Où sont passés les officiers du régime Assad après sa chute ?

Où sont passés les officiers du régime Assad après sa chute ?

Le matin du 8 décembre 2024, l’avion de Bachar al-Assad n’était pas le seul à quitter les terres syriennes pour échapper aux factions de l’opposition militaire qui avaient pris le contrôle de Damas, déclarant la chute du régime après cinq décennies de tyrannie. Des milliers de hauts fonctionnaires et d’agents de sécurité, dont les noms sont associés à des crimes de guerre et à des violations graves des droits de l’homme, ont suivi son exemple.

Malgré l’annonce de campagnes de sécurité pour traquer les vestiges du régime, près de deux mois après la chute du régime, aucune arrestation officielle de hauts responsables n’a été rapportée, à l’exception de quelques nouvelles concernant certains responsables, comme le général Mohamed Kanjou Hassan, ancien responsable des tribunaux militaires à la prison de Saydnaya, qui a prononcé des peines de mort à l’encontre de détenus, mais sans confirmation officielle.

Mouvements de la famille Assad

Alors que l’arrivée de Bachar al-Assad et de sa famille à Moscou via la base de Hmeimim était confirmée, la question demeure quant à l’emplacement de milliers d’anciens officiers et responsables, ainsi que de la menace qu’ils pourraient représenter pour la nouvelle administration syrienne, ainsi que les défis potentiels de leur traque et de leur reddition de comptes pour les crimes passés.

Mouvements de population

Avec le début de l’avancée de l’administration des opérations militaires vers Hama au début décembre, après la prise de la ville d’Alep et des autres zones rurales d’Idlib et de Hama, des vagues de déplacements massifs ont été observées dans les régions côtières syriennes et la campagne de Homs, qui représentent la base populaire de la majorité des officiers et éléments du régime.

Ces régions montagneuses, notamment celles proches de Qardaha (berceau de Bachar al-Assad), sont devenues un refuge temporaire pour les hauts officiers et chefs de milices. Selon des sources du Observatoire syrien des droits de l’homme, ces zones sont devenues un havre de paix pour les forces du régime, offrant des logements entièrement équipés et des réserves de combustible suffisantes pour répondre aux besoins de la région pendant plusieurs mois.

Vers le Liban

Le Liban, particulièrement la zone d’influence du Hezbollah, est devenu un refuge pour de nombreux responsables et officiers du régime syrien. Selon l’agence « Associated Press », plusieurs hauts gradés ont réussi à rejoindre le Liban voisin avec des documents de voyage falsifiés. Des responsables de la sécurité libanaise indiquent qu’environ 8000 citoyens syriens sont entrés au Liban par le poste-frontière de Masnaa dans les jours suivant la chute du régime Assad, tandis qu’environ 5000 personnes ont quitté le pays via l’aéroport international de Beyrouth.

Le 2 janvier 2025, la justice libanaise a libéré la petite-fille de Rifaat al-Assad, Chams Dreyf al-Assad, et sa mère, Rasha Khazim, après les avoir arrêtées pour avoir utilisé des passeports faussement et tentant de quitter le pays.

Déplacement vers des zones contrôlées par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS)

Un rapport de « Clash Report », spécialisé dans le suivi des mouvements militaires, a révélé qu’au moins 2500 soldats du régime Assad ont rejoint les rangs des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) contrôlant les zones à l’est de l’Euphrate.

Les anciens officiers et agents de sécurité du régime ont établi un bureau à Hassaké pour organiser des attaques et des provocations contre le nouveau gouvernement syrien. Certains anciens membres du régime combattent désormais contre les forces du gouvernement syrien dans la région de Tichrine, où des combats continuent depuis la chute du régime.

Réorganisation potentielle

Selon le chercheur en affaires militaires et groupes non étatiques, Ammar Farhoud, la possibilité de rassembler ces officiers par une ancienne direction du régime Assad est improbable en raison de l’absence d’une doctrine militaire qui reflète leur identité politique. Toutefois, il avance plusieurs scénarios dans lesquels ces officiers pourraient perturber la nouvelle direction à Damas :

• Premier scénario : Soutenus par des pays hostiles à la nouvelle administration, ils pourraient se réorganiser pour créer des groupes armés.
• Deuxième scénario : Se cacher dans des zones à forte concentration de la communauté alaouite et se battre pour se défendre.
• Troisième scénario : Engager des opérations de pillage pour des raisons financières, sachant que leur sort pourrait être la peine de mort pour leur implication dans des crimes contre le peuple syrien.