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Dans une époque marquée par des bouleversements incessants et des défis sans précédent, il devient essentiel de s’interroger sur les moyens de résistance face aux forces qui nous entourent. Voici quelques réflexions et témoignages sur la nécessité de la résistance aujourd’hui.
Les potes
Comme bien des gens, je ventile avec les potes. L’humour nous sauve. Quand Isa me dit : « Ils font ça pour des queues de prunes » avec son accent provençal, quand Marie me cite la motivatrice Brené Brown : « *Soft front, strong back, wild heart* », ou quand mon ami Jé redevenu camembert me dit : « On ne peut pas les atteindre par le pouvoir, car ils en ont trop ; on ne peut pas les atteindre par l’argent, car ils en ont trop ; mais on peut les atteindre par l’ego, car ils en ont trop. » En ces temps de turbulence, on n’a jamais trop d’amis intelligents.
Il y a qu’à regarder le cirque Macron-Trump jouer cette semaine à leur jeu favori : « Pote et Despote ». Étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise.
Résister
Je vous ai parlé rapidement du petit livre *Résister* de la journaliste engagée Salomé Saqué. Dans cet essai, elle aborde plusieurs aspects de la résistance après avoir exposé ce qu’est l’extrême droite. Son livre ne peut être plus actuel. Elle épingle la neutralité journalistique qui a servi le régime nazi, lorsque des journalistes étrangers vivant en Allemagne ont normalisé certains gestes et paroles durant l’ascension de Hitler.
Elle cite le philosophe Karl Popper : « Si nous ne sommes pas préparés à défendre une société tolérante contre l’assaut des intolérants, alors les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance. » Remplacez « tolérant » par « woke » ? Elle nous rappelle aussi des phrases célèbres : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » (Einstein). Salomé s’indigne, soulignant que le savoir est un pouvoir, et que la création fait partie de la résistance.
Jane Fonda, dans son discours devant le parterre d’acteurs pour le Screen Actors Guild Life Achievement Award, nous le prouve : « *This is big time serious folks ! And it’s not a rehearsal.* » (Ceci est un moment très sérieux les amis ! Et ce n’est pas une répétition). Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude.
L’idiot utile
« Il se prétend, lui, Trump, le maître des horloges, mais il est l’idiot utile de Poutine avant d’être l’idiot utile de la Chine. » Pour le géopoliticien et politologue français Dominique Moïsi, deux phénomènes cohabitent : l’éclatement de l’Alliance atlantique et le déclin global de l’Occident.
Et pour ceux qui pensent que personne n’avait prévu le coup de l’idiot utile, Kamala Harris, en débat présidentiel avec Trump, avait prédit : « Ils [ces dictateurs, Poutine et cie] savent très bien qu’ils peuvent vous manipuler avec la flatterie et des faveurs. » Une autre cassandre qui n’a pas été écoutée ni élue.
Camarade prolétaire
La nouvelle plateforme MUSIQC, qui permet de mettre en avant les chanteurs francophones, m’a fait redécouvrir *Ti-cul Lachance* écrite par Vigneault, chantée aussi par Pauline Julien, et *Les pauvres* de Plume Latraverse dans la liste de lecture « Camarade prolétaire ». Dans une sélection impressionnante, il y a aussi des listes comme « Sacrez-moi patience ! » et « C’est pas chaud pour la pompe à eau ».
Juste pour réentendre certaines paroles encore d’actualité, ça vaut le détour et ça fouette la résistance :
« Tu penses que je m’en aperçois pas
Que t’es rien qu’un sous-ministre
Nos vrais ministres sont aux États
C’est là qu’ils t’administrent
C’est là qu’ils font les gros fusils
Avec du fer de ton pays. »
(*Ti-cul Lachance*)
P. S. : Monsieur le Ministre Lacombe, un petit coup de pouce pour conserver notre culture vivante ? *Thank you so much !*
Ti-minou électrique
Entre les bonnes intentions des jing-a-ling de Noël et la déprime que promettait le règne Trump, je me suis inscrite au centre de bénévoles de mon quartier. Bernie Sanders assure que c’est une des façons de résister à l’individualisme et de créer des liens dans la communauté. « Ti-minou électrique » offre à des gens en perte d’autonomie de les véhiculer pour faire leurs emplettes en chantant « Résiiiiiiiiste ! Refuse ce monde égoïiiiiste ! » avec France Gall.
J’ai reçu une lettre de remerciements, mais en deux mois et demi, je n’ai reçu rien d’autre. Zéro appel. Drôle de sentiment. Même dans la section « servez-vous », on me boude. Le centre des bonnes œuvres a même vérifié auprès d’une amie de longue date afin de savoir si j’étais fréquentable.
Les optimistes sont modestes
Le professeur et ex-secrétaire du Travail sous Clinton, Robert Reich, nous donnait dix bonnes raisons de demeurer optimistes. Il note que la résistance internationale est en hausse, que les médias indépendants s’organisent, et que les manifestations augmentent.
« Il y a plus de 55 ans, j’ai participé à la résistance à la guerre du Vietnam, une résistance qui a finalement mis fin à la guerre et provoqué la démission d’un président autrefois puissant. Cette résistance nous a donné un courage dont nous ignorions même l’existence. Cela a changé la culture américaine, inspirant des chansons telles que *The Times They Are A-Changin’* et *Blowin’ in the Wind*. » Il rappelle que ce ne sont pas les démocrates qui vont changer la donne, mais le peuple qui se braque : « La résistance ne fait que commencer. »
La résistance est un refus de céder au découragement.
Chaque spermatozoïde est sacré
Tiens, je songeais à J.D. Vance, ce nataliste qui ressemble aux *commanders* de Gilead dans *La servante écarlate*, en écoutant cet extrait des Monty Python : « *Every sperm is sacred* ». Cette vidéo de Bianca Monique montre pourquoi cette même *Servante écarlate* de Margaret Atwood est l’un des livres les plus censurés aux États-Unis.
Le songe d’Athalie
Vendredi après-midi, au café Byblos, l’endroit est bondé. Le hasard a voulu que j’y croise trois amies artistes ce jour-là. Et j’ai déclamé les vers célèbres d’*Athalie* de Racine :
« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage,
Pour réparer des ans l’irréparable outrage. »
Tendant l’oreille à la table d’à côté, l’homme de théâtre Paul Lefebvre me donne immédiatement la réplique en attaquant *Bérénice* de mémoire. Avec les artistes, toute se peut tout le temps. Ça promet !
Vous
Je me faisais la remarque depuis janvier : vous m’écrivez avec la même urgence qu’en pandémie. Ce qui a changé ? Avant, vous me félicitiez tout en ajoutant votre grain de sel. Aujourd’hui, vous me demandez de ne pas quitter le navire. Il y a une progression dans l’inquiétude.
Mais vous êtes aussi un moteur essentiel dans cette dynamique. Vous êtes créatifs, généreux, partagez avec moi des liens, des lectures, des films. Ensemble, nous avançons.
Merci d’être là, les Zeitgeist ! S’informer, c’est résister.