précisé qu’Al-Azhar et l’Église avaient demandé l’introduction de cette matière comme matière fondamentale dans le but de « préserver l’identité face aux défis posés par d’autres systèmes culturels », selon les déclarations d’un vice-ministre de l’Éducation.
De nouvelles responsabilités pour Al-Azhar et l’Église
Les deux institutions seront chargées de définir le contenu des matières islamiques et chrétiennes, après que la décision sera soumise au Conseil des représentants pour approbation.
Cette décision ministérielle survient peu après l’annonce de l’ajout de la matière de religion pour les classes de lycée, qui préparent les élèves à entrer à l’université.
Parallèlement, la direction de l’éducation de la ville du Caire a annulé, hier, l’examen de la matière de religion pour le certificat de l’éducation intermédiaire dans toutes les écoles de la capitale, en raison d’une fuite de l’examen, bien que cette matière n’ait pas encore été intégrée dans le total des notes.
Le cadre législatif
La loi sur l’éducation numéro 68 de l’année 1968 stipule que la matière de religion n’est pas comptabilisée dans le total des points, mais exige la réussite de l’élève pour passer à la classe suivante, un principe également confirmé par la loi 139 de l’année 1981.
Un débat sociétal
L’annonce de l’ajout de la religion comme matière fondamentale a ouvert le débat au sein de la société égyptienne, notamment sur son utilité et ses implications non seulement sur le système éducatif, mais sur la société en général.
L’archevêque de Tanta, Anba Paula, a rejeté cette nouvelle orientation gouvernementale, affirmant que la religion devrait être enseignée à l’église et à la mosquée, « nous présentons la religion à l’école comme une culture religieuse seulement, et non comme un sujet d’examen ».
Il a ajouté que le programme de la matière de religion chrétienne actuel ne concerne pas une communauté spécifique, mais est généralisé à toutes les dénominations, sans éléments sectaires.
Propositions alternatives
L’archevêque a également soulevé la nécessité de nommer des enseignants qualifiés en théologie pour enseigner la matière, suggérant que l’on ne peut pas compter sur des enseignants non spécialisés, même s’ils sont chrétiens.
Une proposition similaire a été formulée par Soad Saleh, professeure de jurisprudence comparée à l’Université d’Al-Azhar, qui a suggéré d’enseigner un programme unifié pour l’islam et le christianisme dans le cadre de la matière de religion.
Elle a tout de même soutenu la décision gouvernementale, estimant que l’intégration de cette matière pourrait ramener les jeunes vers des valeurs morales.
Réactions et préoccupations
Amgad Said, enseignant de langue arabe dans une école publique, a exprimé son incertitude quant à la nouvelle situation, soulignant que les enseignants de langue arabe dans les écoles publiques enseignent déjà la religion islamique comme matière supplémentaire.
Il a mentionné que l’ajout de la religion aux notes pourrait provoquer un changement significatif dans la manière dont les cours sont perçus par les enseignants et les élèves, et il n’exclut pas que des cours particuliers apparaissent.
Ahmed Khaled, parent de trois élèves, a exprimé ses préoccupations concernant l’égalité des chances entre les élèves des deux religions, tout en accueillant la décision comme une opportunité d’approfondir la connaissance des enseignements islamiques.
Un changement historique
Kamal Maghith, professeur d’éducation et expert au Centre national de recherche éducative, a qualifié la décision d’ajouter la religion aux notes de « sans précédent » dans l’histoire de l’éducation égyptienne.
Il a rappelé que jusqu’en 1952, la matière de religion était optionnelle, puis est devenue obligatoire mais sans compter dans le total des notes.
Concernant l’impact de cette décision sur le comportement des élèves et le renforcement des valeurs, Maghith a affirmé qu’il n’existe pas de preuve scientifique établissant un lien positif entre une matière scolaire et l’influence psychologique sur les élèves.
Défis à relever
Un expert a souligné que les facultés de pédagogie ne disposent pas de départements dédiés à l’enseignement religieux, ce qui complique la formation d’enseignants spécialisés.
Il a ajouté que chaque communauté chrétienne de trois dénominations en Égypte pourrait demander des matières distinctes et des enseignants spécialisés, ce qui pourrait entraîner des tensions sectaires.
A l’inverse, un journaliste a exprimé son scepticisme quant à l’impact de l’ajout de la matière de religion sur l’éducation morale des élèves, soulignant que la présence de contenus religieux dans divers médias n’a pas conduit à une amélioration éthique dans la société égyptienne.