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La nouvelle politique migratoire stricte proposée par le ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, suscite une vive opposition en Autriche. Alors que l’Allemagne souhaite renforcer les contrôles aux frontières et renvoyer rapidement les demandeurs d’asile, Vienne refuse d’accepter ces migrants refoulés, menaçant la coopération transfrontalière au sein de l’espace Schengen.
Un durcissement de la politique d’asile en Allemagne
Alexander Dobrindt, nouveau ministre fédéral allemand de l’Intérieur issu de l’Union chrétienne-sociale (CSU), entend appliquer une politique migratoire résolument plus stricte. Il plaide pour un renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Allemagne et une augmentation des renvois immédiats des migrants sollicitant l’asile à la frontière allemande.
Selon Jens Spahn, chef du groupe parlementaire CDU, ces mesures, bien que juridiquement controversées, pourraient être appliquées même sans l’accord des pays voisins. « Nous ne dépendrons pas de la validation des autres pays », a-t-il affirmé, soulignant la volonté allemande d’imposer cette ligne dure.
Le refus catégorique de l’Autriche
Face à ce virage conservateur, le gouvernement autrichien a clairement exprimé son rejet de ces mesures dès le début du mois de mars. Vienne refuse de reprendre les migrants renvoyés par l’Allemagne, une posture confirmée ce mercredi par le ministère fédéral de l’Intérieur autrichien.
Un porte-parole a déclaré à FOCUS online : « Nous supposons que l’Allemagne respecte le cadre juridique européen dans toutes les actions entreprises. Toute mesure effective dérogeant à ce cadre ne sera pas acceptée. »
Par ailleurs, les autorités autrichiennes assurent que leurs forces de police ajusteront en permanence leurs interventions en fonction de la situation à la frontière germano-autrichienne.
Des résultats contrastés en matière de lutte contre l’immigration illégale
Tout en rejetant la politique allemande de renvoi, l’Autriche soutient néanmoins les efforts visant à combattre la mafia des passeurs et la migration illégale. Selon le porte-parole, les interventions policières dans la région du Burgenland ont considérablement diminué les traversées illégales. Si 3600 interceptions avaient été enregistrées en une semaine en octobre 2022, ce chiffre est tombé à seulement 19 à la fin avril 2025.
La République tchèque, gouvernée par une coalition libérale-conservatrice, affiche une tendance similaire. Le ministère de l’Intérieur tchèque a indiqué que depuis le début de l’année, seulement 37 personnes ont été appréhendées pour séjour illégal sur son territoire, soit moins de la moitié comparé à la même période l’an passé.
Hana Malá, porte-parole du ministère tchèque, souligne que la baisse des entrées illégales par la « route des Balkans occidentaux » résulte notamment des mesures coordonnées mises en place par les pays concernés, dont la Tchéquie.
Dialogue entre ministres de l’Intérieur et gestion des frontières Schengen
Malgré ces progrès, la République tchèque reste vigilante. En cas d’augmentation des flux migratoires illégaux, elle se dit prête à réintroduire, si nécessaire, des contrôles aux frontières intérieures, mesure ultime pour freiner ces arrivées.
Hana Malá a également précisé que le ministère tchèque entretient une collaboration régulière avec l’Allemagne concernant la gestion des frontières communes. Le ministre tchèque de l’Intérieur a d’ailleurs eu un échange téléphonique avec son homologue allemand Alexander Dobrindt, tous deux convenant de poursuivre cette coopération.
La complexité des contrôles dans l’espace Schengen
En principe, l’espace Schengen exclut les contrôles frontaliers permanents. Pourtant, depuis octobre 2023, l’Allemagne a instauré des contrôles à ses frontières avec la Pologne, la Tchéquie et la Suisse. Ceux à la frontière germano-autrichienne existaient déjà auparavant.
En septembre dernier, l’Allemagne a étendu ces contrôles au Danemark, aux Pays-Bas, à la Belgique et au Luxembourg. Ces mesures ont été justifiées par la nécessité de lutter contre l’immigration illégale, la menace terroriste islamiste et la criminalité transfrontalière.