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Le pèlerinage traditionaliste de Chartres attire chaque année de nombreux fidèles
Depuis six heures du matin, les pèlerins rassemblés à Chartres se préparent à parcourir 100 kilomètres en trois jours, un événement annuel qui mobilise environ 1 700 participants, dont une majorité de jeunes avec une moyenne d’âge de 24 ans. Ces fidèles, issus de diverse origines — scouts, familles, groupes gabant en short et polaire — apportent avec eux leur foi, leur engouement et leur volonté de dépassement.
Certains revoient cette marche comme un véritable acte de ressourcement, un moment d’action de grâce et de dépassement de soi. Solenn Duchelas, 18 ans, témoigne : « C’est super, cela donne aussi un élan à la jeunesse catholique. » Pour d’autres, comme Clotilde, 38 ans, c’est une occasion de mettre de côté le confort quotidien pour vivre une expérience spirituelle intense.
Une expression claire et traditionnelle de la foi catholique
Ce pèlerinage, organisé par l’association Notre-Dame de Chrétienté, est également connu pour sa fidélité à la liturgie ancienne. La messe en latin, célébrée à Saint-Sulpice, est retransmise en direct pour permettre à tous de participer, renforçant ainsi la dimension sacrée et universelle de l’événement. Selon le président de l’association, Philippe Darantière, les participants viennent chercher « ce que le monde ne leur offre plus », c’est-à-dire une foi exprimée de manière authentique et sans compromis.
« Le latin amène un côté plus sacré. Tout le monde comprend, c’est universel. »
Cependant, cette démarche traditionnelle n’est pas sans controverse. Certains jeunes participent pour la première fois, notamment Foulques de Gastines, qui découvre sa première messe en latin avec enthousiasme, ou Alexis Bernard, revenu à la foi récemment et qui voit dans ce pèlerinage une occasion de renforcer sa spiritualité.
Un contexte ambivalent et des tensions au sein de l’Église
Le succès grandissant de ce type de pèlerinage s’inscrit dans un contexte plus large où l’Église de France observe une augmentation des baptêmes chez les jeunes et une adhésion croissante à la foi d’exception. Néanmoins, ce mouvement soulève aussi des critiques. Selon l’évêque du diocèse de Nanterre, Matthieu Rougé, la croissance témoigne d’un catholicisme d’adhésion face à un catholicisme sociologique en déclin. Plus encore, des tensions apparaissent autour du respect du rite liturgique.
Une lettre de Rome a rappelé que l’organisation d’un pèlerinage ne confère pas une autorité sur la liturgie, ce qui a relancé les débats. La 43e édition de l’événement a été marquée par des tiraillements concernant le respect de l’ancien rite de la messe, certains prônant un retour à la tradition stricte, d’autres souhaitant la maintenir dans une certaine liberté. L’évêque de Chartres, Philippe Christory, a appelé à respecter ces choix tout en permettant aux prêtres d’utiliser le rite actuel dans leur messe privée.
Ce débat reflète une tension permanente entre tradition et adaptation, que les organisateurs entendent gérer sans faire évoluer les statuts de leur association, insistant sur leur fidélité aux pratiques traditionnelles.