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Les Pays-Bas, pourtant parmi les nations les plus intelligentes, riches et prospères, se retrouvent depuis plusieurs années incapables de trancher dans les décisions difficiles. La politique hollandaise semble bloquée, notamment face aux défis cruciaux qui s’annoncent en 2025. Après de longs mois d’attente, les promesses d’un printemps politique porteur de décisions majeures sur la réduction des émissions d’azote et de gaz à effet de serre ainsi que sur le financement de dépenses publiques colossales restent lettre morte. La coalition au pouvoir — composée du PVV, VVD, NSC et BBB — reporte encore une fois les choix douloureux à plus tard.
Un déficit de décisions sur les enjeux climatiques et budgétaires
Les milliards d’euros supplémentaires indispensables à la défense nationale ne sont toujours pas budgétisés. Les choix difficiles en matière de politique climatique, censés se faire sentir dans la vie quotidienne des citoyens, restent en suspens. Le plan majeur sur l’azote présenté récemment par le gouvernement nécessite encore des précisions. Jan Willem Erisman, professeur et expert en azote, déplore l’absence de clarté sur le moment et la manière dont les émissions d’azote dans le secteur agricole vont diminuer, ainsi que sur les garanties pour ce faire.
Après tant de débats sans résolution, le cycle politique reprendra probablement dès août, lorsque les négociations sur le budget annuel — la Miljoenennota — recommenceront. Pourtant, il est évident depuis plusieurs années que ces choix difficiles sont inévitables. L’industrie lourde et l’agriculture doivent subir une transformation profonde, alors que l’économie atteint ses limites, le réseau électrique est saturé et les pénuries de personnel se multiplient.
Un territoire aux capacités limitées face aux demandes croissantes
Le gouvernement a reconnu devant le roi lors du Prinsjesdag que l’ensemble des demandes politiques ne peut s’inscrire dans les contours actuels des Pays-Bas. La bataille pour l’espace disponible s’intensifie. Il faut trouver des surfaces pour gérer les conséquences du changement climatique, telles que la rétention d’eau, loger une population croissante et déployer un nouveau système énergétique.
Parallèlement, il faudra probablement consacrer plus de ressources matérielles et humaines à la défense. Le professeur Jeroen Hinloopen souligne le dilemme : où stocker les missiles Tomahawk récemment acquis par le pays ? Où trouver les soldats supplémentaires ? Selon lui, la défense est un bien collectif classique que tout le monde souhaite mais auquel personne ne veut contribuer pleinement, ce qui complique la répartition des ressources.
Une gouvernance en panne et ses conséquences
Le refus de prendre des décisions conduit à une perte de contrôle : « si vous ne décidez pas, on décide pour vous », avertit Jeroen Hinloopen. Cela se traduit par un système où les ressources limitées sont attribuées selon la rapidité d’action, l’ancienneté ou la richesse. Les inégalités se creusent, par exemple dans le domaine de l’éducation avec le recours aux cours particuliers. Le manque de personnel poussera l’administration à échouer dans ses missions, minant ainsi la confiance dans la politique.
Ce refus de choisir exacerbe les tensions sociales, car toute augmentation de l’espace ou des ressources pour un groupe se fait au détriment d’un autre. Le système fiscal, pourtant une réforme bureaucratique relativement simple, n’a pas été révisé depuis quinze ans, témoignant d’une incapacité générale à opérer des changements. Des projets de grande envergure, comme les Deltawerken ou une ligne ferroviaire Amsterdam-Groningue, paraissent désormais inenvisageables.
Une économie et une société en perte de dynamique
Le blocage politique freine l’évolution économique et l’innovation. La place limitée est déjà occupée par des entreprises existantes, et l’absence de renouvellement risque de rendre obsolètes les productions nationales, alors que le reste du monde continue de progresser. Le potentiel économique des Pays-Bas reste élevé grâce à une forte valeur ajoutée par kilomètre carré, mais les dirigeants sont comparés à des baigneurs au bord de la piscine : riches, mais peu enclins à se mouiller.
Le coût du statu quo ne cessera d’augmenter, tout comme les souffrances à venir. Cette paralysie politique affecte particulièrement le secteur agricole. La surcharge en azote entraîne une hausse des coûts d’élimination des déchets organiques, tandis que le manque de perspectives claires pousse les agriculteurs à s’endetter davantage. La tendance au regroupement des exploitations au détriment des petites fermes, essentielles à la vie rurale, est une conséquence directe de cette politique d’inaction.
Le choix, un enjeu politique majeur
Choisir reste difficile, car imposer des sacrifices alimente inévitablement les conflits politiques. Toutefois, l’absence de décision entraîne des effets tout aussi néfastes : affaiblissement de la confiance dans les institutions et perte de résilience économique. L’impasse politique aux Pays-Bas pose aujourd’hui un risque majeur pour l’avenir économique, écologique et social du pays.