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C’est à la fois une tendance TikTok et un phénomène que les ressources humaines observent en entreprise : le “taskmasking”, qui consiste à simuler une forte productivité au bureau, gagne en popularité chez la Gen Z. Cette attitude est notamment alimentée par l’obligation de revenir à temps plein au bureau et par le sentiment d’être constamment surveillés sans avoir le droit à des pauses, comme l’explique la journaliste Ellie Muir dans le quotidien britannique “The Independent”.
Le phénomène du taskmasking
*“Assise à mon bureau, je tape frénétiquement sur mon ordinateur, AirPods aux oreilles. J’ai les sourcils légèrement froncés, comme si je faisais un effort de concentration intense.”*
Mais les apparences sont trompeuses : et si Ellie Muir, journaliste de **The Independent**, était en plein taskmasking ? D’après un rapport commandé par le magazine américain *Fortune*, ce comportement est *“de plus en plus répandu chez la Gen Z, qui consiste à faire semblant de travailler et d’être très occupée pour contenter son patron.”*
“Mon chef ne saura jamais si je réponds sur ma discussion de groupe ‘Les reines du brunch’, si j’écoute un livre audio ou si je fais des achats en ligne au lieu de travailler.”
Les raisons derrière le taskmasking
Deux questions se posent. D’abord, pourquoi les salariés sont-ils de plus en plus enclins à faire semblant de travailler ? Ensuite, cela ne constitue-t-il pas *“une polémique stérile de plus pour taper sur la Gen Z et donner corps à l’image d’une génération ‘tire-au-flanc’ et ‘angoissée de la vie’”*, s’interroge Ellie Muir.
Une première analyse du taskmasking le perçoit comme une *“réponse aux mesures obligeant les employés à travailler au bureau cinq jours par semaine”,* comme l’ont récemment décidé des entreprises telles que JPMorgan, Amazon et Goldman Sachs.
Les attentes de la Gen Z
Selon une étude menée en 2022 par le King’s College de Londres, parmi la Gen Z, seule une personne sur dix souhaite travailler au bureau à plein temps. De plus, 40 % des *“16-24 ans”* préfèrent accomplir des tâches importantes lorsqu’ils sont à distance, contre 25 % des 25-49 ans.
Ce phénomène s’explique notamment par le fait que les jeunes ont souvent suivi tout ou partie de leurs études chez eux à cause de la pandémie. *“J’ai suivi ma deuxième et troisième année de licence depuis ma chambre, donc j’ai du mal à croire que la présence au bureau soit synonyme de productivité et d’efficacité.”*
Les frustrations au travail
Les jeunes salariés sont souvent sous-payés, surchargés de travail et obligés d’écouter leurs collègues plus expérimentés. Selon Gabrielle Judge, créatrice de contenu et autrice, le taskmasking est le fruit *“d’une frustration et d’une certaine amertume à ce sujet.”*
Une productivité souvent illusoire
Il est illusoire de croire que les salariés sont productifs et efficaces huit heures par jour. En témoignent des initiatives comme la semaine de quatre jours ou encore la tendance de la ‘morning routine 5-9’, qui consiste à se lever à 5 heures du matin pour optimiser sa journée.
Une enquête menée auprès de 1 063 employés américains a révélé qu’un salarié moyen est productif quatre heures et trente-six minutes par jour, soit 57,5 % de son temps de travail.
Réflexions pour les employeurs
D’après Gabrielle Judge, la question que les employeurs doivent se poser est : *“À quel point est-il important pour nous de travailler tous ensemble sur place ?”*
En attendant, *“si jamais mon chef, le chef de mon chef ou le chef du chef de mon chef lit cet article : qu’il sache qu’en tant qu’employée dévouée je ne me permettrais jamais, au grand jamais, de faire du taskmasking.”*