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Gaza : Histoire, résistance et défis actuels d’une ville emblématique

by Sara
Gaza : Histoire, résistance et défis actuels d'une ville emblématique
Palestine, Israël

La ville de Gaza, située à l’extrémité sud de la côte est de la mer Méditerranée, est un centre urbain majeur du secteur de Gaza et revêt une importance stratégique et économique considérable pour la Palestine. Son histoire riche est marquée par des événements majeurs qui ont influencé le cours des affaires mondiales.

Gaza a joué un rôle héroïque dans la résistance contre l’occupation britannique, puis contre l’occupation israélienne. L’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin avait même un jour exprimé son souhait que la mer avale cette ville. Depuis, Gaza a subi de nombreuses destructions, notamment durant les multiples conflits armés déclenchés par l’armée israélienne. La guerre la plus violente fut celle des « Épées de Fer », lancée en réponse à l’opération palestinienne « Déluge d’Al-Aqsa » visant les colonies autour de Gaza, le 7 octobre 2023.

Situation géographique et climat

La ville de Gaza couvre une superficie d’environ 56 km² au nord du secteur de Gaza. Elle se trouve à 78 km au sud-ouest de Jérusalem-Est occupée. Elle est délimitée au nord par le gouvernorat de Gaza-Nord, au sud par le gouvernorat du Centre, à l’est par Israël et à l’ouest par la mer Méditerranée.

  • Climat : Méditerranéen doux avec une influence notable de la mer, mais fortement impacté par les conditions désertiques du Négev voisin.
  • Température moyenne annuelle : 20 °C.
  • Mois le plus froid : février, avec une moyenne de 14,5 °C.
  • Mois le plus chaud : août, avec une moyenne de 25 °C.
  • Précipitations annuelles moyennes : environ 400 millimètres.
  • Taux d’humidité : environ 69 %.

Population

Selon le Bureau central palestinien des statistiques, Gaza est la ville la plus densément peuplée du secteur, avec environ 694 000 habitants en 2024.

Parmi les familles notables résidant à Gaza, on compte les familles Daghmash, Helles, Azzam, Haniyeh, Irhim, Ayoubi, Sawaf, Eskafi, Islim, Afrangi, Ikrim, Abu al-Kass, Abu Qumbaz, Thuraya, Abu Hosira, Abu Shaaban, Abu Shanab, Halou et Khudari, entre autres.

Origine du nom

Au fil de son histoire ancienne, Gaza a porté plusieurs noms :

  • Chez les Cananéens : « Hazati »
  • Chez les Pharaons : « Ghazatu »
  • Chez les Assyriens : « Azati »
  • Chez les Croisés : « Gaderz »
  • Chez les Arabes : « Gaza »

Les historiens divergent quant à la signification du nom « Gaza » : certains l’associent à la force et à la puissance, tandis que d’autres y voient le sens de « la distinguée ». Le lexicographe Yaqut al-Hamawi mentionne dans son dictionnaire que le terme « Ghazza » signifie avoir une préférence ou un privilège sur quelqu’un.

Économie

Gaza est un pôle économique majeur dans le secteur, abritant la majorité des ministères, des services de sécurité, ainsi que de nombreuses usines et entreprises.

  • Agriculture : Blé, orge, olives, raisins, tomates, fraises, citrons, oranges et fleurs.
  • Élevage : Quelques élevages d’ovins et de bétail.
  • Industries artisanales : Savonnerie, poterie, travail du cuir, filature, broderie, textile, confection, fabrication de meubles en bambou et verrerie.
  • Tourisme : Développé le long de la mer Méditerranée, avec hôtels, restaurants, cafés populaires et pêche.
  • Patrimoine : Nombreux sites historiques, notamment des bâtiments islamiques (mosquées, marchés, bains turcs, palais).

Le siège du développement économique a été gravement fragilisé par le blocus israélien imposé depuis 2007, les diverses guerres et destructions quasi totales, notamment des usines, vergers et infrastructures, provoquant un taux élevé de chômage, de pauvreté et un ralentissement économique marqué.

Histoire

Fondée vers 3750 avant J.-C. selon l’historien palestinien Arif al-Arif, Gaza est l’une des plus anciennes villes du monde. Elle a été occupée successivement par les Cananéens — qui auraient pris la ville aux Amorrites — les Pharaons, les Assyriens, les Grecs, les Romains, les Byzantins, jusqu’à l’arrivée de l’islam en 634 ap. J.-C.

La ville fut un pivot commercial pour les Arabes venant de Syrie et d’Égypte. Elle est connue dans la tradition arabe sous le nom « Gaza Hachim », du fait que Hachim ibn Abd Manaf, l’ancêtre du prophète Mahomet, y serait décédé.

Après la conquête musulmane, Gaza fut un centre islamique important avant d’être occupée par les Croisés en 1100. Suite à la bataille de Hattin en 1187, elle revint sous contrôle musulman, puis passa sous domination ottomane au XVIe siècle jusqu’en 1917.

Durant la période du mandat britannique (1917–1948), Gaza fut le théâtre de luttes acharnées opposant ses habitants aux forces sionistes. Après la guerre de 1948, elle devint un refuge pour des milliers de réfugiés palestiniens expulsés de leurs foyers.

Elle resta sous administration égyptienne jusqu’en 1967, date à laquelle Israël occupa à nouveau la ville lors de la Guerre des Six Jours, imposant une présence militaire et construisant des colonies sur ses terres. La population participa activement à la première Intifada en 1987, notamment dans le quartier de Shujaiya, où de violents affrontements firent de nombreuses victimes.

Après les Accords d’Oslo en 1993, Gaza fut en partie remise à l’Autorité palestinienne, mais certaines zones restèrent sous contrôle israélien avec la construction de colonies. La seconde Intifada en 2000 vit Gaza jouer un rôle central dans la résistance.

En 2005, Israël se retira unilatéralement du secteur, mais maintint le blocus terrestre, maritime et aérien. Depuis 2007, Gaza endure un siège strict accompagné de plusieurs guerres qui ont causé des destructions massives et d’importantes pertes humaines.

Conflits récents : la bataille du « Déluge d’Al-Aqsa »

Le 7 octobre 2023, la résistance palestinienne lança l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » contre les colonies du pourtour de Gaza. En réponse, Israël déclencha une offensive militaire majeure :

  • De lourds bombardements aériens qui ont touché civils, hôpitaux, écoles, sites historiques et mosquées.
  • Une incursion terrestre depuis le secteur de Netsarim, où l’armée israélienne a avancé jusqu’à 3 kilomètres à l’intérieur du territoire, établissant une tête de pont stratégique.
  • La ville fut isolée du reste du secteur, soumise à un siège sévère, avec interdiction totale d’entrer en aide humanitaire.
  • Des quartiers furent détruits et des populations déplacées massivement.

Le massacre de l’hôpital Al-Maqdasi, visé le 17 octobre 2023, fit plus de 500 morts principalement des femmes et des enfants cherchant refuge contre les bombardements. En novembre, les forces israéliennes prirent le contrôle du complexe médical Al-Shifa, transformé en base militaire, causant des dizaines de morts et d’arrestations avant un retrait dix jours plus tard.

En mars 2024, une nouvelle incursion militaire entraîna la mort de 200 personnes et la destruction des équipements médicaux. Le 29 février 2024, la place du tour Nablusi fut le théâtre d’un massacre, avec 118 civils tués lors d’une attaque israélienne alors qu’ils attendaient des aides humanitaires. En août 2024, l’attaque d’une école dans le quartier Al-Daraj fit plus de 100 morts lors de la prière de l’aube.

Face à ces agressions, les Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, menèrent de nombreuses opérations contre les forces d’occupation, infligeant de lourdes pertes en hommes et matériels.

Le 9 février 2025, l’armée israélienne acheva son retrait du secteur via la zone de Netsarim, autorisant plusieurs dizaines de milliers de déplacés à regagner leurs foyers.

Quartiers et camps de réfugiés de Gaza

  • Quartier Shujaiya : Principal quartier oriental et clé stratégique du secteur. Il fut le théâtre de nombreuses hostilités et massacres. La colline Al-Mintar, d’une hauteur de 85 mètres, donne à ce quartier une importance militaire majeure.
  • Quartier Al-Tuffah : Situé à l’est et au nord de la vieille colline de Gaza, s’étendant sur 2 843 dunams. Son nom remonte à l’époque ottomane, reflétant la culture des pommiers. Il a résisté à de nombreuses attaques israéliennes.
  • Quartier Rimal : L’un des plus anciens et prospères quartiers, situé sur 5 km² à environ 3 km du centre-ville en bord de mer. Initialement des dunes de sable, il est devenu l’artère commerciale principale. Il fut largement détruit durant la guerre des Épées de Fer.
  • Quartier Sheikh Radwan : Fondé en 1973 par Israël comme zone de relocalisation des réfugiés déplacés, il a produit plusieurs dirigeants de la résistance locale.
  • Quartier Al-Nasr : Construit par l’Égypte dans les années 1950, abritant des centres commerciaux et ministériels, ainsi que la chaîne Al-Aqsa de Hamas.
  • Quartier Al-Zaytoun : Plus grand quartier de la vieille ville, connu pour ses nombreuses plantations d’oliviers, il a résisté à plusieurs tentatives d’assaut israéliennes en 2023.
  • Quartier Al-Daraj : Un des plus anciens quartiers, célèbre pour ses escaliers et son architecture ancienne. Il a subi une destruction systématique poussée par l’occupation.
  • Quartier Al-Sabra : Proche de la rue Al-Thulathini, un lieu vital de la ville.
  • Quartier Tal al-Hawa : Quartier résidentiel huppé du sud-ouest, souvent la cible des attaques israéliennes.
  • Quartier Sheikh Ajlin : Réputé pour sa plage calme et ses cultures de raisin et figue.
  • Camp de réfugiés Al-Shati : Créé en 1949 suite à la Nakba, il accueille aujourd’hui une population très dense ayant grandi dans des conditions difficiles. C’est là qu’est né Ismaïl Haniyeh, ex-chef politique du Hamas.

Monuments et institutions emblématiques

  • Conseil législatif palestinien : Dispose de deux sièges : à Ramallah et Gaza. Son bâtiment de Gaza a été détruit en 2023 durant la guerre des Épées de Fer.
  • Université islamique : Fondation indépendante créée en 1978, placée sous tutelle du ministère palestinien de l’Éducation, avec campus à Rimal et Khan Younès. Elle fut lourdement bombardée en 2023.
  • Université Al-Azhar : Fondée en 1991, elle répond aux besoins éducatifs supérieurs de la population palestinienne.
  • Grande mosquée Omari : Fondée à l’époque du calife Omar ibn al-Khattab, elle est la troisième plus grande mosquée de Palestine après Al-Aqsa et la mosquée Ahmed Pacha al-Jazzar. Ce bâtiment a d’abord été un temple romain, puis une église avant sa conversion en mosquée. Ibn Battuta en fit l’éloge en la qualifiant de « belle mosquée ».
  • Mosquée Sayyid Hashim : Située dans le quartier Al-Daraj, connue pour abriter le tombeau de Hachim ibn Abd Manaf, l’ancêtre du prophète Mahomet. Sa construction remonterait à la fin de l’époque mamelouke vers 1830.
  • Place du soldat inconnu : Située dans le quartier Rimal, elle commémore une combattante palestinienne morte en 1948 et accueille régulièrement diverses manifestations patriotiques.
  • Église orthodoxe grecque : Édifice du début du Ve siècle, situé dans le quartier Al-Zaytoun, rénové en 1856. Elle fut lourdement endommagée par un bombardement israélien en octobre 2023, causant la mort de 18 personnes réfugiées.
  • Complexe médical Al-Shifa : Principal établissement sanitaire du secteur, fondé en 1946, il joue un rôle crucial lors des conflits en accueillant les blessés.
  • Hammam Al-Samra : Exemple remarquable des bains ottomans en Palestine, situé dans le quartier Al-Zaytoun, détruit lors des conflits récents. Il était célèbre pour son dôme vitré coloré et son sol en marbre.

Ouvrages de référence sur Gaza

Plusieurs historiens ont documenté l’histoire de Gaza, s’appuyant sur des ouvrages majeurs tels que :

  • Mu’jam al-Buldan de Yaqut al-Hamawi
  • Futuh al-Sham d’Al-Waqidi
  • Futuh al-Buldan d’Al-Baladhuri
  • Khatat al-Sham de Muhammad Kurd Ali
  • Histoire de la ville de Gaza d’E.M. Meyers

Parmi les ouvrages les plus remarquables :

  • Histoire de Gaza par Arif al-Arif, ancien gouverneur de Gaza, détaillant son historique, sa géographie et ses populations.
  • Tohfet al-A’zza fi Tarikh Ghaza d’Othman al-Tibaa, consacré à l’histoire de Gaza au XXe siècle.
  • Gaza et son secteur de Salim al-Mubaid, qui explore la géographie et la civilisation de Gaza depuis la Préhistoire jusqu’à la Première Guerre mondiale.
  • Gaza : histoire sociale sous le mandat britannique d’Abahir al-Saqqa, qui étudie la société gazaouie sous la domination britannique jusqu’à la Nakba de 1948.
source:https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/6/18/2174

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