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Le Résistance de Yousri Al-Ghoul à Gaza face à la guerre
“Pourquoi ne pas s’être déplacé vers le sud ? Je ne me déplace pas car je me sentirais trahi en quittant le camp. Pourquoi devrais-je être celui qui s’en va ? Est-ce le rôle des élites de fuir en premier ? Ou est-ce à elles de renforcer la résistance ? Le camp est ma profondeur stratégique, mon ami.”
C’est un extrait d’un dialogue entre Yousri Al-Ghoul et son ami, le conteur palestinien Ziad Khadash, alors que la guerre fait rage dans le nord de la bande de Gaza.
Un choix de résistance
Après 15 mois d’expériences traumatisantes et de déplacements répétés entre le camp de plage et ses alentours, Al-Ghoul a répondu à une question de Al Jazeera sur son éventuel regret de ne pas s’être déplacé vers le sud. Il a souri et dit sans hésitation : « Pourquoi devrais-je m’en aller ? Si la peur de la mort doit nous faire fuir, alors un Palestinien ne doit pas mourir avant d’être un égal. »
Yousri est un écrivain et conteur palestinien issu d’une famille de réfugiés qui a été forcée de quitter son village en Palestine historique lors de la Nakba en 1948. Il a toujours eu une position ferme contre le déplacement vers le sud, portant ses principes et sa famille avec lui à plusieurs reprises, et choisissant le « combat de la volonté » contre un occupant qui souhaite répéter la Nakba et vider le nord de ses habitants.
Une voix parmi les décombres
Dans un entretien publié dans le journal local Al-Ayyam, Khadash souligne la difficulté d’interroger les écrivains de Gaza, se demandant souvent s’il est pertinent de poser des questions sur la littérature à ceux qui luttent pour leur survie. Cependant, il note que les écrivains de Gaza ont une capacité unique à gérer des questions difficiles, même celles qui semblent triviales.
Yousri est membre de l’Union des écrivains et poètes palestiniens, et il n’est pas un écrivain ordinaire. Khadash le décrit comme un « narrateur dangereux », dont la dernière œuvre, « Des vêtements qui survivent miraculeusement », projette déjà l’horreur de la guerre qui a suivi l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » le 7 octobre 2023.
La dure réalité quotidienne
Yousri évoque la vie dans Gaza, la qualifiant de « longue file d’attente ». Il décrit le processus quotidien de se lever pour faire la queue pour de l’eau potable, se rendre à la boulangerie, et attendre une aide alimentaire sous le soleil brûlant. “Après tout ce labeur, je retourne dormir dans une tente”, dit-il.
La guerre lui a coûté cher, ayant perdu de nombreux membres de sa famille, amis et même son domicile. “J’ai perdu des centaines d’amis, dont plus de 220 membres de ma famille et 20 de mes collègues”, explique-t-il, exprimant un sentiment de perte profonde et inexprimable.
Des actes de bravoure face à l’horreur
Al-Ghoul décrit les atrocités commises par l’occupant comme des « barbecues », où des soldats se délectent de la souffrance des innocents. Il partage des récits poignants, notamment celui de sa cousine, Hiba Ashour Al-Ghoul, qui a vu son mari et sa fille tués sous ses yeux.
Il raconte aussi une nuit où, affamé, il a dû manger de la nourriture pour animaux. Lorsqu’il a ouvert sa porte à des jeunes qui apportaient de la nourriture, il a été touché par leur générosité malgré les horreurs environnantes.
Un écrivain sous les bombardements
Yousri confie que l’écriture est devenue un défi dans un contexte où la douleur et la peur dominent. “La réalité est plus tragique que la fiction”, dit-il, affirmant qu’il n’a pas besoin d’imaginer des histoires, car la vie elle-même offre des récits assez tragiques.
Il a écrit plusieurs livres et articles, dont beaucoup ont été traduits dans plusieurs langues. Son dernier ouvrage, « Témoignages sur les murs de ma bien-aimée Gaza », est une collecte de récits réels qu’il a vécus ou observés, illustrant la souffrance et la résistance de son peuple.
Un avenir incertain
Malgré les défis, Yousri reste une source d’espoir et de courage pour ceux qui l’entourent, encourageant les autres à résister à la tentation de fuir. Son engagement et sa passion pour la vie et la dignité humaine, même dans les pires moments, font de lui un symbole de la résistance palestinienne.