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Depuis le début de l’année 2023, la dengue persiste dans les territoires ultramarins, notamment en Martinique. Le professeur André Cabié, responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au Centre hospitalier universitaire de Martinique, apporte des éclairages rassurants sur cette situation sanitaire préoccupante.
Épidémies de dengue : une présence continue en Martinique
La dengue demeure un enjeu majeur de santé publique sur le territoire martiniquais. Malgré les efforts de prévention, le virus continue de circuler activement. Le professeur Cabié souligne que la maladie ne semble pas vouloir disparaître à court terme, mais invite à rester vigilant tout en gardant confiance dans les dispositifs de prise en charge.
Pourquoi observe-t-on une augmentation des cas ?
Depuis un quart de siècle, la Martinique connaît une transmission constante mais discrète du virus de la dengue. Tous les trois à cinq ans, cette circulation sous-jacente se traduit par des pics épidémiques. Sur le continent américain, les épisodes se multiplient, principalement à cause de la présence permanente et active du moustique vecteur Aedes aegypti.
Le dérèglement climatique joue probablement un rôle important, bien que son impact ne soit pas encore précisément mesuré. Les températures élevées favorisent en effet l’accélération du cycle viral, augmentant ainsi la transmission. De plus, la dengue n’est pas causée par un seul virus, mais par quatre sérotypes différents, ce qui expose la population à plusieurs infections au fil du temps.
Les enseignements des dernières vagues épidémiques
La plupart des cas de dengue sont bénins, sans complications graves ni séquelles. Cependant, certains groupes nécessitent une attention particulière :
- Les nourrissons de moins d’un an ;
- Les femmes enceintes ;
- Les personnes âgées ;
- Les patients souffrant de maladies chroniques telles que la drépanocytose, le diabète, l’hypertension, les maladies rénales ou l’obésité.
Ces populations sont plus exposées aux formes sévères et doivent bénéficier d’une surveillance médicale rapprochée pour prévenir les complications.
Le vaccin contre la dengue : où en est-on ?
La Haute Autorité de Santé française a recommandé fin 2024 l’utilisation du vaccin Qdenga, développé par un laboratoire japonais, pour les personnes à risque de formes graves. Ce vaccin n’est toutefois pas encore disponible sur le marché.
Les prochaines étapes concernent la fixation du prix et la définition des modalités d’administration précises. L’objectif est de pouvoir proposer cette vaccination aux patients martiniquais d’ici la fin de l’année 2025.
Focus sur le projet LSDengue, une recherche interterritoriale
Le professeur Cabié coordonne le projet LSDengue, une étude ambitieuse impliquant tous les territoires d’outre-mer touchés par la dengue. Cette recherche vise à identifier des marqueurs cliniques ou biologiques permettant de prédire l’évolution de la maladie chez un patient, afin de distinguer rapidement les formes graves des formes bénignes.
Les axes d’investigation portent à la fois sur les caractéristiques des virus et sur celles des patients. Ce projet ambitionne aussi d’harmoniser les pratiques cliniques à travers les territoires ultramarins, en définissant clairement les critères des formes graves, en améliorant les diagnostics et en renforçant la coordination lors des épidémies de dengue ou d’autres arboviroses.
L’objectif final est de structurer un réseau efficace et réactif entre les différentes îles et régions concernées, optimisant ainsi la gestion sanitaire de ces pathologies.