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La récente comparaison de Jean-Luc Mélenchon à Joseph Goebbels, émise par le président d’honneur de la Licra, Alain Jakubowicz, a suscité une vive controverse. Cette analogie, à la fois injustifiée et caricaturale, offre au leader de La France Insoumise (LFI) une opportunité pour répondre, alors même que son parti est mis en lumière dans un ouvrage récent.
Une comparaison déplacée et ses conséquences
Faut-il répondre par des caricatures à celles que Jean-Luc Mélenchon utilise lui-même parfois, même si elles sont odieuses ? La réponse est clairement négative. Alain Jakubowicz, avocat et président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), aurait dû éviter une telle comparaison entre Mélenchon et Joseph Goebbels. Ce dernier, propagandiste nazi et antisémite notoire, ne peut être assimilé à Mélenchon, qui, bien que parfois virulent, n’est ni nazi ni animé d’une haine frénétique.
De plus, l’instrumentalisation électorale de l’antisémitisme par Mélenchon, notamment depuis les événements du 7 octobre, diffère radicalement de celle du régime hitlérien, même si elle reste condamnable. Assimiler Mélenchon à un dignitaire nazi offre une occasion en or au leader de LFI pour engager des actions judiciaires et politiques, ce qu’il n’a pas manqué de faire.
Une riposte stratégique à un contexte délicat
En saisissant les tribunaux, Mélenchon joue la carte de la victime face à la sortie du livre La meute (Éditions Flammarion), qui dénonce les pratiques autoritaires et sectaires orchestrées au sein de LFI. Si ces accusations n’étaient pas totalement nouvelles, l’ouvrage enfonce le clou sur le fonctionnement antidémocratique du mouvement.
Conscient de la portée excessive de sa comparaison, Alain Jakubowicz a nuancé ses propos lors de son interview sur BFM en parlant de “parallèle toutes proportions gardées” entre Mélenchon et Goebbels, soulignant la fascination et l’effroi que peut provoquer un homme tout-puissant que le peuple doit suivre. Malgré cette précaution, le parallèle est resté fragile, et l’avocat savait que ses propos allaient susciter des réactions vives.
Les réactions au sein de La France Insoumise
Sur les réseaux sociaux, les partisans de Mélenchon ont profité de cette bévue pour dénoncer une campagne médiatique qu’ils jugent “ignominieuse” et “immonde”. Manuel Bompard, numéro 2 de LFI, et la députée européenne Manon Aubry ont fermement contesté ces attaques, tandis que plusieurs élus et militants dénonçaient “mensonges et ragots”.
Seule Clémentine Autain, députée exclue de LFI, a rappelé publiquement ses alertes répétées concernant l’absence de démocratie dans le parti, critiquant son “virilisme” et sa “culture de l’intimidation”, des traits qui, selon elle, s’avèrent délétères à long terme.
Des rappels embarrassants pour le leader de LFI
La polémique a également ravivé les souvenirs d’anciennes déclarations de Mélenchon, notamment celles d’avril 2024 lorsqu’il avait comparé le recteur de Nice, Régis Bordet, à Adolf Eichmann, un criminel nazi responsable de la logistique de la Shoah. Cette comparaison avait choqué par son outrance, le “crime” reproché au fonctionnaire étant de ne pas avoir autorisé un meeting de LFI sur Gaza dans une université.
Par ailleurs, Mélenchon a déjà assimilé Fabien Roussel, patron du PCF, à Jacques Doriot, un communiste devenu collaborationniste durant la Seconde Guerre mondiale. Enfin, il n’a jamais condamné les excès de sa compagne, la députée Sophia Chikirou, qui ont contribué à ternir l’image du parti.
Interrogations sur l’avenir de LFI et de la gauche française
Au-delà des polémiques, cette affaire pose des questions fondamentales :
- Comment expliquer que tant d’élus de LFI suivent aveuglément les directives d’un chef suprême depuis si longtemps ?
- Pourquoi envisagent-ils encore de présenter Mélenchon comme candidat à la présidentielle, alors que son influence semble décliner ?
- Les députés actuels comme Manuel Bompard, Clémence Guetté ou Mathilde Panot disposent-ils de la stature nécessaire pour assurer la relève du parti ?
- Comment les sociaux-démocrates ont-ils pu tolérer de se placer sous la coupe d’un leader aussi autoritaire et caractériel ?
- La gauche a-t-elle véritablement tiré les leçons de ces années de domination mélenchoniste, ou la “pleutrerie” persiste-t-elle encore ?
Ces questions demeurent au cœur du débat politique français et illustrent les tensions au sein de la gauche radicale.