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Lebanon et Syrie : Crainte de la montée du trafic d’armes à la frontière

by Sara
Liban, Syrie

Crainte d’une montée du trafic d’armes à la frontière libano-syrienne

À Deir Al-Ashayer, une localité frontalière, le maire Ahmed Nasr exprime son inquiétude face au rôle croissant des trafiquants d’armes et de produits interdits transitant de la Syrie vers le Liban. Il s’interroge particulièrement sur le ciblage des villages situés sur les pentes du Mont Hermon, soulignant un phénomène inquiétant.

Cette inquiétude survient peu après l’arrestation par l’armée libanaise, le 10 avril dernier, d’un réseau de trafic d’armes lourdes traversant la frontière. « Nous ne savons pas à qui ces armes profitent ni leur destination finale, que ce soit pour semer la discorde ou pour le commerce illégal », déclare le maire.

Un territoire aux frontières imbriquées

Les villages de Deir Al-Ashayer, Kfarkouk, Aayha, Yanta et Halwa sont naturellement reliés au Mont Hermon. La topographie montagneuse crée un enchevêtrement foncier avec les villages syriens en face, tels que Mzarat Deir Al-Ashayer, Rakhla, Dimas, Yaafour et Ras Al-Ain.

Le régime syrien précédent aurait exploité cette géographie complexe pour organiser des réseaux de contrebande, provoquant des tensions entre les populations des deux côtés et empêchant notamment les agriculteurs libanais d’accéder à leurs terres.

Un contexte géographique et sécuritaire complexe

Le maire Nasr souligne que la distance entre Deir Al-Ashayer au Liban et la ferme portant le même nom en Syrie est seulement de deux kilomètres, mais la ferme appartient au Liban et est habitée par des Syriens, illustrant ainsi la complexité de la situation.

Les montagnes et les forêts denses attirent les trafiquants, qui cherchent à profiter de la situation instable avant la consolidation des nouveaux régimes en Syrie et au Liban. Malgré cela, l’armée libanaise joue un rôle actif dans la lutte contre ces réseaux.

Après que la coordination sécuritaire entre le Liban et la Syrie a réussi à contenir des affrontements dans la région de Hosh Al-Sayyed Ali en mars, les routes de contrebande ont changé de direction vers des zones plus éloignées et géographiquement plus difficiles à contrôler du côté libanais, tandis que du côté syrien, elles restent relativement ouvertes.

Une région marquée par des tensions historiques

Selon Nadim Abdel Khaleq, chef du village de Kfarkouk, le régime syrien précédent a appliqué une politique de grignotage des terres agricoles libanaises, supprimant les bornes frontalières et organisant ouvertement la contrebande.

Il confirme que l’armée libanaise contrôle désormais la zone, avec des barrages fixes à Deir Al-Ashayer et Halwa, interdisant l’accès aux visiteurs non autorisés. Néanmoins, il déplore que certains villageois ne puissent toujours pas atteindre leurs propriétés à cause de la complexité des frontières.

Il souligne aussi que le déplacement des routes de contrebande vers leur région révèle des difficultés supplémentaires, espérant une vigilance accrue des autorités syriennes pour un règlement durable.

Des inquiétudes sécuritaires persistantes

Des sources officielles de sécurité confirment que les zones syriennes à l’est des villages sur les pentes du Mont Hermon étaient autrefois remplies de sites militaires du régime précédent. Elles craignent la présence d’anciens officiers et éléments ayant saisi des armes lourdes, susceptibles d’être liés à des trafiquants syriens et libanais.

Wafi Arabi, originaire du district de Rashaya, souligne l’importance que la nouvelle administration syrienne exerce un contrôle effectif sur ces zones frontalières. Bien que la Syrie traverse une période de transition, il appelle à des solutions rapides pour éviter que le trafic ne continue d’être un sujet de préoccupation.

Du côté libanais, il confirme que la sécurité est renforcée grâce à la présence militaire et aux barrages fixes et mobiles dans les villages et zones montagneuses, notamment dans Aayha, Halwa, Kfarkouk, Yanta et les hauteurs de Rashaya. Néanmoins, il insiste sur le fait que cela ne signifie pas l’arrêt total des activités des trafiquants.

Actions militaires récentes et saisies importantes

Dans le cadre de la lutte contre la contrebande, l’armée libanaise a récemment perquisitionné la région de Al-Qasr dans le gouvernorat de Hermel, saisissant des armes lourdes et des produits interdits. Des affrontements avec des groupes de trafiquants armés ont également eu lieu à Aayha, avec plusieurs arrestations.

Par ailleurs, une camionnette chargée d’équipements pour la fabrication de Captagon – une drogue synthétique – a été interceptée dans la zone de Samaka à Hermel, destinée à être introduite illégalement depuis la Syrie vers le Liban.

Appels à renforcer la coopération et la sécurité

Cheikh Manour Abu Derhamin, membre du conseil religieux de la communauté druze et originaire de Kfarkouk, alerte sur la situation chaotique du trafic à la frontière, due à la géographie et à l’absence de contrôle sur la contrebande dans toute la frontière orientale.

Il met en garde contre l’augmentation récente des activités de trafiquants d’armes et de produits interdits, soulignant les risques majeurs encourus par la population locale.

Pour lui, toute rencontre entre les gouvernements libanais et syrien constitue une occasion cruciale de résoudre les questions frontalières, y compris la démarcation et les nombreux dossiers en suspens entre les deux pays.

Il assure le soutien à la nouvelle administration libanaise, saluant ses efforts pour traiter sérieusement ces problèmes avec la Syrie, ce qui, selon lui, servira les intérêts des deux nations.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/4/18/%d9%85%d8%ae%d8%a7%d9%88%d9%81-%d8%b3%d9%83%d8%a7%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%82%d8%b1%d9%89-%d8%a7%d9%84%d8%ad%d8%af%d9%88%d8%af%d9%8a%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d9%84%d8%a8%d9%86%d8%a7%d9%86%d9%8a%d8%a9

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