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Dans la ville poussiéreuse de Kitengela, au Kenya, Charles Mwangi, prêteur sur gage de 46 ans, joue un rôle essentiel pour les habitants en difficulté financière. À une trentaine de kilomètres au sud de Nairobi, il accueille des clients, comme un vieil homme en quête d’aide pour financer une opération oculaire.
Le rôle des prêteurs sur gage
Dans sa boutique, le vieil homme propose de mettre en gage son téléviseur pour 25 000 shillings (environ 185 euros), montant nécessaire pour couvrir les frais d’hôpital. Charles, après réflexion, lui offre 20 000 shillings, expliquant que le même téléviseur coûte 35 000 shillings en magasin. Une situation typique dans cette zone où les prêteurs sur gage sont une bouée de sauvetage pour ceux qui font face à des crises financières.
Les motivations des clients
Charles Mwangi, qui a lancé son activité en 2009, constate que ses clients viennent principalement pour trois raisons : des soucis médicaux, des frais de scolarité ou des loyers impayés. Dans un pays où le revenu minimum est de 15 000 shillings et où le système de protection sociale est quasi inexistant, ces prêts rapides sont souvent la seule solution pour surmonter des obstacles financiers.
Les défis auxquels font face les commerçants
Job Thuo, un autre prêteur sur gage de 33 ans situé à Ongata Rongai, confirme cette tendance. Les étudiants, en particulier, déposent fréquemment leurs appareils électroniques pour couvrir les frais universitaires qui varient entre 100 000 et 200 000 shillings par semestre. Cependant, beaucoup ne reviennent pas récupérer leurs biens, signalant des problèmes de loyer plus pressants.
« Dans les bidonvilles, les loyers les plus bas oscillent entre 1 500 et 2 500 shillings, tandis qu’un logement décent coûte entre 6 000 et 8 000 shillings par mois », précise Job Thuo.
Une économie en difficulté
Les prêteurs sur gage apparaissent également comme une alternative à des banques qui ne prêtent pas facilement. Charles Mwangi mentionne que, dans les zones rurales, les gens investissent dans le bétail, tandis qu’en ville, ils se tournent vers l’électroménager et l’électronique. « Les ordinateurs et les téléviseurs sont devenus des investissements financiers », raconte-t-il.
Joseph Mugendi Ndwiga, un autre prêteur, souligne que décembre et janvier sont des mois lucratifs en raison des fêtes, mais il fait face à un problème de stockage. « Mon entrepôt est plein, et je suis obligé de refuser certains articles », indique-t-il, une indication claire des défis économiques actuels.
Une inflation persistante
Le Kenya subit une inflation chronique depuis dix-huit mois. Selon le Bureau national des statistiques, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 6,1 % en janvier par rapport à l’année précédente. Charles Mwangi note qu’il est prudent de limiter ses achats, car les ventes stagnent. « Tout est gelé. C’est sûr que le pays ne va pas bien », conclut-il.