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Emmanuel Macron entame ce lundi 21 avril une tournée de cinq jours dans l’océan Indien, débutant par Mayotte, afin d’accélérer la reconstruction de l’archipel après le passage dévastateur du cyclone Chido. Cette visite présidentielle inclut également des étapes à La Réunion, Madagascar et l’île Maurice, où le chef de l’État veut renforcer la présence française dans une région stratégique.
Reconstruction et enjeux à Mayotte
Quatre mois après le passage du cyclone Chido, qui a causé 40 morts et environ 3,5 milliards d’euros de dégâts, Mayotte, département le plus pauvre de France, peine encore à se relever totalement. La pression migratoire venue des Comores complique davantage la situation économique et sociale locale.
Lors de sa précédente visite en décembre, Emmanuel Macron avait promis de revenir pour « lancer le temps de la reconstruction ». Malgré les travaux d’urgence pour rétablir l’eau, l’électricité et les télécommunications, les habitants constatent encore de nombreux problèmes : « On voit encore des montagnes de déchets, des fils électriques par terre, des toits à l’air libre », regrette Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou.
Le président s’est engagé à rebâtir l’habitat et les infrastructures à l’image de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, avec des règles spéciales et des délais raccourcis. L’Élysée affirme que « Mayotte doit être plus belle demain qu’elle ne l’était même avant le cyclone, car le territoire était déjà en pleine fragilité ».
Un Conseil des ministres dédié à Mayotte
Arrivé à 8 h 30 (7 h 30 heure de Paris) à Mamoudzou, Emmanuel Macron rencontrera d’abord la population puis les représentants du secteur agricole. Il s’entretiendra également avec les élus locaux autour du projet de loi de programmation de la « refondation » de l’archipel.
À 17 heures (16 heures, heure de Paris), le président prononcera un discours avant de présider un conseil des ministres en visioconférence depuis l’avion qui le conduira vers La Réunion. Ce texte prévoit notamment un volet important de lutte contre l’immigration clandestine en provenance des Comores et contre l’habitat illégal, avec une adoption attendue au Parlement d’ici cet été.
Une loi d’urgence facilitant la reconstruction, notamment par des assouplissements en matière d’urbanisme et de commande publique, avait déjà été adoptée en février. Le projet de loi de « refondation » vise des mesures structurelles pour le développement économique et social, selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls.
Sanitaire et stratégie à La Réunion
Après Mayotte, Emmanuel Macron se rendra à La Réunion, également affectée par le cyclone Garance en février, qui a entraîné cinq décès et des dégâts estimés à près de 250 millions d’euros, dont 150 millions pour le secteur agricole.
Le président consacrera une part importante de son séjour à la lutte contre l’épidémie de chikungunya, transmise par le moustique tigre, qui a déjà causé six décès depuis le début de l’année.
Il réaffirmera le rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique, où la France souhaite asseoir son influence grâce à ses territoires ultramarins et à son vaste espace maritime, le deuxième au monde après les États-Unis. La base navale implantée sur l’île joue un rôle clé dans le contrôle du commerce international et dans la protection des ressources naturelles, dans un contexte de rivalités internationales croissantes.
Coopération et sécurité maritime à Madagascar et à l’île Maurice
À Madagascar, où la dernière visite présidentielle française date de 2005, Emmanuel Macron mettra l’accent sur le renforcement des échanges commerciaux et des investissements. Les discussions aborderont des sujets sensibles comme les Îles Éparses, territoire français contesté par Madagascar, avec l’objectif de relancer la Commission mixte créée en 2019.
Un autre point délicat concerne l’intégration de Mayotte à la Commission de l’océan Indien (COI), à laquelle s’opposent les Comores qui contestent la souveraineté française sur l’île. Le président évoquera ce dossier de manière pragmatique lors du cinquième sommet de la COI à Madagascar, avec comme enjeu la participation de Mayotte aux programmes de coopération régionale.
Enfin, à Madagascar puis à l’île Maurice, la sécurité maritime sera au cœur des échanges, ainsi que la protection des océans face au changement climatique et à la pollution plastique, des défis majeurs pour la région.