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Alors qu’il sort tout juste d’une des soirées les plus prestigieuses de l’année, le gala du Metropolitan Museum de New York, Jean-Marc Houmard s’offre un moment de calme dans sa maison de vacances près de l’Atlantique, en périphérie de la métropole. Loin de la frénésie habituelle de Manhattan, il accepte de partager son parcours et sa vie au cœur de l’une des villes les plus emblématiques du monde.
Un départ pour un simple stage qui a tout changé
Jean-Marc Houmard, désormais sexagénaire, est fils de Marc-André et dirige depuis plusieurs décennies l’Indochine, un restaurant vietnamien réputé situé dans le chic quartier de NoHo à Manhattan. Pourtant, son aventure à New York ne se destinait qu’à durer six mois. En 1985, fraîchement diplômé en droit, il obtient un stage non rémunéré dans un cabinet new-yorkais. Pour subvenir à ses besoins, il entre à l’Indochine comme serveur, sans aucune expérience dans la restauration.
« Je me plaisais à la fois dans la ville et dans ce restaurant. Je n’ai cessé de repousser mon retour en Suisse, et me voilà toujours ici, quarante ans plus tard. Pourtant, un poste m’attendait au CICR à Genève », confie-t-il avec le sourire, lui qui n’a finalement jamais plaidé.
New York a exercé un véritable magnétisme sur lui, offrant un monde totalement différent de la Suisse, un univers d’ouverture, de découvertes et de nuits animées, bien avant l’ère des médias globaux.
De serveur à propriétaire grâce à un coup du sort
Rapidement, Jean-Marc gravira les échelons au sein de l’Indochine, devenant manager puis responsable des relations avec une clientèle célèbre, incluant des figures comme Andy Warhol et Mick Jagger. En 1992, une opportunité inattendue se présente : le propriétaire originel n’ayant pas réglé ses impôts, l’État de New York saisit le restaurant pour le vendre aux enchères.
Avec deux associés, Jean-Marc Houmard acquiert l’établissement à un prix raisonnable, marquant le début d’une nouvelle ère pour le lieu. Il garde aujourd’hui encore une légère intonation jurassienne lorsqu’il parle français, témoignant de ses racines.
L’esprit du restaurant et les rencontres de stars
Le succès de l’Indochine tient aussi à sa capacité à conserver un esprit unique, attirant toujours un public prestigieux des mondes de la mode et des arts. « Manhattan dans les années 80-90 était très différent, souvent dangereux et marqué par la mafia. Maintenir la réputation du restaurant n’était pas une mince affaire », explique Jean-Marc, qui gère également un hôtel au Nicaragua avec un ami d’enfance.
Le restaurant a accueilli de nombreuses célébrités américaines comme Robert De Niro ou George Clooney, ce dernier étant décrit par Jean-Marc comme « un super mec, gentil et accessible ». Mais c’est surtout la visite des icônes françaises qui l’a profondément marqué.
« Quand Johnny Hallyday est venu, je tremblais. Pareil pour Catherine Deneuve. La plupart des stars ne se prennent pas la tête, elles ont déjà tout prouvé. Les plus difficiles sont ceux qui cherchent encore la célébrité », confie-t-il.
Un lien fort avec la région jurassienne
Malgré son existence trépidante à New York, Jean-Marc Houmard garde un attachement profond à sa région d’origine. Il y retourne au moins deux fois par an, notamment chez sa sœur à Mont-Girod, près de Champoz.
Quant à l’idée d’intégrer les fameuses saucisses fumées du village à la carte de l’Indochine, il reste prudent : « Je ne sais pas si la clientèle new-yorkaise en serait friande, mais je n’oublie jamais d’en rapporter pour moi-même. »
Lorsqu’il est en Suisse, il retrouve un sentiment de paix, loin du rythme effréné de Manhattan. « À New York, je ne mène pas une vie normale. Mais dès que j’y retourne, tout reprend son cours, sans question. Je ne pourrais pas vivre à Mont-Girod, ni dans l’Amérique profonde. Heureusement, New York est un bastion progressiste et anti-Trump, ce qui me permet de rester aux États-Unis », conclut-il avec un sourire.