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Aux États-Unis, un projet de loi budgétaire majeur ciblant les priorités en matière de défense, d’énergie et de fiscalité du président Trump fait face à un test crucial. Trois comités clés de la Chambre des représentants, chargés des aspects les plus controversés de ce texte, se réunissent mardi pour avancer sur leurs propositions. Malgré la volonté des dirigeants républicains de présenter le projet au vote la semaine prochaine, de profondes divisions subsistent au sein du parti.
Les comités en pleine négociation sur la réforme de Medicaid et les aides sociales
Les comités de l’Énergie et du Commerce, des Moyens et de l’Agriculture doivent examiner des modifications du programme Medicaid ainsi que des allocations alimentaires (food stamps) destinées à financer des baisses d’impôts. Cependant, plusieurs points de désaccord persistent, notamment sur la refonte de Medicaid et la déduction fiscale qui arrive à expiration en décembre.
Le comité Énergie et Commerce, responsable d’identifier au moins 795 milliards d’euros de réductions budgétaires, a dévoilé dimanche les détails de son plan. Selon une récente analyse du Congressional Budget Office (CBO), organisme indépendant, ces économies ne seraient pas réalisables sans des coupes dans Medicaid. Les démocrates dénoncent ces mesures, tandis que les républicains promettent de préserver les avantages pour les bénéficiaires éligibles.
Les modifications proposées imposent notamment des exigences de travail aux adultes valides sans enfants, augmentent la fréquence des vérifications d’éligibilité, réduisent les fonds fédéraux accordés aux États qui utilisent l’infrastructure Medicaid pour couvrir les soins des immigrés en situation irrégulière, et interdisent la prise en charge par Medicaid des services liés à la transition de genre pour les enfants.
Controverses autour du financement et des coupes dans Medicaid
Le comité n’a pas réduit le taux de financement fédéral versé aux États pour Medicaid, une question qui divise modérés et conservateurs. Récemment, certains républicains ont envisagé de transférer davantage de coûts aux États ayant étendu Medicaid selon l’Affordable Care Act. Quarante États ont adopté cette extension : le gouvernement fédéral finance 90% des coûts pour ces bénéficiaires, contre 10% à la charge des États. Pour Medicaid traditionnel, la part fédérale varie entre 50% et 83%.
Cette exclusion suscite la colère des conservateurs, qui réclament des coupes budgétaires sévères, surtout pour l’extension de Medicaid. Le représentant républicain Chip Roy, membre du House Freedom Caucus, a exprimé son désaccord en jugeant que le projet ne propose aucun changement transformateur pour ce programme qui couvre plus de 70 millions de personnes à faibles revenus, enfants et personnes handicapées.
Selon une analyse préliminaire du CBO, au moins 8,6 millions de personnes pourraient perdre leur couverture santé, tandis que le déficit budgétaire diminuerait d’au moins 648 milliards d’euros sur la prochaine décennie si le projet était appliqué. Les mesures hors santé devraient réduire le déficit d’au moins 179 milliards d’euros sur la même période.
Plan fiscal et extension du plafond de la dette
Le comité des Moyens et de l’Économie a présenté lundi son plan visant à relever le plafond de la dette de 3 680 milliards d’euros et à prolonger les baisses d’impôts instaurées sous le premier mandat de Donald Trump, une priorité majeure pour les républicains au Congrès.
Le texte inclut plusieurs promesses de campagne de Trump, comme la suppression de l’impôt sur les pourboires, les heures supplémentaires et les intérêts de prêts automobiles. Ces exonérations prendraient fin fin 2028. Le crédit d’impôt pour enfants passerait de 1 840 à 2 300 euros sur une période de quatre ans.
Les rédacteurs fiscaux proposent également un plafond de 27 600 euros pour la déduction des impôts d’État et locaux, avec un seuil de revenu fixé à 368 000 euros. Des républicains de certains États démocrates réclamaient une augmentation du plafond actuel de 9 200 euros, mais un groupe de républicains de New York a qualifié ce plafond de « méprisant », jugeant la somme insuffisante pour obtenir leur soutien.
Modification des critères d’éligibilité aux allocations alimentaires
Le comité de l’Agriculture propose d’élever à 64 ans l’âge limite pour que les adultes valides sans enfants puissent bénéficier du programme d’assistance nutritionnelle (SNAP), contre 54 ans actuellement. Les républicains souhaitent également combler une faille permettant aux États de solliciter des dérogations aux exigences de travail dans les zones où le taux de chômage dépasse 10 % ou où il y a un manque « suffisant » d’emplois.
La pression politique et les enjeux à venir
Donald Trump a exhorté les républicains à s’unir derrière ce qu’il appelle le « grand et magnifique projet de loi » lors de son départ pour le Moyen-Orient, affirmant que « nous n’avons pas d’alternative ». Le texte comprend également des financements pour des infrastructures et des technologies à la frontière américano-mexicaine, ainsi que des investissements dans l’effectif des douanes et de la protection des frontières. Il impose en outre des obligations de concessions pétrolières et gazières pour générer plusieurs milliards d’euros de revenus.
Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, républicain de Louisiane, ne peut se permettre que trois dissidences lors du vote en séance plénière, ce qui met la pression sur le parti pour parvenir à un compromis rapide avant la date butoir fixée à la fête de la mémoire (Memorial Day).