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Le waqf Al-Safouti est l’un des biens familiaux islamiques historiques de Jérusalem, institué en 1589 par le cheikh Ibrahim ben Mohammed Al-Safouti, d’origine marocaine. Ce waqf a été créé pour préserver les propriétés familiales contre la perte et l’appropriation, notamment dans un contexte marqué par des tentatives de judaïsation de la ville.
Situation géographique
Le waqf Al-Safouti se trouve à l’intérieur des remparts de la vieille ville de Jérusalem-Est, précisément dans le quartier de Bab Al-Khalil.
Il est adjacent au marché Alloun, qui borde la place Omar Ibn Al-Khattab, près de Bab Al-Khalil. Pendant des siècles, les descendants du fondateur ont habité les maisons de ce waqf, qui comprend plusieurs propriétés immobilières dans la vieille ville.
Ces biens immobiliers se composent de maisons et de commerces qui sont loués ou occupés par les héritiers, sans possibilité de vente ou d’aliénation en dehors du cadre du waqf.
Plus de 250 héritiers bénéficient actuellement de ces propriétés, selon les témoignages des gestionnaires précédents, avec une répartition égale des revenus entre descendants masculins et féminins.
Le waqf englobe des biens situés dans le quartier de Bani Harith, composés de logements sur deux étages, comprenant maisons, cours, fours attenants, citernes pour la collecte des eaux pluviales et une parcelle cultivée.
Histoire du waqf Al-Safouti
Les archives juridiques attestent que le cheikh Ibrahim ben Mohammed Al-Safouti était un notable de Jérusalem d’origine marocaine. Il a consacré tous ses biens dans la vieille ville à un waqf au nom de Dieu.
Le fondateur, connu également sous le nom de Haj Ibrahim, a destiné ces biens à ses enfants et à leur descendance, sans distinction de genre, ce qui reflète une tradition solidement ancrée chez les ancêtres palestiniens visant à protéger leur patrimoine et à obtenir des récompenses spirituelles.
Ce waqf a été confirmé pour la majorité de ses propriétés, en tenant compte du fait que la plupart des waqfs familiaux à Jérusalem visent à prévenir la dissipation des biens familiaux.
Le nom officiel est « waqf cheikh Ibrahim ben Mohammed Al-Safouti ». Cependant, au fil du temps, selon les changements de gestion et les noms des héritiers, les documents mentionnent souvent d’autres appellations liées à ses gardiens, comme « waqf Al-Zuraik » ou « waqf de mon aïeul suprême ».
La charte du waqf stipule que le fondateur l’a institué à vie pour lui-même, puis pour ses enfants — y compris ses fils Mohammed et Ali, et ses filles Fatima, Aïcha, Halima et Safiya — avec une égalité totale entre hommes et femmes.
Ensuite, les droits passent à leurs descendants sur plusieurs générations. En cas d’absence de descendants, les parts reviennent aux membres du même niveau généalogique. Si la descendance venait à s’éteindre, le waqf serait attribué à la chambre noble prophétique ou aux pauvres, sous supervision des tribunaux religieux.
Le waqf est actuellement géré par des héritiers et professionnels soucieux de sa conservation, comme l’avocat Alaa Al-Bakri et le juge Fawaz Ibrahim Nizar Atiya.
Utilisation et bénéfices du waqf
Ce waqf est avant tout un bien familial, et non une institution caritative publique. Selon les termes du waqf, la descendance bénéficie du droit de résidence et d’usage des revenus à vie.
Les gestionnaires du waqf sont responsables des réparations et de la préservation des propriétés grâce aux revenus perçus. Autrefois, le waqf comprenait environ 12 bâtiments entre maisons et boutiques, générant un revenu annuel modeste d’environ 3 500 dinars jordaniens.
10 % de ces revenus sont alloués au gestionnaire du waqf, le reste étant réparti entre des centaines d’héritiers. Ces derniers utilisent les propriétés pour habiter, commercer ou vivre.
Parmi les familles bénéficiaires figure la famille Zuraik, qui habite dans les constructions laissées par l’ancêtre Haj Ibrahim depuis 443 ans. Plusieurs membres de cette famille, dont Abdelkader Zuraik et Mohammed Ben Khalil Zuraik, ont assuré la gestion du waqf.
Le waqf Al-Safouti sous l’occupation israélienne
Israël ne reconnaît pas les waqfs familiaux islamiques tels qu’ils sont définis par la loi islamique et considère ces formes de propriété comme un obstacle à ses projets dans la ville.
Similaire à d’autres waqfs à Jérusalem, Al-Safouti subit des pressions de la part de groupes sionistes et des procédures juridiques israéliennes visant à s’approprier les biens, parfois par la falsification de documents ou l’incitation de personnes vulnérables.
Bien que le waqf Al-Safouti n’ait jamais été officiellement fermé ou annulé, il fait face à des menaces d’application des lois israéliennes sur les biens des absents, un outil fréquemment utilisé pour confisquer des propriétés arabes.
Les responsables du waqf assurent qu’il existe toujours formellement, protégé par des preuves légales, et soulignent la nécessité de renforcer sa résistance face aux mesures arbitraires.