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Libye : La nouvelle envoyée de l’ONU face aux défis politiques et électoraux

by Sara
Libye

La nouvelle envoyée de l’ONU en Libye face à un héritage complexe

Han Siro Titeh, la nouvelle envoyée spéciale des Nations unies en Libye, s’apprête à présenter son premier rapport devant le Conseil de sécurité international le 17 avril. Elle hérite d’une situation politique complexe marquée par l’échec des précédents envoyés onusiens, incapables de sortir la crise de l’impasse dans laquelle elle stagne depuis longtemps.

Plusieurs questions se posent : quelles nouveautés apportera-t-elle ? Où en sont les consultations de la commission consultative sur les lois électorales ? Et quelle est l’efficacité des initiatives locales actuellement proposées ?

Un rapport attendu sur les avancées politiques, sécuritaires et économiques

Le bureau de communication de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) indique que le rapport couvrira les derniers développements dans les domaines politique, sécuritaire et économique, avec une référence particulière au travail de la commission consultative.

La commission devrait remettre ses recommandations concernant les points litigieux des lois électorales à la MANUL d’ici la fin avril.

Pourtant, Naima Al-Hami, membre du Conseil d’État, doute que la nouvelle envoyée apporte des changements significatifs. Elle estime que le succès de Titeh dépendra de la cohésion des grandes puissances au Conseil de sécurité, de sa capacité à limiter les ingérences régionales et de sa pression sur les acteurs bloquant toute résolution politique, ces derniers cherchant à préserver leur influence.

Des critiques sur le rôle et les méthodes de la mission onusienne

Jibril Ouhida, membre du Parlement, critique la mission onusienne, l’accusant de gérer la crise en coordination avec des ambassadeurs et gouvernements étrangers aux intérêts divergents, souvent éloignés de la volonté des Libyens.

Belkacem Debrez, rapporteur du Conseil d’État, espère que le rapport de Titeh inclura les dernières propositions de la commission consultative sur les lois électorales. Il appelle la mission à promouvoir un référendum constitutionnel, qu’il considère comme la meilleure option.

Le politologue Kamel Marach critique la mission pour son manque d’avancées, imputant cela à une série de rencontres qu’il qualifie de routinières, principalement avec des diplomates étrangers plutôt qu’avec les responsables libyens concernés.

Des visions divergentes sur les approches de la mission onusienne

Ayoub Al-Ojli déplore l’absence de vision politique claire de la mission, qui semble adapter ses messages selon l’interlocuteur, par exemple en parlant d’unification du pouvoir exécutif avec le président du Parlement, mais en omettant ce point avec le chef du gouvernement d’union.

Mohamed Matrid estime qu’on ne doit pas attendre de changement radical dès le premier rapport de Titeh. Il prévoit un exposé de la situation actuelle accompagné d’appels généraux, mais souligne que l’impact dépendra du ton adopté. Un diagnostic clair des blocages pourrait ouvrir une brèche, tandis qu’une répétition des rapports précédents risquerait de décevoir dans ce dossier lourd et stagnant.

Abdelmoneim Al-Orfi, député, anticipe que la nouvelle envoyée présentera les résultats de la commission consultative et que le Parlement tranchera ensuite sur ses recommandations.

Un soutien conditionnel aux initiatives de la mission onusienne

Naima Al-Hami accueille favorablement toute initiative susceptible de mettre fin à la division politique et de renouveler la légitimité des institutions. Elle souligne toutefois que la mission ne pourra pas imposer de solution dépassant les acteurs légitimes libyens, insistant sur une solution fondée sur les aspirations à un État civil démocratique.

Saad Ben Sharada, membre du Conseil d’État, confirme que ce dernier soutiendra la mission si celle-ci propose une feuille de route claire avec un calendrier précis pour organiser des élections présidentielles et législatives.

Du côté du Parlement, Abdelmoneim Al-Orfi affirme sa disposition à coopérer avec toute initiative visant à résoudre la crise.

Les obstacles à l’adoption d’une base constitutionnelle

Alors que Jibril Ouhida évoque un accord imminent entre le Parlement et le Conseil d’État pour renouveler la légitimité par des élections législatives et reporter la présidentielle après un référendum constitutionnel, Naima Al-Hami indique que le consensus sur les lois électorales n’est pas encore atteint. Elle rappelle que seuls des membres du Conseil d’État ont négocié avec le président du Parlement, mais que cette entente a été rejetée par la majorité, provoquant une division interne.

Saad Ben Sharada pointe la commission consultative chargée d’examiner les lois électorales comme un frein majeur, craignant que ses interventions ne conduisent à des exclusions.

Mohamed Matrid qualifie l’accord récent entre les deux assemblées d’« accord des craintifs », motivé par la pression onusienne qui pourrait les évincer, mais doute d’une traduction concrète en feuille de route unifiée.

Ayoub Al-Ojli estime que ce consensus vise surtout à renverser le gouvernement d’union nationale, qualifiant les résultats de la réunion du Caire de « paroles sans suite ».

Kamel Marach considère que les résultats du Caire sont positifs mais ont été contrecarrés par la mission onusienne et le gouvernement d’union, qui ont cherché à affaiblir le Conseil d’État, paralysant ainsi toute avancée législative électorale.

Les initiatives locales en question

Dans un contexte d’initiatives locales nombreuses et divergentes, Moussa Al-Koni, député au Conseil présidentiel, promeut le retour du système régional des trois provinces. Par ailleurs, Abdullah Al-Lafi, également député, propose une initiative visant à restaurer la confiance entre les parties via l’élection directe d’un nouveau Conseil présidentiel. Les récentes activités des deux assemblées législatives ont aussi donné naissance à plusieurs comités.

Ayoub Al-Ojli considère que ces initiatives sont irréalisables. Selon lui, celle d’Al-Lafi ne cible pas la racine de la crise liée à l’absence d’institutions étatiques solides. Quant à l’initiative d’Al-Koni, elle suscite des soupçons, notamment en raison de ses liens avec la France, qui chercherait à créer un État touareg à la frontière libyenne pour contrer l’influence russe en Afrique.

Mohamed Matrid partage ces inquiétudes, voyant dans l’initiative d’Al-Koni un risque de division réelle ou de fédéralisation tacite du pays.

Les scénarios envisageables après le rapport de Titeh

Mohamed Matrid anticipe trois scénarios possibles :

  1. Un appui fort à la mission onusienne, nécessitant un soutien international robuste et un mandat clair. Sans cela, Titeh pourrait répéter les erreurs de son prédécesseur Abdallah Batili.
  2. Le scénario le plus probable : la poursuite des initiatives locales avec un statu quo persistant.
  3. Le scénario le plus dangereux : un vide négociatif où la mission se retirerait, stoppant toute avancée et laissant la crise s’enliser entre reports et tergiversations.

Ayoub Al-Ojli prévoit que la mission s’attachera à promouvoir les recommandations de la commission consultative, mais que ce chemin se heurtera à l’obstruction du Premier ministre Abdelhamid Dbeibeh. Ce dernier pourrait même déclencher un conflit à Tripoli pour empêcher toute démarche qui menacerait sa position au pouvoir.

Image illustrative

Deux drapeaux libyens flottant sur la place des Martyrs à Tripoli, symboles des enjeux politiques et des aspirations nationales.

Deux drapeaux libyens sur la place des Martyrs à Tripoli

La mission onusienne en Libye a annoncé en février la formation d’une commission consultative pour soutenir l’organisation des élections présidentielle et législatives tant attendues.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/4/17/%d9%87%d9%84-%d8%aa%d9%86%d8%ac%d8%ad-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%a8%d8%b9%d9%88%d8%ab%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%85%d9%85%d9%8a%d8%a9-%d9%84%d9%84%d9%8a%d8%a8%d9%8a%d8%a7

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