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Tensions croissantes autour des rivières en Asie du Sud

by Sara
Tensions croissantes autour des rivières en Asie du Sud
Inde, Chine, Pakistan

Tensions croissantes autour des rivières en Asie du Sud

Le centre Stratfor américain pour les études stratégiques et de sécurité a déclaré que les rivières Brahmapoutre et Indus en Asie du Sud sont devenues des points de compétition intense et d’intérêt géopolitique, en particulier entre l’Inde, la Chine et le Pakistan, ce qui pourrait mener à des conflits dans la région.

Le rapport attribue cette escalade aux tensions concernant l’eau en Asie, qui abrite 60 % de la population mondiale, où la part d’eau douce par personne ne dépasse pas 4000 mètres cubes par an, une quantité inférieure à celle de toute autre région, à l’exception de l’Antarctique.

Carte des rivières Brahmapoutre et Indus

Inde et Chine

Selon le centre, le fleuve Brahmapoutre est une source majeure d’énergie hydroélectrique pour l’Inde et la Chine. L’Inde considère ce fleuve comme une ressource essentielle pour ses États du nord-est en développement, tandis que la Chine cherche à exploiter le fleuve pour atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques.

En 2021, la Chine a annoncé des projets pour construire un « grand barrage » sur ce fleuve avec une capacité de production de 60 gigawatts, surpassant le barrage des Trois Gorges en Chine, le plus grand barrage au monde, qui a une capacité de 22,5 gigawatts.

En juillet 2024, l’Inde a déclaré avoir alloué environ un milliard de dollars pour accélérer la construction de 12 projets hydroélectriques dans l’État d’Arunachal Pradesh, situé au nord-est du pays.

Le centre a souligné que la position géographique de la Chine en amont du fleuve Brahmapoutre lui confère un avantage stratégique évident, lui permettant de contrôler le débit des eaux vers l’Inde et d’ouvrir le barrage pour provoquer des inondations sur les terres indiennes en période de conflit, ou de restreindre les eaux pendant les saisons sèches, menaçant ainsi l’agriculture et les moyens de subsistance en Inde.

Il a également été noté que le nouveau projet de barrage a intensifié les tensions géopolitiques entre les deux pays, les autorités indiennes considérant ce projet comme un outil pour la Chine d’exercer son influence sur l’Inde, dans un contexte de conflits frontaliers et d’absence d’accord sur le partage de l’eau.

Inde et Pakistan

Le rapport s’est également concentré sur le fleuve Indus, un cours d’eau transfrontalier dans la région. Bien que le traité sur les eaux de l’Indus (1960) a facilité le partage pacifique des eaux entre l’Inde et le Pakistan, la demande croissante en eau menace cette stabilité.

Le rapport souligne que l’Inde considère que ce traité ne répond plus à ses besoins, en raison de la demande locale accrue pour des projets hydroélectriques et agricoles, lui laissant le contrôle de seulement 20 % du fleuve. Cette situation pourrait inciter l’Inde à intensifier ses efforts pour étendre son influence, mettant ainsi en péril le traité et la stabilité des relations bilatérales.

De son côté, le Pakistan est confronté à des menaces significatives en raison de sa position en aval du fleuve, la rendant vulnérable aux fluctuations des débits d’eau en provenance de l’Inde, surtout avec l’expansion continue de cette dernière dans l’utilisation des rivières occidentales pour des projets d’énergie hydroélectrique.

Le Pakistan a exprimé son refus de toute négociation visant à modifier le traité, considérant que les projets indiens violent les termes de l’accord et mettent en danger les approvisionnements en eau du pays.

Le rapport mentionne également qu’en septembre 2016, l’Inde a envisagé d’utiliser sa position stratégique en amont de l’Indus pour répondre à une attaque contre une base militaire indienne au Cachemire, mais le Premier ministre Narendra Modi a choisi de ne pas intensifier la situation, déclarant que « l’eau et le sang ne se mélangent pas ». Cet incident illustre le rôle stratégique de l’eau dans les conflits.

Prévisions futures

Le rapport prévoit que le fleuve Brahmapoutre continuera d’être un point de tension entre la Chine et l’Inde, et souligne que l’augmentation de la demande en eau pourrait aggraver les différends concernant le traité sur l’Indus, mettant ainsi en péril la stabilité des relations déjà tendues.

Il conclut en avertissant que sans mécanismes diplomatiques officiels, la région restera constamment en danger de conflits liés à l’eau dans les années à venir.

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