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La stratégie commerciale de l’administration Trump prend un tournant décisif avec une volonté affichée d’isoler la Chine sur le plan économique mondial. Cette initiative s’appuie sur des négociations impliquant plus de 70 pays, visant à limiter le rôle de Pékin dans leurs économies respectives, en échange d’allègements sur les droits de douane imposés par les États-Unis.
Une stratégie d’isolement économique de la Chine via les négociations commerciales
Selon le Wall Street Journal, le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent souhaite que les partenaires commerciaux des États-Unis restreignent leur collaboration avec la Chine. L’objectif est d’empêcher la Chine :
- d’expédier des marchandises à travers leurs territoires,
- d’établir des filiales pour contourner les droits de douane imposés par Washington,
- d’intégrer des biens industriels chinois à bas coût dans leurs économies.
Ces mesures ont pour but d’affaiblir l’économie chinoise et de réduire l’influence de Pékin dans les négociations à venir, notamment lors d’éventuels pourparlers entre Donald Trump et le président chinois Xi Jinping. Les exigences spécifiques pourraient varier selon le degré d’intégration économique de chaque pays avec la Chine.
Cette idée d’isoler la Chine a été proposée à Trump par Scott Bessent lors d’une réunion à Mar-a-Lago le 6 avril dernier. Le plan a reçu un large soutien au sein de l’administration américaine, même si des débats persistent quant à la portée et à la sévérité des droits de douane à appliquer. L’exclusion de la Chine pourrait également s’étendre à la suspension des actions chinoises sur les marchés boursiers américains.
Impacts sur les marchés financiers et l’industrie technologique
Wall Street a réagi négativement à cette montée des tensions commerciales. Sous l’influence de ces mesures et des propos du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, les indices boursiers américains ont enregistré de fortes baisses :
- Dow Jones : baisse de 1,41% à 39 803 points,
- Nasdaq : chute de 3,13% à environ 16 300 points,
- S&P 500 : recul de 2,15% à 5 280 points.
Ces mouvements sont en partie liés à la décision américaine d’interdire la vente en Chine des puces électroniques H20 de Nvidia, conçues pour respecter les contrôles à l’exportation. Cette décision contraint Nvidia à demander une licence spéciale pour toute exportation en Chine, ce qui devrait coûter à l’entreprise une perte estimée à 5,5 milliards de dollars (environ 5,2 milliards d’euros) pour le trimestre se terminant fin avril.
Le géant des semi-conducteurs AMD est également affecté, avec une chute de son action de 7,3%. Globalement, le secteur des semi-conducteurs subit un recul important sur les marchés américains.
Réactions internationales et perspectives économiques mondiales
La Chine a riposté en appelant les États-Unis à cesser leurs plaintes, via le journal officiel China Daily. Par ailleurs, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a abaissé ses prévisions de croissance des échanges commerciaux mondiaux, anticipant une baisse de 0,2% du volume du commerce de marchandises en 2025, voire jusqu’à -1,5% en cas d’escalade des tensions tarifaires.
De son côté, Fitch Ratings a revu à la baisse les prévisions de croissance mondiale pour 2024, à moins de 2%, soit 0,4 point de moins que précédemment. La croissance américaine est estimée à +1,2%, celle de la Chine à moins de 4%, et la zone euro à moins de 1%. Fitch anticipe par ailleurs un maintien des taux d’intérêt par la Fed jusqu’au dernier trimestre.
Conséquences industrielles et économiques
Face aux politiques tarifaires américaines, certains industriels ajustent leur stratégie. Honda a ainsi annoncé le transfert de la production de la Civic hybride du Japon vers son usine de l’Indiana, aux États-Unis, afin de limiter l’impact des droits de douane.
Sur le marché des matières premières, le pétrole West Texas Intermediate (WTI) a progressé de 2,14% à 62,64 dollars le baril (environ 58,50 euros), porté par les rumeurs de négociations commerciales entre Washington et Pékin. Le gaz naturel à Amsterdam a également connu une hausse, atteignant 35,5 euros par mégawattheure (+3,3%).
Contexte géopolitique et tensions militaires
Les tensions entre Washington et Pékin s’étendent aussi au domaine militaire. Le ministère chinois de la Défense a critiqué l’augmentation prévue du budget militaire américain à plus de 1 000 milliards de dollars (environ 965 milliards d’euros) pour l’année fiscale 2026, dénonçant une politique belliqueuse et une obsession pour la suprématie mondiale qui ne profitera à personne.
Ouverture des marchés et réactions en Asie et en Europe
Les places boursières asiatiques ont clôturé en baisse, notamment Tokyo (-1%), Hong Kong (-2,4%) et Shanghai (-0,63%), sous la pression des inquiétudes liées aux droits de douane américains. En Europe, les marchés ont également ouvert en territoire négatif, avec Paris en recul de 0,8%, Francfort de 0,64% et Londres de 0,19%, dans l’attente des décisions de la Banque centrale européenne (BCE) attendue pour demain.