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L’université Lyon-II fait face à une crise majeure depuis plusieurs semaines, marquée par des incidents violents sur son campus et des controverses liées à des prises de position politiques. En réaction, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti Les Républicains, a annoncé la suspension des aides financières régionales destinées à cet établissement.
Suspension des aides régionales à Lyon-II
Le 7 mai, Laurent Wauquiez a annoncé sur les antennes de CNews et Europe 1 la décision de suspendre les subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’université Lyon-II. Il accuse l’établissement d’une « dérive islamo-gauchiste » qu’il juge inacceptable. Ancien président de la région et désormais conseiller spécial, il a également demandé au ministère de l’Enseignement supérieur d’engager une « mission d’inspection indépendante » pour faire la lumière sur la situation.
En attendant les résultats de cette enquête, toutes les coopérations entre la région et Lyon-II sont suspendues, y compris les financements liés à des projets immobiliers. Selon la région, ce moratoire financier concerne environ 19 millions d’euros.
Un contexte de tensions et d’incidents violents
L’université est secouée depuis le 1er avril par un incident grave : un groupe de personnes masquées a interrompu un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l’Irak et de la Syrie, l’accusant de « raciste » et de « sioniste ». Ce dernier a dû abandonner son cours, tandis que l’université, soutenant son enseignant, a saisi le parquet qui a ouvert une enquête pour entrave à la fonction d’enseignant.
Fabrice Balanche a dénoncé dans plusieurs interviews ce qu’il qualifie « d’islamo-gauchisme » au sein de Lyon-II et un manque de soutien de la direction. En réponse, Isabelle von Bueltzingsloewen, présidente de l’université, a condamné l’interruption du cours comme « intolérable » mais a critiqué certaines paroles jugées « complotistes » de l’enseignant. Elle-même a fait l’objet de menaces de mort, déclenchant une nouvelle enquête judiciaire.
Propos controversés et enquêtes judiciaires
Le 29 avril, un autre fait a envenimé la crise : des propos jugés favorables au mouvement libanais Hezbollah, classé terroriste par certains pays, sont attribués à Willy Beauvallet-Haddad, vice-président de Lyon-II. Une enquête pour « apologie du terrorisme » a été ouverte, poussant ce dernier à démissionner pour « faire baisser la pression ».
Réactions politiques et polémique
La décision de Laurent Wauquiez a suscité de vives réactions politiques. L’opposition socialiste à la région dénonce une mesure « antirépublicaine » et « brutale ». De son côté, la députée écologiste Marie-Charlotte Garin critique ce qu’elle qualifie d’« invention du délit d’opinion académique ».
Jean-Luc Mélenchon a également réagi, évoquant un « trumpisme qui vient de traverser l’Atlantique » et dénonçant une « surenchère » qui « vire à la police politique et à l’obscurantisme contre les universités ». Cette crise rappelle un précédent en 2021, lorsque la région avait suspendu certains financements à Sciences Po Grenoble, à cause de débats houleux sur l’islamophobie.