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Le film Les Enfants rouges, réalisé par Lotfi Achour et produit par Nour Films, s’inspire d’un drame réel pour dépeindre le traumatisme subi par les victimes du terrorisme djihadiste en Tunisie. Ce récit poignant met en lumière la souffrance des familles abandonnées face à la barbarie et à l’oubli.
Un portrait bouleversant du terrorisme djihadiste en Tunisie
Sur fond de paysages pastoraux, Les Enfants rouges place au cœur de son intrigue le quotidien de deux adolescents tunisiens, Nizar et Achraf, respectivement âgés de 16 et 14 ans. Berger expérimenté, Nizar connaît parfaitement les collines rocailleuses de l’intérieur du pays, loin des zones touristiques du littoral, où il mène son troupeau de chèvres. Achraf, son jeune cousin, admire ce mentor avec un sourire éclatant malgré une dent manquante. Leur complicité joyeuse sera brutalement interrompue lorsqu’ils seront capturés par un groupe de terroristes islamistes.
Accusé à tort d’être un informateur, Nizar est décapité sous les yeux d’Achraf. Ce dernier est épargné afin de porter un message tragique : la tête de son cousin doit être remise à sa famille au village. Cette scène, loin d’être une invention scénaristique, reflète la réalité cruelle du fanatisme qui sévit sur plusieurs continents.
Le traitement du trauma et la récupération médiatique
Lotfi Achour choisit de filmer avec sobriété la sidération d’Achraf et le choc profond qui bouleverse sa famille. La mère, dévastée, reste figée devant le réfrigérateur où repose la tête de son fils, conservée dans un sac plastique. Alors que journalistes et hommes politiques affluent, avides de sensationnel et d’exploitation médiatique, le réalisateur les écarte de son cadre, refusant toute récupération.
Le film suit plutôt la quête douloureuse d’Achraf, accompagné de Mounir, frère de Nizar, ainsi que du père et des oncles, qui s’aventurent dans les collines piégées par des mines posées par les terroristes. Le fantôme lumineux de Nizar hante les pas de son jeune cousin, symbolisant la présence persistante du disparu dans la mémoire collective.
Une histoire vraie au cœur du récit
Les Enfants rouges puise son inspiration dans un fait réel : l’assassinat de Mabrouk Soltani, un jeune berger tunisien, le 15 novembre 2015 dans la montagne de Maghila, région du centre-ouest du pays à proximité de la frontière algérienne. Achour dépeint sans fard cet acte terroriste visant un civil innocent, rappelant que les premières victimes du djihadisme sont souvent des musulmans eux-mêmes.
À l’image du film Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, cette œuvre met en lumière une communauté isolée, abandonnée par les autorités et livrée à la violence extrême. Le film se conclut sur un message glaçant : le frère aîné de Mabrouk Soltani a également été décapité par le même groupe terroriste un an et demi plus tard, au même endroit, illustrant l’étendue et la persistance de cette barbarie.
Notre avis
Avec une note de 3 sur 4, Les Enfants rouges s’impose comme un drame puissant et nécessaire, donnant la parole aux victimes oubliées du terrorisme djihadiste en Tunisie.