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Un projet immobilier islamique suscite la controverse au Texas
Au Texas, État américain gouverné par des républicains conservateurs proches de l’ancien président Donald Trump, un vif débat éclate autour d’un projet immobilier islamique. Ce projet ambitieux inclut des logements, une école, un hôpital et une mosquée, et il a suscité des réactions hostiles allant jusqu’à l’ouverture d’une enquête par les autorités locales.
Imran Chaudhry, promoteur immobilier à l’origine de cette initiative, ne s’attendait pas à une opposition si virulente. Son projet, qui comprend 1000 unités résidentielles, une école, un hôpital, un centre pour personnes âgées et une mosquée, vise à servir la communauté musulmane locale.
Des menaces et une enquête locale
Chaudhry a reçu des messages menaçants, dont certains lui ordonnent de quitter le pays tant qu’il en est encore temps. Parallèlement, les autorités ont lancé une enquête sur ce projet.
Sur le réseau X, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, connu pour sa politique stricte sur l’immigration, a déclaré : « Soyons clairs, il n’y a pas de place pour la charia au Texas ». Il a aussi affirmé que l’État ne tolérerait pas les « zones interdites », terme employé par les conservateurs pour désigner certains quartiers perçus comme hors la loi.
Le sénateur républicain John Cornyn a exigé une enquête, estimant que le projet pourrait violer les droits constitutionnels des résidents juifs et chrétiens du Texas.
Une réponse ferme du promoteur
À Plano, près de Josephine, où le projet doit voir le jour, Imran Chaudhry réfute ces accusations. Originaire du Pakistan et président du groupe immobilier à l’initiative du projet, il affirme avec ironie : « Nous n’allons pas instaurer notre propre police ou brigade de pompiers ».
Il insiste sur le fait que le quartier ne sera pas une zone interdite ni réservée aux musulmans. « Oui, il y aura une mosquée, mais elle sera ouverte à tous, tout comme nos services, notre centre communautaire, notre école, notre hôpital et les autres installations », précise-t-il.
Chaudhry tient à rassurer les habitants inquiets : « Nous n’avons jamais évoqué la charia », cherchant ainsi à apaiser les tensions autour de la création d’un quartier dédié à une communauté religieuse.
Un climat d’intolérance et de peur
Le Texas fait partie d’une dizaine d’États américains ayant adopté des lois visant à interdire la charia islamique. Des organisations non gouvernementales dénoncent une influence croissante de l’extrême droite dans ces régions.
Face à la controverse, le gouverneur Abbott a chargé les forces de sécurité d’enquêter sur d’éventuelles « activités criminelles » liées au projet immobilier.
Le nom du projet, « Epic City » (abréviation de East Plano Islamic Center), prête à confusion. Il ne s’agit pas d’une ville indépendante, mais d’un quartier résidentiel qui devrait être achevé dans les 15 prochaines années.
Selon Dan Cogdell, avocat d’Imran Chaudhry, les déclarations du gouverneur ont attisé la haine contre les musulmans de Plano et des environs. Il dénonce des « informations erronées choquantes » et une « haine virulente » provoquée par ces propos.
Une communauté musulmane en croissance et confrontée au racisme
Les musulmans ont commencé à s’installer à Plano il y a environ 20 ans. Leur nombre est aujourd’hui estimé à environ 5 000 personnes.
Mouitri Rahman, spécialiste en marketing originaire du Bangladesh, espère construire une maison pour sa famille dans « Epic City ». Elle affirme avoir investi en toute confiance et rejette les fausses rumeurs autour du projet.
L’imam Yasir Qadri, issu d’une famille pakistanaise de Houston, raconte que l’ouverture de la mosquée a attiré de nombreux habitants musulmans à Plano, au point que l’espace commence à manquer.
Il exprime également son inquiétude face à la montée du racisme et des crimes haineux, citant notamment une récente agression contre trois jeunes filles afghanes dans une école de Houston. Accusé lui-même à tort de terrorisme, il dénonce un climat où « ils nous terrorisent ».
Pour lui, il est impossible de comparer la diffusion d’informations mensongères par des comptes anonymes et l’incitation à la haine de l’extrême droite avec les propos d’élus locaux.
Fouzia Bilal, enseignante d’origine bangladaise, souligne que les musulmans sont « comme n’importe quelle autre communauté » dans ce pays occidental. Elle rappelle : « Nous sommes vos fonctionnaires, vos médecins, vos ingénieurs. Nous contribuons à ce grand pays en vivant le rêve américain comme tout le monde ».