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Korab Rashiti, député du canton de Berne pour l’UDC et originaire du Kosovo, suscite la controverse avec ses prises de position radicales tant en Suisse que dans la politique kosovare. Par des propos provocateurs, notamment des comparaisons limites avec Hitler, il cherche à rallier la diaspora albanaise du Kosovo en Suisse et à concurrencer l’influence de la gauche libérale kosovare.
Un politique libertarien aux revendications radicales
Korab Rashiti, libertarien assumé, propose notamment la création d’un « Département de l’efficacité gouvernementale » dans le canton de Berne, inspiré par un modèle américain ayant prétendument permis d’économiser plus de 90 milliards d’euros en quelques semaines. Avec son collègue Samuel Kullmann (EDU), il réclame aussi l’adoption d’une stratégie cantonale pour le bitcoin, la relance du projet autoroutier Westast à Bienne et l’annulation de l’interdiction de circuler dans le quartier de la gare biennoise, organisation d’une manifestation à l’appui.
Provocations et comparaisons controversées
Sur les réseaux sociaux, Rashiti ne recule pas devant des comparaisons audacieuses entre le Premier ministre kosovar Albin Kurti et des figures telles que Hitler ou Kim Jong-un. En janvier, il a dénoncé la politique de Kurti comme « national-socialiste », estimant que l’instrumentalisation des sentiments nationaux combinée à une politique socialiste constitue une menace sérieuse pour le Kosovo.
Il justifie l’emploi de ce terme controversé en se référant notamment à la page Wikipédia française consacrée à Albin Kurti. Rashiti utilise Facebook pour « freiner l’influence croissante des idées socialistes en Suisse », arguant que de nombreuses personnes issues de l’ex-Yougoslavie comprennent les dangers de ces idéologies.
Un héritage familial et un parcours politique atypique
Korab Rashiti est né à Bienne, fils d’un activiste politique kosovar réfugié en Suisse dans les années 1980. Initialement membre du Parti socialiste suisse (PS), il rejoint en 2020 l’UDC — un parti connu pour ses positions parfois dures envers la communauté kosovare, notamment après une polémique en 2011 liée à une publicité jugée raciste. Rashiti justifie ce changement par l’alignement plus proche de ses convictions libertariennes avec l’UDC.
En 2023, il obtient un siège au parlement cantonal bernois avec 667 voix sur une liste francophone, grâce à plusieurs candidats ayant renoncé à leur mandat.
Un relais pour l’opposition kosovare
Au Kosovo, où se déroule une campagne électorale, les médias d’opposition proches de l’ancien Premier ministre Hashim Thaçi ont largement repris les propos de Rashiti. Ce dernier accorde ainsi plusieurs entretiens, y compris dans des lieux officiels suisses. Certains politiques suisses d’origine kosovare, comme Gzim Hasanaj des Verts, trouvent son comportement inapproprié pour un représentant de l’UDC et soulignent que ses déclarations extrêmes ne rencontrent pas un écho favorable au sein de la diaspora en Suisse.
Une stratégie pour gagner la diaspora
Korab Rashiti déclare viser particulièrement la communauté albanaise en Suisse, qualifiant sa démarche de « combat culturel ». Il critique la collaboration étroite entre le PS suisse et le parti kosovar Vetëvendosje, dont le leader Albin Kurti a signé un accord de coopération avec le PS et mène régulièrement des campagnes en Suisse pour séduire les double-citoyens.
Lors des précédentes élections parlementaires, de nombreux Kosovars en diaspora ont soutenu la gauche libérale. En Suisse, contrairement à l’Allemagne, les représentants étrangers peuvent tenir campagne, ce qui renforce cette compétition électorale. La famille de Granit Xhaka, célèbre footballeur d’origine kosovare, a également été active dans ce contexte électoral.
Réactions au sein de l’UDC et perspectives
Korab Rashiti affirme vouloir contrer l’influence de Kurti en Suisse et affirme que la gauche ne détient pas le monopole sur la diaspora suisse-kosovare. Il estime que l’UDC offre beaucoup à cette communauté, notamment aux entrepreneurs et aux personnes partageant des valeurs libérales-conservatrices.
Martin Schlup, président de la section UDC de Bienne-Seeland, déclare que l’ingérence politique à l’étranger n’est généralement pas souhaitable, mais qu’on ne peut empêcher Rashiti d’exprimer son opinion.