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Tensions au Liban : Protestations contre l’ingérence iranienne
Depuis jeudi soir, des manifestations en colère se déroulent autour de l’aéroport international de Beyrouth, avec des routes bloquées par des pneus enflammés, en réponse à l’interdiction de deux avions iraniens transportant des passagers libanais d’atterrir à l’aéroport.
Des affrontements ont éclaté entre l’armée libanaise et les manifestants qui s’étaient rassemblés sur la route menant à l’aéroport, suite à l’appel du Hezbollah à protester contre ce qu’il décrit comme « l’ingérence israélienne et les impositions extérieures qui portent atteinte à la souveraineté nationale ».
Réactions officielles
Dans une déclaration faite samedi, le vice-président du Conseil politique du Hezbollah, Mahmoud Qamati, a souligné le rejet du Liban d’être sous occupation américaine, affirmant depuis le site de la manifestation que « l’État libanais souffre encore d’impositions américaines et que nous n’acceptons pas que le Liban soit sous le contrôle américain et israélien ».
Par ailleurs, une convoi des Forces des Nations Unies au Liban (UNIFIL) a été attaqué vendredi alors qu’il se dirigeait vers l’aéroport de Beyrouth, avec une de ses véhicules incendiée.
UNIFIL a publié un communiqué officiel indiquant que « l’attaque a causé des blessures au vice-commandant de ses forces dont le mandat était sur le point de se terminer », appelant les autorités libanaises à mener une enquête approfondie et immédiate pour traduire les responsables en justice.
Réponses des autorités
Les réactions officielles ne se sont pas fait attendre, le président libanais Joseph Aoun condamnant l’attaque contre le convoi de l’UNIFIL, affirmant que les agresseurs ne seront pas impunis.
Le ministre de l’Intérieur libanais, Ahmad al-Hajjar, a également insisté lors d’une conférence de presse après une réunion de sécurité urgente sur la rigueur des enquêtes en cours, précisant que cela ne signifie pas nécessairement que les personnes arrêtées sont les auteurs de l’attaque, mais que les investigations révéleront les véritables coupables.
Dans le même contexte, le commandant par intérim de l’armée libanaise, le général Hassan Aouda, a affirmé lors d’un appel avec le commandant de la mission de l’UNIFIL, le général Aruldo Lazaro, le rejet de toute agression contre les forces de l’ONU, promettant que l’armée « poursuivra les responsables de l’attaque et les traduira en justice ».
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a également condamné « l’agression criminelle » lors d’un appel téléphonique avec la coordinatrice spéciale des Nations Unies au Liban, Janine Plasschaert, et le général Lazaro.
Développements récents
Alors que les tensions continuent de monter, l’Iran a annoncé samedi qu’il était prêt à engager des « discussions constructives » avec les autorités libanaises pour reprendre les vols entre Téhéran et Beyrouth. Le ministère iranien des Affaires étrangères a mentionné que le ministre iranien des Affaires étrangères et son homologue libanais avaient discuté par téléphone des moyens de résoudre la question des vols civils entre les deux pays.
Cette annonce survient après le refus de l’Iran d’accorder l’autorisation d’atterrissage aux avions libanais sur son territoire, ce qui a empêché le retour de Libanais bloqués là-bas. Cette décision iranienne a été prise en réponse à l’information des autorités libanaises à la compagnie iranienne « Mahan » concernant l’impossibilité d’accueillir deux vols programmés de Téhéran à Beyrouth, entraînant une crise au Liban.
Un nouveau contexte politique
Le commentateur politique As’ad Bashara affirme que ces manifestations représentent une tentative de rétablir une situation antérieure où le Hezbollah exerçait son contrôle sur toutes les institutions de l’État, outrepassant les lois et agissant comme une autorité suprême.
Bashara souligne que la situation actuelle impose un nouveau cadre qui nécessite la réaffirmation des bases d’un État de droit, notamment en restituant à l’aéroport de Beyrouth l’autorité de l’État dans son ensemble.
Il insiste sur le fait que la récupération de l’aéroport « signifie effectivement le placer sous la supervision de l’État et empêcher son utilisation pour le trafic d’argent, de substances interdites ou d’activités illégales comme cela se produisait auparavant ».
Selon lui, ce que l’on observe aujourd’hui est une tentative du Hezbollah de se rebeller contre le projet d’État ou d’inciter son environnement à s’opposer à ce projet. Cela n’est plus possible, car les actions du parti n’ont été qu’un « essai infructueux » qui a recours à l’intimidation et au chaos, prouvant qu’il est désormais isolé sur le plan interne, comme en témoigne la position du président de la Chambre des députés Nabih Berri, qui s’est opposé à ce qui s’est passé, reflétant ainsi le recul de l’influence du parti.
Message des manifestants
Pour sa part, l’analyste politique Qassem Qasir considère que ce qui s’est passé est une réaction populaire et un message clair de l’environnement de la résistance que la pression sur eux – notamment à travers l’interdiction d’acheminer les aides iraniennes – conduira à une explosion de la situation.
Qasir souligne que « généralement, lorsque des mouvements populaires émergent, plusieurs parties interviennent pour exploiter la situation, ce qui peut entraîner des incidents de sécurité dont on ne sait pas avec précision qui est derrière ».