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Trump et la réduction du complexe sécuritaire américain : un virage inattendu

by Sara
États-Unis

La sensibilité du sujet impose une introduction claire avant d’aborder les faits. J’ai souvent exprimé mes réserves quant à la manière dont l’ancien président Donald Trump exerçait le pouvoir, marquée par une approche souvent vindicative. Je tiens donc à préciser que le contenu de cet article ne constitue ni un soutien ni une approbation personnelle.

Cependant, un aspect de la politique imprévisible et brutale de Trump concernant la réduction des dépenses publiques me semble, de manière surprenante, quelque peu rationnel. Ce point mérite l’attention des dirigeants mondiaux, même s’il arrive tardivement.

Au cours de ma carrière de journaliste d’investigation, j’ai concentré mes critiques sur des institutions dotées de pouvoirs incontrôlés et disposant de ressources illimitées : les agences de renseignement. Ces dernières échappent généralement aux conséquences de leurs erreurs graves et de leurs excès flagrants hors cadre légal.

Les erreurs souvent lourdes de conséquences stratégiques et humaines ne mènent presque jamais à une responsabilisation. Au contraire, ces organismes, au secret quasi absolu, sont fréquemment récompensés par une augmentation de leurs moyens, plutôt que bridés ou sanctionnés.

Malgré cela, les dirigeants des partis républicain et démocrate ont sans relâche renfloué la machine de sécurité nationale, perpétuant l’idée que ces agences sont un « État dans l’État », protégées par le prétexte de la sécurité nationale et soutenues par une complicité médiatique tacite.

Ces services pratiquent le mensonge sans retenue, distillent des fuites ciblées auprès de journalistes choisis pour servir leurs intérêts, et détruisent des vies sous le sceau du « Top Secret ». La surveillance reste un sujet de moquerie, tandis que seuls les lanceurs d’alerte subissent réellement des poursuites, emprisonnements ou exils, au lieu d’être valorisés.

Dans ce contexte, Trump agit de manière chaotique et instable, accomplissant ce que ni Barack Obama ni Joe Biden n’ont réussi ou voulu faire : freiner la course effrénée d’un train hors de contrôle. Son rébellion, bien que limitée, mérite d’être remarquée.

Il ne s’agit pas d’un projet de réforme majeure, mais d’une démarche instinctive ou vengeresse qui place enfin sous contrôle ces institutions traditionnellement hors d’atteinte.

Le gouvernement américain a récemment annoncé un début de réduction du gigantisme sécuritaire national, une décision saluée et porteuse d’espoir.

En mai, deux décisions majeures ont été rendues publiques, suscitant une inquiétude manifeste dans l’Administration de lutte contre les drogues (DEA), le FBI et la CIA. Les alliés médiatiques de ces agences ont condamné ces « coupes », les présentant comme une menace dangereuse pour la sécurité nationale et une invitation à leurs ennemis.

Selon les rapports, l’équipe Trump envisage de demander au Congrès une réduction de 585 millions de dollars des budgets de la DEA, du FBI et des services d’application de la loi du ministère de la Justice pour 2026.

Ces avertissements apocalyptiques sont aussi absurdes que les marionnettes qui les ont criés, d’autant que ces agences conserveront des centaines de millions de dollars pour continuer leur « lutte » contre le crime et le terrorisme, sur le territoire américain comme à l’international.

Cette réduction relative est toutefois un signe positif marquant un possible tournant dans la fin des augmentations budgétaires annuelles automatiques et excessives.

Les agents du FBI devraient, en réalité, se considérer chanceux que les coupes ne soient pas plus profondes, surtout au vu de la conviction de Trump que cette institution a été à l’origine de nombreuses crises judiciaires le concernant, avant que la Cour suprême ne lui accorde une immunité presque totale.

Malgré les motivations étroites derrière cet ajustement, la réduction du budget toujours excessif du FBI constitue une étape essentielle longtemps attendue pour freiner la bureaucratie sécuritaire galopante aux États-Unis.

Dans cette dynamique naissante, Trump prévoit également une diminution de plusieurs milliers d’emplois dans le « complexe du renseignement » américain, y compris la suppression d’environ 1200 postes à la CIA dans les années à venir.

Comme attendu, cette annonce a déclenché une vague d’indignation hystérique, notamment parmi les démocrates et certains anciens membres du « community du renseignement » qui occupent désormais le devant de la scène télévisuelle américaine, notamment sur CNN et MSNBC, souvent traités avec un excès de respect.

Ironiquement, ces mêmes démocrates ont autrefois présidé des auditions où ils ont mis en lumière le mépris flagrant de la communauté du renseignement envers la Constitution américaine et les droits fondamentaux, un épisode désormais révolu.

Aujourd’hui, les démocrates modérés et les journalistes progressistes valorisant des réseaux comme le New York Times ou le Washington Post défendent ces agences et leurs « missions essentielles » face à un président adoptant une approche atypique visant à imposer enfin des limites à la CIA.

Quelle ironie révélatrice du changement des temps et des postures politiques !

Par ailleurs, certaines élites libérales semblent oublier qu’il est établi que la CIA a souvent trompé politiques et journalistes, adoptant une méthode institutionnalisée de mensonge. L’agence a déstabilisé des démocraties à l’étranger, laissant derrière elle une trace sanglante et mémorable, notamment à Santiago, Guatemala City et au-delà.

Tristement, des figures démocrates aguerries, qui ont passé des années à dénoncer sous l’administration Bush la surveillance illégale et les prisons secrètes, ont basculé vers une posture exagérée face à toute idée de remise en cause des excès du renseignement et de ses partenariats.

Quant au FBI, toujours traité presque comme une institution sacrée héritée d’Edgar Hoover, il est surprenant de constater que ces agents, toujours impeccablement vêtus, ont tenté de dénigrer Martin Luther King Jr., infiltraient les mouvements pacifistes et menaient des campagnes de surveillance massive ciblant les musulmans après le 11 septembre.

Les voix médiatiques qui le défendent semblent ignorer le fait que cette stature privilégiée s’est construite sur l’usage politique de sa position comme rempart contre la « menace Trump ». Ce contraste démontre la préférence nette des libéraux pour l’ordre au détriment de la justice, pour l’autorité plutôt que pour la vérité.

À Ottawa, Londres ou Canberra, les politiciens engagés sous des slogans de transparence et de réforme finissent souvent par céder au pragmatisme du pouvoir une fois au gouvernement. Ils adoptent le jargon sécuritaire, justifient la surveillance et répètent un discours technique comme s’ils avaient intégré le système, trop vaste et complexe pour être défié.

Malgré le style controversé de Trump, il a brisé un tabou clé du système politique : freiner les dérives et le contrôle excessif des agences de sécurité et de surveillance est possible, mais nécessite une véritable volonté, une décision ferme et la conscience que leur pouvoir repose sur des mythes à déconstruire.

Ces mythes incluent :

  • Le mythe de la nécessité absolue
  • Le mythe de la continuité
  • La fausse idée que ce pouvoir est naturel ou inévitable

Ces croyances doivent être remises en cause pour rétablir un équilibre entre sécurité et libertés.

source:https://www.aljazeera.net/opinions/2025/5/22/%d8%a7%d9%84%d8%b4%d9%8a-%d8%a7%d9%84%d9%88%d8%ad%d9%8a%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%b0%d9%8a-%d8%a3%d8%b5%d8%a7%d8%a8-%d8%aa%d8%b1%d8%a7%d9%85%d8%a8-%d9%81%d9%8a%d9%87

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