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Système de santé en Suisse : Des délais d’attente inquiétants

by Sara
Suisse

Près d’un Suisse sur dix est actuellement en traitement pour des problèmes psychologiques, et encore plus attendent un rendez-vous avec un thérapeute. Cette situation suscite des interrogations : les Suisses sont-ils particulièrement sensibles ou souffre-t-on d’un système défaillant ? Un état des lieux s’impose.

Une administration pesante

Un jeudi matin gris et pluvieux de février, Jan Holder, 56 ans, psychiatre à Zurich, scrute un tas de documents. Dans sa semaine de 50 heures, il consacre environ 15 heures à rédiger des rapports administratifs pour les assurances maladies et les invalidités. « L’administration », observe-t-il, « engloutit presque 30 % de mon temps de travail, et ce, plus rapidement que le nombre de patients en quête d’aide. »

Une demande croissante

La plus grande clinique psychiatrique privée de Zurich, Psychcentral, a constaté un afflux constant de nouveaux patients. En 2023, 32 psychiatres et 25 psychologues y ont effectué près de 23 012 consultations, avec environ 250 nouveaux patients chaque mois. Chaque fois qu’un nouveau membre du personnel est engagé, ses créneaux sont rapidement réservés, comme si la détresse psychologique se propageait tel un virus.

Un paradoxe suisse

Avec le plus grand nombre de psychiatres par habitant en Europe, la Suisse semble bien équipée pour faire face à la demande. Cependant, il n’est pas rare que les nouveaux patients attendent des mois, voire jusqu’à un an pour une consultation, en particulier les enfants et adolescents. Comment expliquer ce paradoxe ?

Des données lacunaires sur la santé mentale

Les données concernant la santé mentale en Suisse sont rares et peu précises. Les compagnies d’assurance n’ont pas accès à des diagnostics détaillés et ne peuvent que confirmer l’augmentation des cas et des coûts. Par exemple, chez le principal assureur, Swica, les prestations liées aux problèmes psychologiques ont augmenté de plus de 60 % au cours des dix dernières années.

Évolution des mentalités

Jan Holder et Roman Buxbaum, fondateur de Psychcentral, se rejoignent sur le fait que les Suisses ne sont pas devenus plus malades, mais parlent davantage de leurs souffrances psychologiques et cherchent à obtenir de l’aide. En 2022, 22 % des Suissesses et 14 % des Suisses se disaient « modérément à gravement » concernés par des problèmes psychiques.

Les jeunes face à la détresse psychologique

Une part importante des patients de la clinique souffre de troubles de l’humeur, notamment de dépressions, représentant environ un tiers des consultations. On constate également une forte augmentation des diagnostics de troubles du spectre autistique et d’ADHD, en raison d’une meilleure identification de ces troubles chez les filles et d’une sensibilisation accrue grâce aux réseaux sociaux.

Défis d’accès aux soins

Malgré une forte densité de psychiatres, l’accès aux soins n’est pas uniforme à travers la Suisse. Dans des petites localités comme Aarberg, les stigmates demeurent, et beaucoup hésitent à admettre souffrir de dépression. Ulla Spitzer, psychiatre dans cette région, souligne que certaines patientes préfèrent justifier leurs arrêts de travail par des raisons physiques plutôt que de parler de leur santé mentale.

Une couverture insuffisante

Le manque de professionnels dans certaines régions, surtout en dehors des grandes villes, est un problème persistant. Patrick Weihs, président de la Société bernoise de psychiatrie, évoque une surcharge pour les traitements de troubles légers tandis que les cas plus sérieux, comme la schizophrénie, sont souvent négligés.

Les conséquences économiques

Les coûts liés aux problèmes de santé mentale augmentent rapidement. En 2023, plus de 785 millions d’euros ont été dépensés pour la psychothérapie. Avec des millions de journées d’absence au travail dues à des troubles mentaux, la charge économique se fait ressentir dans le système de sécurité sociale.

Conclusion inquiétante

Face à ces enjeux, il est crucial d’explorer des solutions pour améliorer l’accès aux soins et réduire les délais d’attente. La Suisse doit prendre conscience des défis de son système de santé mentale et ajuster ses pratiques pour mieux répondre aux besoins de sa population.

Système De Santé | Santé | Psychiatrie | Suisse | Délais Dattente
source:https://www.nzz.ch/nzz-am-sonntag/report-und-debatte/psychische-probleme-in-der-schweiz-nehmen-zu-sind-wir-heute-kraenker-ld.1871925

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