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L’Union européenne durcit sa position face à la discrimination chinoise dans le secteur médical
Face aux tensions économiques croissantes avec la Chine, notamment dans plusieurs secteurs stratégiques, l’Union européenne a décidé de renforcer ses mesures de protection de ses marchés publics, en particulier dans le domaine des matériels médicaux. La Commission européenne a annoncé l’exclusion des entreprises chinoises des appels d’offres publics pour des commandes dépassant 5 millions d’euros, une réponse directe aux restrictions et discriminations subies par les fabricants européens en Chine.
Ces mesures concernent une gamme étendue de fournitures, allant des masques et pansements aux machines sophistiquées et robots, représentant un marché total estimé à 150 milliards d’euros dans l’Union. L’objectif est de contraindre la Chine à mettre fin à sa politique de discrimination contre les dispositifs médicaux fabriqués en Europe. Depuis trois ans, les tensions se sont intensifiées entre Bruxelles et Pékin, touchant plusieurs secteurs comme l’automobile électrique, le ferroviaire ou encore l’énergie solaire.
Une réponse législative face à la concurrence déloyale
Les autorités européennes ont mis en place un arsenal législatif pour protéger leurs entreprises face à une concurrence jugée déloyale. En avril 2024, la Commission a lancé une enquête sur les marchés publics chinois liés aux dispositifs médicaux, marquant une étape importante dans la nouvelle démarche européenne pour accéder et concurrencer équitablement sur les marchés étrangers. Selon les données, 95 % des appels d’offres publics en Europe sont ouverts à la compétition mondiale, contre une absence quasi totale d’accès pour les entreprises européennes en Chine.
Après une année de négociations infructueuses, la décision d’exclure les fournisseurs chinois dans ces marchés a été prise. La mesure, qui entrera en vigueur dans dix jours, permettra également de limiter à 50 % la part des composants chinois dans les offres retenues, considérant cette réponse comme proportionnelle face aux obstacles rencontrés en Chine.
Les dérogations et réactions internationales
Pour éviter tout risque de pénurie, la Commission prévoit des dérogations en cas d’absence de solutions alternatives, ce qui rassure sur la potentialité d’un approvisionnement continu. Toutefois, cette décision fait l’objet de critiques, notamment de la part de la diplomatie chinoise, dénonçant un « deux poids, deux mesures » qui chartent un protectionnisme déguisé.
Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Guo Jiakun, a affirmé que cette démarche européenne s’inscrivait dans une tendance vers le protectionnisme, tout en accusant l’UE d’agir de manière déloyale tout en prônant une concurrence loyale. La mesure ne concerne pas les importations hors marchés publics, ce qui permet de maintenir certains flux commerciaux tout en protégeant les intérêts européens dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis et de tensions généralisées.
Les petits hôpitaux, qui réalisent des achats plus modestes, seront épargnés par cette réglementation, une décision qui permet de couvrir 60 % du marché européen des dispositifs médicaux tout en évitant des coûts excessifs pour des structures peu équipées. La lutte contre la discrimination chinoise sur ce secteur stratégique pourrait influencer la dynamique commerciale et diplomatique dans les mois à venir.