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« Notre pays ne produit pas assez. » Ce constat, formulé par François Bayrou pour expliquer les difficultés à financer la dépense publique en France, soulève une interrogation majeure : la production économique tricolore est-elle réellement insuffisante ? Une analyse des données européennes récentes permet de mieux situer la France face à ses voisins en matière de production économique.
Comparaison du PIB par habitant en Europe
Selon Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) par habitant en France s’élève à environ 43 000 euros en 2024. Ce chiffre est inférieur à celui de certains pays voisins, tels que l’Allemagne (51 000 euros) et la Belgique (52 000 euros). En revanche, il reste supérieur à celui de l’Italie (37 000 euros) et de l’Espagne (33 000 euros). Il est intéressant de noter qu’en 1980, les niveaux de PIB par habitant étaient comparables entre la France, l’Allemagne et les États-Unis, témoignant d’évolutions divergentes depuis plusieurs décennies.
Productivité et richesse par travailleur
Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, souligne que la richesse produite par personne employée en France demeure assez bonne, parfois même supérieure à celle de l’Allemagne. Cependant, la France reste en retrait par rapport à d’autres pays européens comme l’Autriche ou les Pays-Bas, qui affichent de meilleures performances en termes de productivité.
Le rôle du taux d’emploi dans la production économique
Un facteur essentiel expliquant ce décalage est le taux d’emploi. Selon l’OCDE, ce taux est de 69 % en France, contre 75 % au Royaume-Uni et au Canada, et jusqu’à 82,5 % aux Pays-Bas. La participation au marché du travail est particulièrement faible aux extrémités de la vie professionnelle : les jeunes entrent plus tard dans la vie active et les seniors partent plus tôt à la retraite.
Pour remédier à cette situation, il est indispensable d’intensifier les efforts en matière de formation, notamment continue. Ainsi, un ouvrier du bâtiment incapable de travailler jusqu’à 60 ans devrait pouvoir se reconvertir efficacement dans un autre métier, expliquent les experts économiques.
La course à la haute valeur ajoutée
Au-delà de la quantité produite, la France accuse un retard dans la production à haute valeur ajoutée. Les secteurs technologiques avancés, qui génèrent une forte valeur ajoutée par travailleur, sont aujourd’hui le terrain de compétition entre grandes économies européennes.
Par exemple, l’Allemagne s’est spécialisée dans la fabrication de robots industriels et de machines-outils, augmentant ainsi la valeur ajoutée générée par ses salariés. Face à cette réalité, la France doit impérativement se positionner sur des créneaux haut de gamme pour renforcer sa compétitivité et son dynamisme économique.