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Le Grand Théâtre de Genève présente une saison 2025-2026 audacieuse et profondément ancrée dans l’actualité, mêlant opéra et ballet et explorant les thèmes de l’étrangeté et du changement à travers le prisme du spectacle vivant.
Une saison sous le signe de «Lost in Translation»
La programmation 2025-2026 du Grand Théâtre de Genève s’articule autour du thème «Lost in Translation», emprunté au célèbre film de Sofia Coppola. Ce fil rouge évoque un monde en mutation où les repères s’effacent, suscitant un sentiment d’étrangeté à soi-même que beaucoup partagent. Aviel Cahn, directeur sortant, souligne que ce thème est également au cœur de nombreux opéras proposés cette saison.
Aux côtés de Sidi Larbi Cherkaoui, directeur du ballet, et de la dramaturge Clara Pons, Aviel Cahn dévoile cette dernière saison qu’il orchestre avant de céder la direction à Alain Perroux à partir de 2026-2027.
Un adieu marqué par la continuité et l’audace
Pour sa dernière saison, Aviel Cahn reste fidèle à ses choix programmatiques affirmés depuis 2019, tout en intégrant des titres plus rassembleurs. La forte implication du ballet, notamment avec la création «Bal impérial» de Sidi Larbi Cherkaoui autour de l’œuvre de Johann Strauss fils, illustre cette volonté d’innovation. La saison devra aussi relever le défi logistique du déménagement des spectacles au Bâtiment des Forces Motrices, pendant les travaux de rénovation du théâtre.
Des opéras chorégraphiés et une programmation lyrique intensifiée
La saison met en lumière des opéras à forte composante chorégraphique. «Pelléas et Mélisande» de Debussy, chorégraphié par Damien Jalet et Sidi Larbi Cherkaoui, et scénographié par Marina Abramovic, sera reprogrammé en octobre-novembre. Ce spectacle, diffusé en streaming pendant la pandémie, résonnera avec la reprise du «Boléro» de Ravel par le ballet du GTG en novembre.
En mars, l’opéra-ballet baroque «Castor et Pollux» de Rameau, mis en mouvement par Edward Clug, fera sa première au Grand Théâtre. Pour les fêtes de fin d’année, la comédie musicale «Un Américain à Paris» sera portée par la chorégraphie de Christopher Wheeldon.
Un début de saison flamboyant et un final rock
Septembre marquera le retour d’un «Tannhäuser» de Wagner, dirigé par Sir Mark Elder, promettant une reprise très différente de la version controversée d’il y a vingt ans. Le répertoire italien sera également à l’honneur avec «L’Italienne à Alger» de Rossini en février et «Madame Butterfly» de Puccini en avril-mai.
Après avoir clos le cycle des opéras russes avec «La khovantchina», Aviel Cahn conclura son mandat en beauté avec «200 Motels» de Frank Zappa, une création musico-théâtrale audacieuse, mêlant orchestre symphonique, percussionnistes et rock band.
Aviel Cahn face aux défis et controverses
La saison 2025-2026 s’inscrit aussi dans un contexte délicat, notamment suite à la découverte d’une caméra cachée dans les douches du théâtre, une affaire en cours d’enquête. Aviel Cahn affirme prendre cette situation au sérieux, tout en refusant un climat interne délétère, et assure un accompagnement pour les personnes concernées sans recourir à un contrôle excessif.
Par ailleurs, le directeur soutient avec conviction la nécessité d’une rallonge budgétaire pour la rénovation complète de la machinerie scénique, estimant que la préservation de ce patrimoine unique en Suisse et en Europe justifie l’investissement. Selon lui, les coûts restent raisonnables comparés aux rénovations d’autres maisons lyriques européennes telles que le Staatsoper de Berlin ou l’Opéra de Zurich.