Home ActualitéLes défis sanitaires pour l’avenir des voyages spatiaux vers Mars

Les défis sanitaires pour l’avenir des voyages spatiaux vers Mars

by charles
International, notamment États-Unis et Russie

Les effets complexes du voyage dans l’espace sur le corps humain

À l’heure où l’exploration spatiale tend vers des missions de plus longue durée, notamment un potentiel voyage vers Mars, la question des impacts sur la santé des astronautes devient cruciale. Si les prouesses technologiques permettent de dépasser le défi de l’apesanteur, les conséquences pour l’organisme restent préoccupantes et multiformes.

Tout commence dès le départ. Lorsqu’un astronaute quitte la Terre pour atteindre la microgravité en orbite, le corps subit une série de changements immédiats. Selon Guillemette Gauquelin-Koch, experte en physiologie spatiale, « tout le sang de la partie inférieure du corps remonte vers la partie supérieure, provoquant une dilatation du cœur et une augmentation du débit cardiaque ». Pour s’adapter à ces conditions, le corps ajuste la quantité de volume plasmatique, mais à leur retour, les astronautes font face à une hypotension orthostatique, c’est-à-dire une chute de tension lorsqu’ils se mettent debout, du fait que leur système cardiovasculaire a peu à peu désappris à lutter contre la gravité.

Les troubles sensoriels et le mal de l’espace

Une fois dans la station spatiale, la perception de l’espace est profondément altérée. La capacité à marcher est compromise et le système vestibulaire, essentiel à l’équilibre, est fortement perturbé. Ces dysfonctionnements provoquent des symptômes tels que nausées, vertiges, mal de tête ou fatigue, souvent temporaires mais handicapants au début. Après quelques jours ou une semaine, la plupart des astronautes retrouvent une meilleure stabilité.

Les effets à long terme et le vieillissement accéléré

Le prix à payer pour ces missions prolongées se voit surtout dans le vieillissement prématuré du corps. La microgravité associée au manque d’exercice physique durant l’expédition favorise la dégradation osseuse, musculaire et métabolique. « Chez les astronautes, on observe notamment un stockage anormal de lipides dans le foie ou les muscles, un phénomène qui peut augmenter le risque d’obésité ou de diabète de type 2 », explique Gauquelin-Koch. Heureusement, cela reste réversible, et la récupération est souvent rapide une fois de retour sur Terre.

Le syndrome neuro-oculaire et l’affaiblissement immunitaire

Une complication spécifique appelée SANS (Spaceflight Associated Neuro-Ocular Syndrome) réduit la vision des astronautes à leur retour. « Il s’agit d’une accumulation de liquide céphalorachidien dans la tête et d’une augmentation de la pression oculaire », précise l’experte. Par ailleurs, le système immunitaire, affaibli par le stress chronique de l’isolement, le dérèglement des rythmes circadiens et le manque de sommeil, rend les astronautes plus vulnérables aux infections.

Vers un voyage vers Mars : quels défis ?

Les missions de plusieurs mois, voire un an, posent des questions encore non résolues. La perte osseuse qui ne se rétablit pas complètement après 18 mois constitue un obstacle majeur, pouvant entraîne fractures ou calculs rénaux en raison de la libération de calcium lors de la dégradation osseuse. Au-delà de ces aspects physiques, Gauquelin-Koch souligne aussi les enjeux psychologiques liés à un voyage de 8 mois dans l’espace, avec une communication limitée (15 minutes pour échanger avec la Terre) et un rayonnement beaucoup plus intensif qu’en orbite autour de la Station spatiale Internationale.

Les défis technologiques et sanitaires devront être surmontés pour que l’objectif de coloniser Mars devienne réalisable. Pour l’instant, les experts insistent sur le fait que, même si les scientifiques font des progrès, la complexité de cette aventure humaine demeure considérable, notamment en ce qui concerne la radiation et la gestion du stress psychologique dans un environnement hostile et isolé.

You may also like

Leave a Comment