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Israël maintient des troupes dans le sud du Liban malgré les délais
L’armée israélienne a annoncé qu’elle conservera des soldats dans cinq localités du sud du Liban au-delà du délai prévu pour le retrait du pays. Cette décision survient après que le président libanais, Joseph Aoun, a exprimé des inquiétudes quant à la possibilité d’un retrait complet des forces israéliennes.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Nadav Shoshani, a déclaré lundi que ces cinq localisations au Liban offrent des points de vue stratégiques ou se trouvent en face de communautés dans le nord d’Israël.
Les raisons du maintien des troupes
« Nous devons rester à ces points pour le moment afin de défendre les citoyens israéliens, pour nous assurer que ce processus est complet et finalement le transférer aux forces armées libanaises, » a déclaré Shoshani aux journalistes.
Il a précisé que cette « mesure temporaire » avait été approuvée par l’organisme dirigé par les États-Unis qui surveille le cessez-le-feu, entré en vigueur à la fin novembre.
Le Liban avait exprimé plus tôt lundi sa préoccupation quant à la possibilité qu’Israël ne retire pas toutes ses forces du pays d’ici le délai convenu de mardi. « Nous avons peur qu’un retrait complet ne soit pas réalisé demain, » a déclaré Aoun dans un communiqué.
Réactions et préoccupations libanaises
Le président libanais a ajouté : « La réponse libanaise se fera par une position nationale unifiée et globale. » Les inquiétudes du Liban concernant les plans de l’armée israélienne illustrent la fragilité du cessez-le-feu entre Israël et le groupe libanais Hezbollah.
Ces préoccupations s’inscrivent dans un contexte de plusieurs rapports sur des attaques à travers le Liban, une tactique courante de l’armée israélienne avant la cessation des hostilités.
Une attaque par drone a frappé une voiture dans la ville portuaire de Sidon, marquant l’une des nombreuses attaques israéliennes au Liban depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre. La frappe près d’un point de contrôle de l’armée libanaise a tué un responsable du Hamas qui dirigeait le département opérationnel du groupe au Liban, selon l’armée israélienne.
Zeina Khodr d’Al Jazeera, rapportant depuis le lieu, a déclaré : « Israël agit avec peu de retenue. » Un drone israélien a également largué une grenade sur la place principale de la ville méridionale de Kfarchouba, et des soldats ont mis le feu à des maisons dans la ville frontalière d’Odaisseh, selon l’Agence nationale de presse du Liban.
Ramzi Kaiss de Human Rights Watch a déclaré que « la destruction délibérée par Israël des maisons et des infrastructures civiles » rendait « impossible pour de nombreux résidents de retourner » chez eux.
Le cessez-le-feu et ses implications
Israël et le Hezbollah avaient convenu d’un cessez-le-feu pour mettre fin à des mois de guerre totale, durant lesquels Israël a mené des opérations terrestres contre le Liban et assassiné une vague de hauts responsables du Hezbollah, y compris le chef Hassan Nasrallah.
Selon l’accord, l’armée israélienne devait se retirer du sud du Liban sur une période de 60 jours, tandis que l’armée libanaise se déployait dans le bastion du Hezbollah aux côtés des Casques bleus de l’ONU. Le délai de 60 jours, initialement fixé à la fin janvier, a été prolongé jusqu’à mardi.
Le Hezbollah, quant à lui, devait se retirer au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante dans le sud.
Cependant, la semaine dernière, Israël a accusé le groupe armé libanais de ne pas respecter l’accord et a déclaré qu’il ne prévoyait pas de se retirer complètement à court terme. Le président du parlement libanais, Nabih Berri, un allié du Hezbollah, a déclaré avoir reçu des informations de Washington indiquant qu’Israël resterait dans ces cinq localisations, un plan que le Liban a rejeté.
« Ce que nous entendons des responsables libanais, c’est qu’Israël se retirera de certains villages mais restera dans des lieux stratégiques sur des collines, à quelques mètres à l’intérieur du Liban, » a rapporté Khodr d’Al Jazeera lundi.
On suppose que les positions qu’Israël prévoit de maintenir offriront un contrôle militaire sur le sud du Liban. Karim Bitar, professeur d’études du Moyen-Orient à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), a déclaré : « Il semble qu’il y ait un accord tacite, sinon explicite, des États-Unis pour prolonger la période de retrait. »