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Depuis cinq ans, la crise du Covid-19 a bouleversé le monde du travail en France, révélant des aspirations profondes chez de nombreux professionnels. Pour certains, cette période de confinement a été le catalyseur d’une reconversion réussie, transformant des vies et des carrières. Voici le témoignage de deux Français qui ont fait ce choix audacieux.
Valentin Dive : du lobbying à la boucherie
Aiguiser ses couteaux, parer sa viande… Ce sont des gestes que Valentin Dive, boucher à Strasbourg, réalise chaque jour. Pourtant, il y a cinq ans, il ne connaissait pas ces pratiques. Avant la crise du Covid-19, ce trentenaire était lobbyiste dans la finance à Paris. Il confie : « Le métier que je faisais ne me plaisait pas, je m’ennuyais. »
Avec le confinement, tout a changé pour lui. Il retourne chez ses parents en Alsace et passe du temps avec son beau-père, qui aide les bouchers à se redresser financièrement. Ce dernier lui propose de l’accompagner : « J’ai toujours aimé la viande, j’ai toujours aimé visiter des fermes. J’y suis allé et je me suis dit qu’il y avait vraiment des choses à faire. »
Valentin signe une rupture conventionnelle avec son ancienne entreprise, suit une formation d’un an en alternance, et déménage à Strasbourg. Aujourd’hui, il est propriétaire de deux boucheries, Le Boucher Bien Élevé, où il a un salarié et deux apprentis. Il déclare : « On a réussi à accomplir quelque chose, à prendre des apprentis, à les former, à avoir des salariés, à avoir des clients. Vraiment, zéro regret par rapport à mon travail d’avant. »
Joana Da Silva : de l’hôpital à la pâtisserie
Près d’Orléans, le parcours de Joana Da Silva, 36 ans, ancienne infirmière en neurologie, illustre également cette tendance à la reconversion. Elle partage : « On n’avait pas de matériel : les masques, les gants… J’allais à reculons au travail, j’avais une boule au ventre. » La situation est d’autant plus difficile qu’elle a dû faire face à l’hospitalisation de son père après une infection au Covid.
Au fil du temps, Joana trouve l’inspiration en cuisinant. Elle se voit dans son propre laboratoire de pâtisserie, créant de magnifiques gâteaux. Pour concrétiser ce rêve, elle suit un CAP pâtisserie en alternance pendant un an. Son conjoint lui construit un atelier dans leur jardin. Depuis peu, elle vend des gâteaux personnalisés avec sa nouvelle entreprise, Précieux Délices, et se sent épanouie : « Je me sens beaucoup plus épanouie, j’ai retrouvé une joie de vivre que j’avais un peu perdue. »
Une tendance en hausse
Comme Joana et Valentin, près de 20 % des chefs d’entreprise de la filière artisanale sont issus de la reconversion, selon la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Son président, Joël Fourny, observe une “accélération vers des métiers d’art ou du secteur alimentaire, par passion, par envie de créer”. En particulier, les anciens cadres représentent plus de 10 % des repreneurs d’entreprises artisanales. En 2019, 12 % des repreneurs étaient des anciens cadres en reconversion selon CMA France.