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Les coupes budgétaires et les licenciements massifs dans l’administration américaine suscitent de vives inquiétudes concernant le démantèlement de la recherche scientifique. Cette situation alarmante est décrite par Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue de renom et ancienne coprésidente du groupe n°1 du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui évoque une véritable « démantèlement en règle » des structures de recherche.
Une censure alarmante
Valérie Masson-Delmotte souligne que ce démantèlement s’accompagne d’une censure croissante des contenus scientifiques, en particulier ceux relatifs au changement climatique, à la santé et à l’aide au développement. Des institutions telles que la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et la National Science Foundation (NSF) sont en première ligne, ayant déjà subi de sévères réductions budgétaires imposées par l’administration précédente.
Chasse aux sorcières
Des budgets significativement réduits, voire supprimés, s’accompagnent de milliers de licenciements, touchant particulièrement les jeunes chercheurs non titularisés et les femmes. Valérie Masson-Delmotte alerte sur les conséquences désastreuses que cela pourrait engendrer, notamment un « déficit de données » qui impactera la recherche climatique à l’échelle mondiale. Elle cite l’exemple des campagnes de mesures atmosphériques par ballons de la NOAA en Arctique, désormais suspendues.
Interdiction et autocensure
Un autre indicateur du démantèlement en cours est l’interdiction faite à la délégation américaine de se rendre à l’assemblée générale du GIEC à Hangzhou, en Chine. Cette situation engendre un climat de peur et d’autocensure au sein de la communauté scientifique, qui craint de s’opposer à des décisions gouvernementales. Valérie Masson-Delmotte a souligné le besoin d’un mouvement de résistance en faveur de la science, soutenu par de nombreuses sociétés savantes en France, qui ont récemment appelé à établir des dispositifs d’asile scientifique pour leurs collègues.
Une recherche en péril
La recherche scientifique aux États-Unis, qui représente près d’un quart des programmes mondiaux, notamment dans le domaine du climat, est menacée. Valérie Masson-Delmotte estime que nous assistons à une nouvelle offensive du climatoscepticisme qui cible directement la production scientifique. Les mesures incluent des restrictions sur les collaborations internationales et une remise en question des libertés académiques, le tout sous couvert d’un discours nébuleux visant à déstabiliser le rationalisme scientifique.
Un discours alarmant
La paléoclimatologue évoque des « marqueurs du fascisme » dans cette dynamique, rappelant qu’en novembre 2021, J.D. Vance, alors non vice-président des États-Unis, avait déclaré devant un congrès conservateur que « les professeurs sont l’ennemi ». Cette déclaration illustre la tension croissante entre la recherche scientifique et les décisions politiques actuelles.