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Le gouvernement conservateur portugais a annoncé une mesure radicale visant à expulser près de 18 000 migrants en situation irrégulière, principalement originaires d’Inde, du Bangladesh, du Pakistan, du Népal et du Sri Lanka. Cette décision intervient dans un contexte de campagne électorale tendue, où le Premier ministre Luís Montenegro cherche à contrer la montée de l’extrême droite représentée par le parti Chega.

Une approche ferme face à l’immigration irrégulière
Pour la première fois, l’immigration occupe une place centrale dans le débat politique portugais. António Leitão Amaro, ministre de la Présidence, a indiqué que les autorités entendent adresser dès cette semaine quelque 4 500 notifications aux migrants en situation irrégulière, leur demandant de quitter volontairement le territoire dans un délai de vingt jours. En cas de refus, les expulsions seront forcées.
Le ministre a souligné la nécessité de réviser le système actuel de déportations, qualifié d’inefficace. Selon lui, le Portugal figure parmi les trois pays européens qui réalisent le moins d’expulsions. À ce stade, seules les personnes sous interdiction d’entrée, celles devant quitter l’espace européen sur ordre d’autres États, ou présentant des antécédents judiciaires incompatibles avec l’obtention d’un permis de séjour, sont visées.
Une stratégie politique pour contrer l’extrême droite
Luís Montenegro mise sur cette politique de fermeté pour récupérer les électeurs tentés par Chega, le parti d’extrême droite actuellement crédité de 16 % des intentions de vote, en légère baisse depuis les précédentes législatives. Lors des élections anticipées de l’an passé, il avait remporté la victoire de justesse, s’engageant à ne pas collaborer avec les ultras d’André Ventura, chef de Chega.
Le Premier ministre dirige depuis avril un gouvernement minoritaire avec seulement 80 députés sur 230, mais a réussi à faire adopter des budgets grâce à l’abstention du Parti socialiste. Malgré une gestion difficile, il espère, à travers cette nouvelle campagne, obtenir une majorité absolue, seul ou avec l’appui des libéraux, ou provoquer un changement de leadership à gauche.
Le contexte politique fragile et le scandale Spinumviva
Le gouvernement a récemment été secoué par des accusations de conflit d’intérêts concernant des contrats publics liés à la société familiale Spinumviva. Bien que ce dossier, principalement d’ordre éthique et politique, ait été exploité par l’opposition, les sondages indiquent que les électeurs ne le jugent pas déterminant.
Selon l’analyste Nuno Gonçalo Poças, le pays reste tolérant envers les politiciens impliqués dans des affaires similaires, et Chega a rapidement abandonné cette thématique au profit d’autres arguments.
Une inquiétude croissante vis-à-vis de l’immigration
Le débat sur l’immigration s’impose de plus en plus dans l’opinion publique, y compris parmi les retraités, une catégorie importante de plus de 3,5 millions de personnes au Portugal. La politique migratoire adoptée ces neuf dernières années par le Parti socialiste, qualifiée d’erreur par certains, a conduit à une population immigrée approchant 15 % des 11 millions d’habitants, avec un changement notable : la majorité des nouveaux arrivants ne provient plus des pays lusophones traditionnels, mais de régions culturellement très différentes.
Cette évolution a engendré des tensions sociales perceptibles. Nuno Gonçalo Poças remarque qu’aucun pays ne peut absorber en peu de temps un nombre important de personnes socialement et culturellement déconnectées sans générer de conflits. La coalition de centre-droit (Aliança Democrática) a ainsi récupéré ce thème initialement exploité par Chega, en prônant un contrôle plus strict mais un système migratoire ouvert et réglementé.
Chega face à une élection incertaine

Le parti Chega rencontre des difficultés à stabiliser sa position, notamment à cause des scandales touchant plusieurs de ses députés. Sa stratégie consiste à se présenter comme une alternative face à l’impasse politique attribuée aux deux principaux partis, PS et PSD, et à capitaliser sur le vote contestataire. D’autres formations sans représentation parlementaire cherchent également à gagner du terrain.
Nuno Gonçalo Poças qualifie ces élections de véritable test de résistance pour André Ventura, dont le résultat reste imprévisible. Pendant ce temps, Luís Montenegro, conscient de la fragilité de l’extrême droite, tente de maximiser l’effet de sa politique d’expulsions pour conforter sa position et s’approcher d’une majorité au Parlement.